Ce 8e de finale contre l'Argentine (4-3), "il ne fallait pas le rater, et on l'a pas raté", s'est félicité Didier Deschamps, sélectionneur d'une équipe de France jeune mais "qui a du caractère" et qui "a mis de la folie".
Q: C'est une émotion particulière, ce match ?
R: "Oui bien sûr, j'en ai connu en tant que joueur, mais je fais ce métier d'entraîneur, de sélectionneur pour vivre des moments de joie, de bonheur. C'était une grande affiche, un stade gonflé à bloc, une belle équipe d'Argentine, très expérimentée. Nous, nous avons une équipe beaucoup plus jeune, mais elle est là, elle répond, elle a du caractère. Ca n'a pas été simple: on a eu le bonheur de mener, puis on s'est fait égaliser, mais on n'a rien lâché. On a une mentalité excellente, on a tout fait pour passer cette étape. En tant que responsable, surtout quand ça ne va pas bien, j'ai beaucoup de fierté, et je suis heureux pour eux: ça fait des mois qu'on se prépare pour jouer des matches comme ça. Là il était devant nous, il ne fallait pas le rater, et on l'a pas raté".
Q: Comment jugez-vous le match de l'Argentine et de Lionel Messi ?
R: "(Le sélectionneur Jorge) Sampaoli, par rapport à ce qu'on avait fait, a laissé plus de liberté à Messi, qui décrochait dans le dos de nos milieux. On s'est adapté, on avait Kanté très proche. Il fallait éviter qu'il reçoive les passes, on l'a plutôt bien fait, et quand il avait la possession du ballon, qu'il ait un deuxième joueur sur lui. Cela ne l'a pas empêché d'être décisif, il faut toujours être vigilant".
Q: Peut-on comparer le Brésilien Ronaldo et Kylian Mbappé?
R: "Ce ne sont pas du tout les mêmes joueurs. Ronaldo était un attaquant axial capable de fulgurances balle au pied. Kylian va très vite, va plus vite, mais il a besoin de plus d'espaces, même s'il peut jouer attaquant: il est dangereux quand il est en position axiale. On parle d'un champion du monde par rapport à un jeune joueur pétri de qualités mais qui n'a que 19 ans. Il va progresser encore, mais je suis déjà très content de lui. Dans un match comme ça, aussi important, il a montré tout son talent. Et même s'il a dû défendre, ça ne l'a pas empêché d'attaquer, et de très bien attaquer".
Q: Pourquoi avez-vous autant laissé le ballon aux Argentins?
R: "Ce n'était pas délibéré. Plus on a le ballon et plus on les oblige à défendre, et mieux c'est parce que ce n'est pas là qu'ils sont les meilleurs. Ils ont eu une possession plutôt stérile, ils se passaient le ballon entre défenseurs. La pire des choses c'est d'aller chercher pour laisser l'ouverture dans l'axe pour Messi, Mascherano, Banega. Leur relation est systématique, si on veut que Messi ait moins d'influence, c'était important de bloquer ces deux joueurs-là".
Q: Avez-vous appris des choses sur votre équipe?
R: "L'équipe a démontré sur le terrain. Par périodes on a fait de très bonnes choses, d'autres moins bien. Notre compteur de sélections est faible, ce qui n'empêche pas la qualité, mais il faut de la patience, même s'il n'y en a pas au haut niveau, tout au plus de l'indulgence. En face il y avait beaucoup d'expérience, on a été capables de gérer relativement bien les différentes situations, même si on aurait pu éviter de se faire peur à la fin. On a mis de la folie, il y a de ça dans cette équipe, et on a besoin de ça".
Q: Vous avez encaissé trois buts...
R: "On n'est pas cher payé en première mi-temps, on a mené et on a eu des occasions pour mettre le deuxième but. L'Argentine marque, ce n'est pas une occasion: on laisse Di Maria frapper, on met du temps à sortir, et il a cette frappe fabuleuse. On prend un petit coup sur la tête. On en reprend un à peine on reprend en deuxième mi-temps, mais on n'a pas renoncé pour autant. On aurait pu se mettre à l'abri, on a eu d'autres occasions - je dis ça alors qu'on a marqué quatre buts, alors que c'est l'Argentine en face, hein... Si on avait été plus efficace, ç'aurait pu être beaucoup plus lourd".
Propos recueillis en conférence de presse
AFP