J'aimais aller dans sa boutique, c'était un musée, la Caverne d'Ali Baba, c'était un coffre à TRESOR, c'était La Réunion et le monde. Et lui il passait son temps à raconter des histoires qui nous faisaient beaucoup rire.
On pouvait facilement y rester un après-midi sans jamais s'ennuyer. Des jeux de mots, des anecdotes, les histoires de La Réunion et d'ailleurs: Il savait tout : un véritable homme de lettres.
Et aussi in sacré kasèrlékui. Sinon, on lui disait : moin lé pa bien zordi, kosa ou pé konsèy amoin? Mais depuis qu'elle était partie, on sentait qu'il était affaibli. Et il a décliné. Depuis qu'il était parti, il s'était encore affaibli. Les fous rires. De plus en plus rare. Et puis il est vraiment tombé bien malade.
Il pouvait être gentil, sarcastique, caustique, colérique mais vous pouvez tout lui pardonner à ce géant, qui savait tout tout : grand manuel, grand intellectuel, déchiffrage des livres anciens, et surtout tous ces livres qu'il nous a légués et qui nous racontent notre histoire.
La Réunion a-t-elle vraiment eu conscience des possibilités de cet homme ? A-t-elle vraiment compris qui il était ? Ce qui m'inquiète, c'est qui nous laissera encore un héritage si important ?
Au fur et à mesure notre société ce médiocrise(j'invente le mot ), la société réunionnaise avant, forgée par des valeurs de notre histoire, de notre culture, de notre intelligence, est-elle en train de se perdre dans les meandres de la mondialisation, dans les méandres de la modernisation, dans les méandres encore aujourd'hui du capitalisme ?
En tout cas moi je dis merci à Firmin Lacpatia, merci de tous les moments que j'ai passés avec toi à ton commerce ou sinon avec toi et ta femme Rose May Lacpatia : vous avez été des guides j'espère que La Réunion s'en souviendra.
A nous toutes et tous: lisons ces oeuvres.
A Firmin, nout dalon, nout fanal.
Yvette Duchemann