Trois finales perdues, des scandales en pagaille...

Mondial-2018: Argentine, quatre ans de galère

  • Publié le 23 juin 2018 à 12:40
  • Actualisé le 23 juin 2018 à 13:17

Trois finales perdues, des scandales en pagaille, la mort d'un parrain, un départ en retraite avorté... Les difficultés de l'Argentine lors de ce Mondial-2018 sont la conclusion de quatre ans d'errements que ne masque plus le talent de Lionel Messi

• 13 juillet 2014: si près du but... Maudit Mario Götze ! L'Allemand entre en jeu à la fin de la très serrée finale du Mondial brésilien. "Montre au monde que tu es meilleur que Messi", lui glisse son sélectionneur Joachim Löw. Conseil immédiatement suivi d'effet: le jeune Allemand offre à son pays son 4e sacre mondial, et l'Argentine doit s'incliner.

• 30 juillet 2014: mort d'un parrain. L'Argentine n'a pas encore digéré sa déception du Mondial quand décède Julio Grondona, surnommé non sans arrière-pensées "parrain du foot argentin". Président tout puissant de la Fédération argentine (AFA) depuis 1979 jusqu'à sa mort, il est aussi un influent vice-président de la Fifa de Joseph Blatter. Au pays, son décès entraîne une longue période de guerre intestine et d'instabilité à l'AFA.

- Fifagate argentin -

• 28 mai 2015: Fifagate argentin. Le scandale de corruption qui secoue l'instance supranationale a des répercussions en Argentine: la justice américaine, à la manoeuvre, demande l'extradition de trois hommes d'affaires argentins, dont Alejandro Burzaco, PDG de la société de marketing sportif Torneos y Competencias et proche de Grondona. Il expliquera plus tard que sa société a participé au paiement de millions de dollars de pots-de-vin aux responsables de la confédération sud-américaine de football, la Conmebol.

• 5 juillet 2015: encore raté... 0-0, 4 t.a.b. à 1: le Chili de Jorge Sampaoli remporte la première Copa America de son histoire au détriment de l'Argentine. La finale a été serrée, indécise, mais bascule dans le mauvais sens pour les Argentins. Messi a réussi son tir au but, mais pas Gonzalo Higuain ni Ever Banega et ce sont Alexis Sanchez et consorts qui repartent avec la Coupe.

• 23 juin 2016: mis en examen. Le président de l'AFA Louis Segura, six autres dirigeants de la Fédération et trois chefs du gouvernement argentin sont mis en examen dans le cadre d'une enquête sur l'attribution des droits de retransmission de matchs de football. La justice soupçonne des détournements de fonds au sein d'un programme de gestion des droits TV, Football pour tous, qui dépend du gouvernement argentin.

• 24 juin 2016: "quel désastre, l'AFA, mon dieu !" Lionel Messi, habituellement si policé, tacle à la gorge sa Fédération sur son compte Instagram. Le même jour, l'AFA a été placée sour la tutelle de la Fifa avec pour objectif de "réviser ses statuts afin de les conformer aux standards de la Fifa et d'organiser des élections d'ici au 30 juin 2017". Messi prend position: "Il est temps que les choses changent (...) J'aimerais que l'AFA sache ce dont la sélection argentine, qui est l'une des meilleures au monde, a besoin".

- Quand Messi a dit stop -

• 26 juin 2016: reviens, Leo ! "La sélection, c'est fini pour moi, c'est la quatrième finale que je perds, la troisième de suite". Une petite phrase qui plonge tout un pays dans l'effroi. Effondré par une nouvelle défaite en finale, cette fois en Copa America du Centenario mais encore contre le Chili (0-0, 4 tab 2), Messi, qui vient de rater son tir au but, annonce sa retraite internationale.

• 5 juillet 2016: Martino jette l'éponge. Tata quitte ses fonctions de sélectionneur de l'Argentine, fatigué de "l'incertitude concernant la nomination de nouveaux responsables à la tête de la Fédération et de graves difficultés" pour composer l'équipe qui doit disputer les Jeux olympiques un mois plus tard. Son bilan: 19 victoires en 29 matchs, pour trois défaites et 7 nuls.

• 13 août 2016: Messi "se queda". "Beaucoup de choses ont traversé mon esprit le soir de la finale et j'ai sérieusement envisagé de partir, mais mon amour pour mon pays et ce maillot sont trop forts", annonce la Pulga dans un communiqué. L'Argentine respire, Messi revient pour préparer le Mondial russe... Mais l'autre idole, Diego Maradona, fustige son compatriote qui a "parlé trop vite" et a "fait pleurer plein de gamins" en Argentine.

• 17 août 2016: criblée de dettes. La Fédération reconnaît un trou de 33 millions de dollars par l'intermédiaire du président de son comité de normalisation Armando Perez, désigné un mois plus tôt par la Fifa pour remettre l'AFA sur les rails. "Nous devons assainir l'AFA. Nous sommes au coeur du problème, nous gérons mal. L'argent est dilapidé", observe-t-il.

• 29 mars 2017: fumée blanche. Orpheline de son parrain Grandona depuis un peu moins de trois ans, l'AFA s'est enfin trouvé un patron... sous le contrôle très étroit de la Fifa et du pouvoir argentin. Est donc intronisé Claudio Tapia, âgé de 49 ans et président de Barracas Central, modeste club de 3e division argentine. Ses vice-présidents Daniel Angelici, entrepreneur à la tête de Boca Juniors, et Hugo Moyano, ex-patron du puissant syndicat des routiers argentins à la tête d'Independiente, sont des très proches du président Mauricio Macri.

- Sampaoli prend les commandes -

• 28 avril 2017: entre ici, Sampaoli. Bourreau de l'Albiceleste en 2015 avec le Chili, Sampa est appelé au chevet d'une sélection qui peine à se qualifier pour la Coupe du Monde 2018. Preuve de l'urgence, la Fédération doit négocier avec le club du technicien argentin, Séville, pour pouvoir s'attacher ses services. Sampaoli remplace Edgardo Bauza, limogé le 10 avril faute de résultats satisfaisants en qualifications du Mondial.

• 10 octobre 2017: merci Messi. Un triplé salvateur de Messi envoie l'Argentine au Mondial. Ouf ! L'Albiceleste, menée dès la première minute par l'Equateur, a souffert jusqu'au bout pour se qualifier pour cette Coupe du Monde, mais a pu compter en dernier recours sur sa Pulga, trois fois buteur à Quito. Les Argentins peuvent continuer à rêver.

• 15 novembre 2017: un mort à Buenos Aires. Mis en cause par Alejandro Burzaco dans le procès de corruption au sein de la Fifa, qui se tient à New-York, Jorge Delhon, qui a travaillé au sein du programme "football pour tous", se suicide en se jetant sous un train dans la banlieue de la capitale argentine.

• 27 mars 2018: alerte Roja. L'Argentine s'est mitonné un amical contre l'Espagne, histoire de savoir où elle en est. Le verdict est sans appel: 6-1, correction terrible infligée aux hommes de Sampaoli. Mais l'opinion argentine se rassure en disant que Messi n'était pas sur la pelouse.

• 6 juin 2018: polémique à Jérusalem. Des matchs amicaux pour travailler les automatismes ? Que Sampaoli n'y compte pas... Avant la Coupe du Monde, son équipe n'aura disputé qu'un match amical, contre les sans grades d'Haïti, puisque l'Argentine se paie le luxe d'une polémique internationale après avoir programmé un amical contre Israël à Jérusalem. Les Palestiniens dénoncent une opération politique aux dépens de leurs revendications sur Jérusalem-Est, et l'AFA finit par annuler la rencontre. "J'espère que ce sera perçu comme une contribution à la paix mondiale", déclare Claudio Tapia.

• 11 juin 2018: agression sexuelle démentie. "Chaque jour apporte son lot de nouvelles préjudiciables à la sélection", se lamente Claudi Tapia. Le dirigeant est contraint de démentir des rumeurs selon lesquelles Jorge Sampaoli s'est rendu coupable d'agressions sexuelles à l'encontre d'une cuisinière au centre d'entraînement de l'Albiceleste en Argentine. "Ce sont des mensonges", affirme Tapia à quelques jours du premier match du Mondial.

• 21 juin 2018: parfum de déroute. Défaite 3-0 face à une Croatie bien plus cohérente, l'Argentine est au bord de l'élimination après avoir déjà fait match nul, 1-1, en ouverture contre l'Islande, bizuth en Coupe du Monde. "Ridicule", dit Olé, "jour le plus sombre de l'histoire du football argentin", estime China News Services. "Au fond de l'abîme", conclut Mundo Departivo, avec une photo de Sampaoli la tête dans les mains...

- © 2018 AFP

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