Tribune libre d'Yvette Duchemann

Nout Fèt Kaf

  • Publié le 19 décembre 2020 à 18:21
Yvette Duchemann

Nous l'avons nommée ainsi depuis très longtemps. Et il ne peut y avoir de " fête de la liberté ". " De fête métisse ". La Fèt Kaf. Cette fête célébrée par nous tous ici. Certains encore nombreux, ont souffert pour faire perdurer pour nous cette journée symbolique. Nous n'allons pas la débaptiser pour la lisser, lisser l'Histoire. Lisser notre Histoire.

Ainsi, malgré les coups de matraque, malgré les arrestations, malgré l’ordonnance Debré, malgré, malgré, malgré toutes sortes d'oppressions, ils nous ont fait cadeau de notre 20 desanm.

Femmes (et j’ai une pensée pour Rose May Lacpatia, femme engagée, Brigitte Croisier, toutes deux parties trop vite), et hommes connus, inconnus. Nous ne les connaissons pas toutes et tous. Des gens simples et humbles que nous pouvons dénigrer tout simplement parce qu’ils ne cherchent pas à être des vedettes. Des signifiants de grand talent qui ont choisi de guider, de nous accompagner, de nous apprendre qui nous sommes et ce que nous pouvons faire.

Sommes nous assez ingrats pour les oublier ou les ignorer ? Pire encore : les insulter ? Parfois même les considérer comme has been, ou agressifs parce qu’ils osent dire que nous avons un socle profond pluriel riche et qu’aujourd’hui, c'est le moment ou jamais.

Oui, ce socle, nous nous devons  non seulement de le transmettre, de le connaître, nous nous devons de le respecter, de respecter ce qu’ils/elles nous ont légué.

Et d'arrêter de vouloir faire du copier/coller sur La France.  Attention, je vois venir: ce n’est pas du passéisme,  ni de l’intégrisme, encore moins du racisme. Encore une fois c’est se connaître et être soit avec l’autre.

En ce 20 desanm, proposons nous alors  de réfléchir au respect, proposons nous de réfléchir au mépris social qui existe ici et ailleurs, proposons nous de sortir de l’hyperconsommation, notre nouveau maître, proposons nous de penser que, dans le monde entier l’esclavage demeure. 40 millions d’hommes, de femmes, d’enfants.  

Proposons nous d’être humains.

Nartrouvangalizaz; Yvette Duchemann


 

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2 Commentaires
François-Michel MAUGIS
François-Michel MAUGIS
4 ans

Bravo à Yvette Duchemann, pure et dure et qui ose. Qui ose aborder les problèmes de fond. Qui ose dire la vérité. Qui ose défendre l'esclave, le pauvre, le méprisé. Qui ose défendre la notion même d'homme, d'humain.Qui aujourd'hui ose défendre l'espèce humaine ? Car c'est bien de cela dont il s'agit. Non, aujourd'hui, on défend tout sauf cela. Pire que des bêtes sauvages, on saccage, on détruit le voisin, on abuse du faible, on détruit avec autant d'insouciance sa maison, comme la maison commune, notre propre planète. Oublié le siècle des lumières. Il y a maintenant trop longtemps que nous sommes entrés dans les ténèbres d'une folle illusion, d'une folle inconscience.Vivent les petites lumières qui s'allument un peu partout et qui, peut-être nous sauveront.

Joseph
Joseph
4 ans

Mme, allez toujours voir sur les registres de propriétaires d'esclaves comme il y en a un au musée De Villèle, si votre nom n'y est pas !