Tribune libre d'Aujourd'hui les Citoyennes

8 mars : "Ancrées par nos rasinn, nous fleurirons partout où nous seront semées"

  • Publié le 8 mars 2024 à 11:07
  • Actualisé le 8 mars 2024 à 11:14
Aujourd'hui les citoyennes

Ce manifeste a été rédigé entre janvier et février 2024 par les membres de la troisième promotion de l’association Aujourd’hui Les Citoyennes, la promotion “Rasinn”. Il a pour but de relayer les voeux et aspirations d’une génération de jeunes femmes, qui, suivant les pas de ses aînées, se bat pour que l’égalité ne soit plus qu’un objectif parmi d’autres mais se matérialise concrètement dans toutes les sphères de la société réunionnaise (Photo Aujourd'hui les Citoyennes

Fondée en 2022, et forte d'une équipe de +10 bénévoles, Aujourd'hui Les Citoyennes est une association féministe, politique et apartisane visant à encourager l'engagement des jeunes femmes à La Réunion et dans l'Océan Indien, notamment au travers de formations théoriques et pratiques. Notre action a notamment permis d'aboutir à la rédaction d'une charte pour une meilleure représentation des femmes à La Réunion, signée par une diversité d'acteurs publics dont une commune, le 8 mars 2023.

Imaginez :

• Un monde dans lequel un homme meurt tous les 3 jours en raison de son genre tué par une partenaire ;
• Un monde dans lequel les hommes ont peur de se faire agresser dans la rue et ne peuvent pas sortir sans la peur de se faire harceler ;
• Un monde dans lequel la charge du foyer repose principalement sur les hommes et ce, sans qu’ils soient payés ;
• Un monde dans lequel les hommes restent sensiblement moins payés alors qu’ils sont tout autant qualifiés ;
• Un monde dans lequel le corps des hommes serait systématiquement scruté, jugé, contrôlé et soumis aux des injonctions contradictoires ;
• Un monde dans lequel l’histoire des hommes est toujours mise au second plan ;
• Un monde dans lequel les problèmes de santé des hommes ne sont pas pris au sérieux, et leur gravité minimisé et remise en question ;

C’est le monde dans lequel, nous, femmes, nous vivons. Et pourtant, chacune de nous, femmes, nous disons :

Je ne veux pas avoir peur dans mon foyer

Je ne veux pas qu’on me dise comment m’habiller

Je ne veux pas être sexualisée

Je ne veux pas être exotisée

Je ne veux pas de ton avis sur ma sexualité

Je ne veux pas de ton avis sur mes choix de maternité

Je ne veux pas subir d'attouchements de la part de mon éducateur, de mon professeur, de mon entraîneur, de mon animateur

Je ne veux pas subir de violences de la part de mes camarades et de mes collègues

Je ne veux pas que mon handicap m’expose plus encore à des violences sexistes et sexuelles

La confiance en moi détruite,

Je la rebâtie en m’aimant, en priorisant mes émotions et en m’entourant de mes sœurs.

Nous n’attendons pas qu’on nous donne notre place, nous la prenons. Nous revendiquons fièrement nos féminités plurielles.

Nou met ansanm tout bann fanm, dopi sat i pran enkor tété ziska la mémé, sat i habite La Plaine kom sat i habite dann kartié, sat i roul en fauteuil kom sat i mars su do pié, sat lé dann la zoi, sat lé dann lo malizé... Fanm tout koulèr nout met anlèr.

Nou pran Rasinn ter la Mé pou toute nout famsèr nou rouv la vwa

Parey inn papang, nout feuillaz i vavang

Shakinn na son batay

Nou toute na le mem komba Prann nout libèrté

Giny nout égalité

Viv nout sororité

Alors maintenant imaginons :

• Une nouvelle école où l’éducation féministe pose les bases du respect entre les filles et les garçons ;
• Un récit qui replace les femmes dans notre histoire locale commune ;
• Un modèle familial où la solidarité remplacerait l’autorité, où chacun.e se sentirait en sécurité ;
• Un monde du travail adapté aux aspirations de chacun.e qu’elles soient familiales, privées ou engagées ;
• Une société où le travail domestique serait partagé par tou.tes et valorisé comme il se doit ;
• Une société où la charge émotionnelle du quotidien ne serait plus portée que par les
femmes ;
• Un système de santé qui prendrait en compte la parole des femmes et investirait suffisamment pour les soigner ;
• Un monde où chacun.e pourrait se réaliser et s’émanciper au-delà des rôles qui leur sont assignés.

Mais nous ne voulons plus seulement imaginer. Nous voulons passer à l’action. Ce monde dont nous rêvons est réalisable maintenant.

Ce sont nos voix de jeunes réunionnaises que nous partageons ici. C’est une parole réunionnaise féministe que nous lançons à nos soeurs réunionnaises et à nos soeurs de l’Océan Indien.

Ancrées par nos rasinn, nous fleurirons partout où nous seront semées.

La promotion Rasinn, dont Chloé Baillif, Elsa Basquaise, Aurore Cazanove, Marie-Lyne Grandclément, Audrey Hoarau, Mathilde Lebon, Lamia Mounavaraly, Céline Ngongang, Joyce Noumedor, Meyeti Payet, Gwenaëlle Ravaton

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1 Commentaires
Lucile
Lucile
1 an

❤️❤️❤️❤️