Tribune libre de Perceval Gaillard

Le député veut mettre en place une sécurité sociale du funéraire

  • Publié le 30 octobre 2025 à 09:13
  • Actualisé le 30 octobre 2025 à 11:42
Perceval Gaillard

La mort représente le risque social le plus répandu et le plus universel. Pourtant, ses conséquences matérielles demeurent largement abandonnées à la loi du marché : selon la mutuelle prévoyance de La Réunion le coût moyen des obsèques s'élève à 4.500 euros dans notre île. Et ce, quels que soient les revenus de la personne décédée. Ainsi, le cimetière matérialise et aggrave les inégalités sociales. En France, le chagrin est un commerce lucratif (Photo : rb/www.imazpress.com)

A La Réunion, du fait de notre réalité socio-économique, beaucoup de familles se retrouvent en difficulté pour assurer des obsèques dignes à leurs proches. Soit les gens souscrivent une mutuelle décès quand ils le peuvent, soit leurs ayant-droits doivent supporter une charge financière souvent impossible à assumer.

C'est une situation inacceptable. En effet les opérations funéraires n’ont pas les caractéristiques normales d’un marché. Les clients y sont captifs, obligés de se décider en un temps extrêmement comprimé, saisis dans un moment de détresse absolue.

Pour rompre cette situation particulièrement injuste, cette proposition de loi instaure une Sécurité sociale funéraire. Nouveau régime obligatoire de base, il prélèvera une cotisation du montant réduit de 0,3 %, suffisant à assurer le prix moyen des frais funéraires et d’obsèques auprès des opérateurs conventionnés.

Bien entendu, cette assurance de base n’empêche pas d’investir au‑delà, selon ses moyens dans diverses prestations ou demandes, selon les vœux et les croyances de chacun. Elle n’impose pas aux opérateurs de demander à être conventionnés, mais leur impose de basculer en non‑lucrativité dans un temps raisonnable. Ainsi, elle garantit une dignité universelle en partage et affranchit notre décès du régime de la plus‑value.

Renouant avec l’esprit de 1945 en son quatre‑vingtième anniversaire, cette branche de Sécurité sociale est constituée de caisses primaires et nationale soumises à l’élection des assurés, assurant l’expression des besoins sociaux constitués. Libres de conventionner et déconventionner les opérateurs en fonction des attentes, libres de choisir l’assiette des prestations disponible (de la préparation du défunt à la cérémonie, des accessoires au personnel requis), ces caisses primaires assureront un véritable pilotage démocratique des adieux.

Perceval Gaillard
Député LFI de La Réunion

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