Tribune libre de la CGPER

Agriculture réunionnaise: filières en crise, installations bloquées, choix politiques attendus

  • Publié le 30 décembre 2025 à 19:06
  • Actualisé le 30 décembre 2025 à 19:21
Jean Michel MOUTAMA

En 2025, la CGPER célèbre ses 50 ans d’existence. Cet anniversaire est avant tout l’occasion de remercier les 1 860 agricultrices et agriculteurs réunionnais qui ont accordé leur confiance à la CGPER lors des dernières élections à la Chambre d’agriculture.Ils représentent près de 33% des agriculteurs de La Réunion, faisant de la CGPER, à elle seule, la première force agricole de notre territoire. Ce résultat exprime une attente forte : celle d’une agriculture locale défendue, cohérente et respectée. (Photo Jean Michel MOUTAMA photo Sly imazpress)

Cinquante ans après sa création, la CGPER reste fidèle à sa mission : porter la voix de toutes les filier̀es agricoles réunionnaises, dans un contexte de crises multiples et durables.

L’agriculture réunionnaise traverse une période particulièrement difficile. Les crises climatiques fragilisent les exploitations. Les crises sanitaires désorganisent certaines productions. Les tensions économiques s’aggravent avec la hausse des charges, la concurrence de produits importés et le manque de visibilité pour les agriculteurs comme pour les futurs installés.

Dans ce contexte, la canne à sucre conserve un rôle structurant majeur. Elle façonne les territoires, protège les sols et reste une garantie sûre pour les banques lors des demandes de financement des agriculteurs. Elle joue également un role environnemental essentiel par sa capacité à capter le carbone.

La CGPER le dit clairement : si l’on taxe les activités polluantes, alors il faut aussi rémunérer ceux qui dépolluent. Les planteurs de canne rendent un service environnemental réel et utile à l’ensemble de la société. Ce rôle doit etre reconnu et payé par l’Etat et l’Europe.

Mais l’agriculture réunionnaise ne se résumé pas à la canne. Les filières d’élevage, notamment volailles et porcins, traversent aujourd’hui une crise grave. Les nouvelles installations sont bloquées en raison de la saturation des capacités de gestion des déchets d’abattage, problème connu mais toujours non résolu.

Pendant que des projets d’élevage sont à l’arrêt , les importations de volailles et de porc continuent. Pendant que des jeunes agriculteurs attendent de pouvoir s’installer,on laisse entrer sur le territoire des produits importés issus de systèmes ne respectant pas les mêmes normes sanitaires, sociales et environnementales.

Il y a là une incohérence majeure des politiques publiques. La responsabilité de l’Et́at est directement engagée. On ne peut pas parler de souveraineté alimentaire tout en bloquant les filières locales par manque d’anticipation et d’investissements dans les infrastructures indispensables.

Depuis 50 ans, la CGPER défend une agriculture réunionnaise diversifiée , équilibrée et cohérente. Il n’y aura pas d’avenir sans reconnaissance du rôle environnemental des agriculteurs, sans levée des blocages administratifs et sans une véritable politique d’installation des jeunes.

En cette année anniversaire, la CGPER souhaite que des réponses concrètes soient enfin apporteés aux différentes problématiques qui fragilisent nos filières agricoles. Les constats sont connus, les attentes sont claires et les agriculteurs ne peuvent plus se contenter de promesses.

Malgré les difficultés, la CGPER reste convaincue que l’agriculture reúnionnaise a un avenir, si elle est soutenue à la hauteur de son rôle économique, social et environnemental.

À l’aube de 2026, la CGPER adresse à l’ensemble des agricultrices et agriculteurs de La Reú nion ses vœux de courage, de solidarité et d’espoir, avec la conviction que cette nouvelle année doit être celle des décisions, des réponses concrètes et du respect du travail de celles et ceux qui nourrissent notre territoire.

MOUTAMA Jean Michel Président de la CGPER

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