Tribune libre du Mouvement Réunionnais pour la Paix

Pourquoi le Mouvement Réunionnais pour la Paix appelle à la médiation?

  • Publié le 27 avril 2023 à 10:08
  • Actualisé le 3 mai 2023 à 07:28
Julie Pontalba

A peine commencée, l’opération Wuambushu, qui devait mettre un terme au désordre et à l’insécurité à Mayotte, en crée davantage. Jugez vous-même. (Photo : archives Imaz Press)

- Dès son lancement, un bateau qui devait débarquer des « expulsés » à Anjouan, a été interdit  d’accoster et a dû retourner au point de départ, à Mayotte; les autorités françaises ont finalement  placé les personnes en Centre de Rétention Administrative à Mayotte même. 

- Le lendemain, une opération programmée de destruction de bidonville, a été interdite par référé de justice. Cette décision vient des magistrats, qui rendent justice au nom du peuple français. Le Préfet,  représentant de l’Etat sur place, a été obligé de suspendre l’opération…

- Pour clore ces deux premières journées, devant la violence des affrontements provoqués par  l’opération, le 1er vice-président du Conseil Départemental de Mayotte appelle au meurtre, en  direct à la télévision. Il l’a fait après mûres réflexions : "je pèse mes mots".

Il met l’Etat français  devant sa responsabilité à devoir condamner un élu. En effet, "l’incitation à la haine, à la violence  ou à la discrimination", ici publique, est un délit pénalement puni. Que fera la Justice qui a d’ores et déjà été saisie ? 

Des collègues de M. Darmanin ont condamné les propos de l’élu Mahorais, pourtant ils sont tous à  l’origine de cette situation. L’opération Wuambushu, sous couvert de ramener la sécurité, est un acte  de violence et de non respect des droits; la décision des magistrats en témoigne. 

Faut-il attendre encore un nouveau dérapage ? Nous le redemandons donc : Stoppez maintenant  cette opération ! Il n’est pas trop tard pour ouvrir les discussions afin d’arriver à un nouvel ordre, acceptable pour tous. 

Le contentieux est lourd, à commencer du côté français. Le 19 avril dernier, Le ministre J.F Carenco justifiait devant le Sénat, que les Mahorais "ont droit à la sécurité comme tous les  citoyens de la République et aujourd’hui, ils ne l’ont pas".

Pourtant, ce ministre délégué aux Outre mer, sait que ce n’est pas seulement en termes de sécurité que les citoyens de Mayotte n’ont pas les  mêmes droits.

Pourquoi l’État français, n’accorde t-il pas aux Mahoraises et Mahorais les mêmes droits sociaux dont bénéficient "tous les citoyens de la République" ? Par exemple, et pour ne  citer que celui-là, il y a une différence de 500€, entre le SMIC appliqué en France et celui à  Mayotte. Dès lors qu’ils ont le statut départemental, rien ne justifie cette discrimination. 

Le manque d’école, de service, d’infrastructure, de sécurité, ne peut être imputé aux seuls « sans  papiers » et ne peut être traité par la seule utilisation de la force. Mayotte est administrée par la  France depuis 182 ans et cette situation a mis du temps à se construire, il faudra du temps pour la  changer. 

Seuls, le dialogue et la concertation permettront d’instaurer une paix durable et la sécurité. C’est  ensemble, dans un esprit de responsabilité, qu’une solution acceptable par tous doit être trouvée.

Le Mouvement Réunionnais Pour la Paix réaffirme sa position pour l’arrêt immédiat de cette  opération et l’ouverture d’un dialogue sincère, et s’en remet au contenu de la lettre adressée  au Préfet de La Réunion, le samedi 22 avril, par le collectif de médiation. 

Pour le Mouvement Réunionnais Pour la Paix,
Julie Pontalba

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