Les personnels de l’Éducation nationale à La Réunion dénoncent une série de propos et de décisions qu’ils jugent méprisants, dévalorisants et contraires aux principes d’égalité et de respect qui devraient régir le service public (Photo : rb/www.imazpress.com)
Depuis plusieurs mois, les personnels de l’Éducation nationale à La Réunion sont confrontés à une accumulation de remarques et de décisions qui relèvent d’un mépris inexplicable et profondément choquant. Lorsque des intervenants institutionnels se permettent de qualifier nos pratiques de « exotiques », ce n’est pas seulement une maladresse : c’est une insulte.
Une manière de signifier que notre engagement, nos compétences, nos méthodes et le sérieux de notre travail seraient suspects, marginaux ou infériorisés. Cette rhétorique coloniale à peine déguisée n’a pas sa place dans un service public de la République.
Le mépris se manifeste également dans les choix nationaux. La suppression du créole de l’agrégation de langues régionales — alors même qu’il s’agit de la langue régionale la plus parlée du pays — est une décision incompréhensible et méprisante.
Elle nie une culture vivante, un patrimoine linguistique riche, et le travail de générations d’enseignants qui se battent pour que ces savoirs ne disparaissent pas. Comment parler de respect ou d’égalité de traitement
quand la langue du territoire est écartée sans justification sérieuse ?
À cela s’ajoutent des remarques d’une légèreté affligeante : des responsables qui ironisent sur l’absence de « vraies plages » dans certaines zones de l’île, ou qui se permettent de juger l’adéquation entre nos revenus et nos missions. Ces propos, indignes de leurs fonctions, illustrent une méconnaissance abyssale de notre professionnalisme et de nos conditions de travail. Quiconque se permet ce type de jugement oublie manifestement que les personnels de
La Réunion assurent une mission essentielle au service des élèves.
Plus profondément, un malaise grandit. Nous pensions — avec une naïveté qui force aujourd’hui l’amertume — appartenir à une académie régie par les mêmes règles nationales que les autres : des postes attribués selon des qualifications clairement définies, des diplômes requis, des procédures transparentes.
Or, le sentiment s’installe que certains parcours s’écartent des cadres habituels, au point que circulent des interrogations légitimes sur d’éventuelles passerelles ou pratiques dérogatoires.
Nous ne prétendons pas valider ces rumeurs, mais nous constatons ceci : si elles trouvent un écho, c’est parce que la confiance est entamée. Parce que la transparence n’est plus là. Parce qu’un fossé s’est creusé entre les décisions prises et le terrain qui les subit.
Assez.
Assez de condescendance.
Assez d’opacité.
Assez de discours humiliants travestis en expertise.
Les personnels de l’académie de La Réunion exigent ce qui devrait aller de soi : le respect dû à tout professionnel, et la fin de ces attitudes dévalorisantes qui fragilisent notre institution et méprisent ceux qui la font vivre au quotidien.
