Le 5 novembre, 25 présidents et ministres régionaux ont débattu avec 25 députés européens et ont partagé une vision commune pour une politique de cohésion renforcée après 2027, au service de tous les territoires, des projets concrets et des citoyens (Photo AFP)
L'événement s'est déroulé au Parlement européen et a été organisé par la coalition
EUregions4cohesion, copilotée par les Régions Nouvelle-Aquitaine (France) et Émilie-Romagne (Italie), avec le soutien des Vice-présidents du Parlement européen Younous Omarjee, Antonella Sberna et Javi Lopez.
Introduisant le débat, Alain Rousset, Président de la Région Nouvelle-Aquitaine, a souligné que "le risque de renationalisation des fonds de cohésion remet en question l'existence même de l'Europe". "Les régions souhaitent conserver la possibilité de négocier directement avec la
Commission européenne les stratégies de développement territorial, et un budget clair et distinct doit être consacré à la cohésion".
Davide Baruffi, Ministre chargé de la planification stratégique et de la programmation des fonds européens, du budget de l'Émilie-Romagne, a affirmé que "défendre la cohésion, c'est défendre les fondations de la maison européenne commune". La politique de cohésion ne doit pas être mise en concurrence avec la politique agricole commune et doit être renforcée afin d'innover et de renouer avec les régions les moins développées.
Les représentants des régions allemandes, espagnoles, finlandaises, françaises, irlandaises, italiennes, polonaises, roumaines, slovaques et suédoises, ainsi que le Comité européen des régions, ont pris la parole pour présenter de nombreux arguments en faveur d'un budget
indépendant pour la politique de cohésion après 2027, ainsi que du rôle crucial des régions dans la planification stratégique et la sélection des projets.
Du côté parlementaire, Younous Omarjee a déclaré dans son discours d'ouverture que "le Parlement européen envisage actuellement de bloquer les discussions sur le budget" car "nous [les députés européens] ne pouvons accepter un budget dans lequel les régions sont reléguées au second plan, les fonds sont renationalisés et la programmation est remplacée par des plans centralisés négociés entre la Commission européenne et les gouvernements centraux".
À sa suite, le vice-président du groupe PPE, un vice-président et cinq coordinateurs de la commission REGI, ainsi que le président de l'intergroupe "Cohésion et régions ultrapériphériques" sont intervenus pour souligner que les groupes politiques sont unis pour affirmer que la Commission européenne ne peut faire de la politique de cohésion une variable permettant d'ajuster de nouvelles priorités.
C'est le sens d'une lettre envoyée la semaine dernière à la présidente de la Commission européenne par les principaux groupes politiques du Parlement européen, demandant une proposition modifiée comme condition préalable au lancement des négociations.
Un deuxième panel de députés européens était principalement dédié aux membres de la commission BUDG, en particulier aux rapporteurs du CFP. Ils ont souligné que les politiques dites "traditionnelles", telles que la cohésion et l'agriculture, contribuent également à la sécurité et à la compétitivité, mais ne peuvent être démantelées et remplacées par ces nouvelles priorités. La renationalisation est un pas en arrière pour l'intégration européenne.
Olgierd Geblewicz, Président de Poméranie occidentale (Pologne), a conclu la session en soulignant que "les députés européens et plus de 140 régions sont unis pour défendre notre patrimoine européen, ce dont nous pouvons être fiers ". "C'est un moment historique pour l'Europe, et nous devons rester unis".
Pour les députés européens, le Vice-président Javi Lopez a clôturé la réunion en mentionnant le document de position et en déclarant que "le Parlement européen est sur la même ligne, et nous travaillerons ensemble dans ce sens".
Afin de prendre part aux négociations sur le CFP, la coalition EUregions4cohesion a préparé un document de position dans lequel elle réitère la nécessité de définir i) un budget européen clair, distinct et réservé à la politique de cohésion et la définition, au niveau de l'UE, d'allocations régionales indicatives de ressources basées sur la méthodologie consolidée actuelle, garantissant ainsi un budget dédié à chaque catégorie de régions le plein respect des principes de partenariat et de subsidiarité de la politique de cohésion, en plaçant les régions au centre de la conception stratégique, de la programmation et de la mise en œuvre, ainsi que de la sélection des projets.
Contexte
EUregions4cohesion est une initiative lancée en mai 2024 par la Région Nouvelle-Aquitaine (FR) et la Région Émilie-Romagne (IT). La coalition compte plus de 140 régions membres issues d'Autriche, de Belgique, de Croatie, de République tchèque, de Finlande, de France, d'Allemagne, de Grèce, d'Irlande, d'Italie, de Lituanie, de Pologne, du Portugal, de Roumanie, de Slovaquie, de Slovénie, d'Espagne, de Suède et des Pays-Bas. Cette initiative est également soutenue par la Conférence des régions périphériques maritimes (CRPM), le Réseau européen des régions pour la recherche et l'innovation (ERRIN) et le Bureau de représentation de la Slavonie, de la Baranja et du Srijem à Bruxelles.
