Marco Reus a connu le côté obscur du football. A 29 ans, ce talent pur ne compte que... 32 sélections, la faute aux blessures qui ont haché sa carrière. Mais samedi soir, des millions de supporters allemands espèrent le voir titulaire contre la Suède lors du Mondial-2018, pour le match décisif de la Mannschaft.
"C'est bien qu'il revienne en sélection après une longue absence", dit son sélectionneur Joachim Löw. "C'est un joueur qui a des qualités exceptionnelles, il est incroyablement doué, intelligent et surprenant pour l'adversaire. C'est une fusée". En l'absence du feu-follet de Manchester City Leroy Sané, non retenu dans la liste des 23, l'attaquant de Dortmund est l'Allemand le plus à même de dynamiter une défense regroupée, par une inspiration soudaine. Il n'a pourtant participé qu'à un seul grand tournoi, l'Euro-2012, où il participa à deux matches.
En 2014, il avait déjà son billet d'avion pour le Brésil lorsqu'il s'est grièvement blessé lors du dernier match de préparation contre l'Arménie. Le soir de la victoire, lorsque son ami Mario Götze a déployé un maillot à son nom pendant les célébrations au stade de Maracana, Reus ne l'a même pas vu. Il avait éteint sa télé. "Je dois avouer que suis parti assez vite au lit", raconte-t-il.
- ... en sacrifiant Özil -
En 2016, il a également raté l'Euro en France, en raison d'une douleur persistante aux adducteurs. Et s'il arrive relativement frais au mondial, c'est parce qu'il a été privé de compétition jusqu'en février par une rupture des ligaments croisés survenue lors de la finale de la Coupe d'Allemagne en mai 2017, gagnée avec Dortmund. Cette fois, il tient enfin sa chance. Dans son plan initial, Löw lui réservait un rôle bien particulier de joker "explosif", chargé de faire sauter les verrous adverses en fin de match en cas de besoin.
"Marco peut apporter beaucoup à des moments spécifiques et avoir un rôle essentiel si nous allons loin dans ce tournoi", disait le sélectionneur avant de quitter l'Allemagne. Mais depuis le match catastrophique de la Mannschaft contre le Mexique (0-1), de plus en plus de voix s'élèvent pour demander d'urgence sa titularisation, à gauche ou au centre d'un milieu offensif recomposé d'où serait banni soit Julian Draxler, soit Mesut Özil, devenu le bouc émissaire de la défaite et fustigé par la majorité des consultants allemands. "Reus doit rentrer, c'est indiscutable, en sacrifiant Özil", assène ainsi l'ancien international Stefan Effenberg: "Ca donnerait plus de rythme et de créativité".
- Côté lumineux -
"Oui, j'entends ce que disent les experts", répond d'une voix fluette le joueur aux savants tatouages, toujours intimidé devant les micros, "mais ça ne dépend pas de moi. L'entraîneur connaît mes capacités, je donne le meilleur de moi-même à l'entraînement et je suis à la disposition de l'équipe. J'espère jouer".
Auteur d'une saison convaincante avec Dortmund, il a marqué des points dimanche dernier contre les Aztèques, même s'il n'a pas réussi à changer le cours du match: entré en jeu à la 60e minute pour sa toute première apparition en Coupe du monde, il a été un accélérateur du jeu, et a généralement partagé avec Manuel Neuer la meilleure note dans les appréciations des médias de son pays.
L'encadrement de la Mannschaft n'a rien dévoilé de la composition prévue samedi, mais le manager général Oliver Bierhoff, proche de Löw, a affirmé qu'il y aurait "une impulsion". Beaucoup en ont conclu que l'heure est venue pour Reus de retrouver la lumière.
- © 2018 AFP