"On essaie de faire 50/50, mais c'est pas facile !": le maillot de Griezmann sur le dos, une bière belge à la main, Carole Blondel finit de préparer son bar à Quiévrain à la frontière franco-belge, pour accueillir mardi un panaché de Wallons et de Français, voisins de quelques centaines de mètres.
"Je soutiens les Français, quand même, mais si la Belgique gagne, je serai contente aussi.... mais peut-être un peu moins", concède après réflexion cette Française, originaire de la région proche de Valenciennes (Nord), venue ouvrir son établissement côté belge.
A Quiévrechain, la demi-finale France-Belgique mardi soir réveille une rivalité frontalière disparue. Seul le poste de douanes, transformé en logements, rappelle le temps où les automobilistes étaient contrôlés avant d'entrer dans un sens à Quiévrain (Belgique, 6.700 habitants) et dans l'autre à Quiévrechain (France, 6.400 habitants).
Les allers et venues sont depuis longtemps incessantes: travailleurs transfrontaliers, tabac moins cher et ambiance réputée plus festive chez les Belges. Et en cette veille de match, pavanent des voitures customisées aux couleurs de la Belgique, avec chaussettes sur les rétroviseurs ou cornes des Diables rouges sur le capot, d'autres avec des flammes tricolores sur le toit. Et d'autres encore avec un de chaque nation.
- "Français, supporter belge" -
"Le coeur est français, mais l'amour est belge", résume le franco-belge Laurent Choteau, 45 ans. Nés de parents français en Belgique, ce restaurateur de Quiévrain n'arrive pas encore à se départager. "Je suis vraiment à 51% pour une équipe, 49% pour l'autre équipe. Je dirai après le match laquelle ! mais dans tous les cas, je suis en finale", sourit-il, pris dans une "dualité" inédite. Il a même commandé des T-shirts "allez les Diables, allez les Bleus" pour l'occasion.
Sur la place principale, les cinq bars qui se font face ont sorti le matériel qui s'impose: télés, drapeaux, posters d'Eden Hazard, ancien Lillois, et de De Bruyne. Et pour quelques-uns, des guirlandes tricolores.
Attablé en terrasse, Sacha Ferat, 23 ans, se présente lui comme un "Français supporter belge". "Depuis le début de la compétition, je soutiens les Belges. J'ai laissé la France derrière moi", raconte cet artisan français installé en Belgique.
"On rencontre assez bien de Français par ici, donc forcément, il y a la petite guéguerre qui commence, toute amicale. Je pense que ça va être très très fou (...)", prédit avec une pointe d'accent dans la voix Steve Crevieaux, 41 ans. "Que le meilleur gagne, mais avec une petite pensée peur la Belgique quand même, on ne sait jamais !". Pronostic: 2-1. Pour les Diables rouges, "forcément"."Ça va être le match de cette Coupe du monde", renchérit Sam Quenau, 31 ans, de nationalité belge. "Notre Coupe du monde, elle est faite. On a battu le Brésil. On ne peut être qu'heureux."
AFP