Comment interpréter la "comparaison indécente" soutenue par la députée européenne Nathalie Loiseau, après les propos du comédien Français d'origine sénégalaise Omar Sy, qui s'étonne "que les gens se sentent plus touchés par la guerre en Ukraine que par les conflits qui se déroulent en Afrique" ?
En réponse à cette opinion de M. Sy, qui n'est pas dénuée de sens, l'ancienne Ministre soutien qu'il y a "58 militaires français qui sont morts au Sahel en luttant contre les djihadistes", et que "certains ont donné leur vie pour que les Maliens cessent d’être menacés par des terroristes."
D'abord, rappelons à Mme Loiseau, que la mission Française de lutte contre les djihadistes au Mali s'est soldée par un "échec patent", malgré le déploiement d'un contingent de 5 000 militaires pendant plus de 8 ans, qui a quitté le Mali dans les conditions que l'on sait.
Rappelons aussi à cette "brave dame" connue pour ses déclarations sujettes à caution, que le Mali et ses habitants sont toujours menacés par les mêmes terroristes, qui tuent dans le pays.
Le propos de Mme Loiseau est indécent en ce qu'il introduit un "comparatif douteux", entre les 58 soldats morts au Mali, dont nous déplorons évidemment la perte, et les "200 000 tirailleurs sénégalais" enrôlés parfois de force, souvent sans pension, pour défendre la France pendant la première guerre mondiale (1914-1918), et libérer notre Pays de l'occupation nazie lors de la seconde guerre mondiale (1939-1945).
Environ 80 000 de ces soldats de "l'empire colonial français", que Jean Jaurès appelait "armée nouvelle", sont morts sur le champ de bataille.
L'ancienne directrice de l'ENA(1) qui forme les futurs cadres supérieurs et dirigeants de l’État, n'a pas l'excuse du profane pour ignorer que son propos est inapproprié, anti-pédagogique, et résonne comme un "appel d'air" qui fait le lit des extrêmes.
Cette diplomate de carrière rendrait mieux service à la France en faisant de la "pédagogie historique" sur ces périodes sensibles de l'histoire, plutôt que nourrir des polémiques stériles qui tendent à diviser nos compatriotes.
Le Collectif des Outre-mer dénonce l'étrange posture de Mme Loiseau, et une idéologie de "police de la parole et de la pensée qui défie le sens commun", et se développe de plus en plus dans notre pays à la faveur des réseaux sociaux.