Monsieur le secrétaire d'État, vous êtes en visite officielle à l'île de la Réunion, et nous nous étonnons de n'avoir obtenu aucune réponse à une demande d'entretien, formulée auprès de la préfecture. Depuis 2011, 25 attaques sont survenues sur notre petit territoire causant la mort de 9 personnes et la mutilation effroyable de 5 autres.
Face à un problème sous-estimé à son commencement, l’État a pris pour mesure, le 26 juillet 2013, une interdiction " provisoire " des activités nautiques utilisant la force des vagues ainsi que de la baignade, sur l’ensemble de l’île. Seul le lagon, à la dimension et à la profondeur dérisoire, reste disponible, avec un risque de catastrophe écologique, du fait de la surcharge humaine de cet espace fragile.
Cette interdiction " provisoire " a été renouvelée 8 fois depuis 5 ans, et sans aucune perspective d’abrogation. En réaction à cette crise grave, la volonté affichée par les plans " d’urgence " de 2013, de 2015 et de 2018 demeure totalement inadaptée justement à " l’urgence " et à la gravité de ce
phénomène. Ces plans se succèdent en des termes identiques, et notre situation n’aura fait qu’empirer : 2 des 5 morts occasionnés par les requins sur la planète entière pour 2017 sont des Réunionnais.
Nous vous demandons de passer à la vitesse supérieure, car le pourrissement évident d’une crise qui perdure depuis plus de 7 ans maintenant, et cette interdiction inique, ne nous laisse augurer aucune amélioration décisive pour notre avenir. Des pistes non explorées sont proposées depuis des années par les acteurs du terrain : réoccupation raisonnée de la zone balnéaire par la pêche traditionnelle, et retour à la commercialisation (sous condition) de la chair des requins côtiers.
Malgré les promesses des autorités locales, ces évolutions restent refusées par le pouvoir central. Nous vous implorons de ne plus simplement continuer de dépenser des millions d’euros à " jouer au requin ", mais de mettre réellement tout en oeuvre pour sortir définitivement l’île de la Réunion de cette ornière.
Vous n’êtes pas sans savoir qu’on estime à 35 millions le nombre de touristes qui déferlent sur les côtes françaises chaque année, apportant 50 milliards d’euros de valeur ajoutée. Avec juste deux mois de saison, cette manne économique providentielle permet de faire vivre l’ensemble du littoral métropolitain pour presque toute une année.
À l’île de la Réunion nous n’avons même pas un mois, un jour, une heure, et cela alors même que nous avons un territoire fantastique bénéficiant de conditions exceptionnelles pour la pratique des activités nautiques, avec un climat tropical permettant de fonctionner en toutes
saisons. Notre zone balnéaire est transformée en cimetière, et l’image et la réputation de notre île est détruite.
Notre île a suffisamment de difficultés économiques et sociales, elle n’a vraiment pas besoin d’une crise requin en plus. Nous ne demandons rien de plus que l’égalité avec l’ensemble des autres régions littorales métropolitaines, qui elles connaissent un essor économique majeur grâce au développement des activités nautiques.
Ne laissez pas cette situation qui perdure prendre l’allure d’un mépris de la France envers notre territoire, envers notre dignité. Ne nous privez plus de l’accès libre et serein à notre environnement.
Association Océan Prévention Réunion (OPR), Association Elio Canestri, Association Protégeons Nos Enfants (PNE), Association Vérité et Responsabilités sur les attaques de Requins (VRR) Association Sécurisation Prevention Ocean Tansalé (SPOT), Association Planète Bleue Saint-Benoît (PBSB), Association Sports Industries Réunion (ASIR), Collectif Citoyen Handicap, Collectif des familles et proches des victimes de la crise requin, Collectif Humanisme Océan Indien (CHOI)
