Tribune libre du Parti de gauche

Pourquoi ne pas travailler jusqu'à 75 ans ?

  • Publié le 18 juin 2013 à 05:15

C'est à grand renfort médiatique que le rapport tant attendu par les Solfériniens a été dévoilé le vendredi 14 juin. Qu'y-a-t-il dedans ? Pas grand-chose. Enfin, les mêmes bêtises qui avaient été écrites par le rapport Fillon, et plus anciennement par le rapport Trucmuche ou l'autre rapport Bidule : des sornettes, de la propagande pour mieux appliquer le diktat de la Commission Européenne de Bruxelles : " vite, vite, c'est la catastrophe, v'là qui va manquer 20 milliards en 2020 dans les caisses des retraites, vite abaissez votre déficit à 3% du PIB, sinon... ".

Alors voilà que notre président entend rouvrir le dossier des retraites et affirme le 16 mai dernier qu’il faut qu’on " travaille plus longtemps ". Quel déni de démocratie ! Rappelons que pendant la campagne présidentielle, le candidat Hollande n’avait jamais parlé d’allonger les cotisations, il parlait des 60 ans comme un cap à maintenir, l’héritage de 1981 à préserver. Que veut-il faire en septembre prochain ? Exactement le contraire ! Hollande obéît au traité européen (TSCG) dont il n’a pas modifié une ligne depuis Sarkozy et accepte que la Commission Européenne dicte sa loi !

Dans une détonante originalité, ce énième rapport indique que nous devrons partir à la retraite plus tard et cotiser plus longtemps. Préparez vos déambulateurs, nous serons encore en service lorsque nous aurons déjà un pied dans la tombe ! Quelles funestes solutions ! Ceux qui veulent nous vendre la réforme comme une absolue nécessité, nous agite le vieil argument d’une plus longue espérance de vie.  Eh bien, nous vivons plus longtemps : réjouissons-nous ! C’est exactement parce que depuis un siècle nous travaillons moins que nous avons gagné quelques années d’espérance de vie. Il est curieux de constater, qu’au pays de madame Merkel, l’espérance de vie en bonne santé n’augmente plus depuis qu’elle a décidé de mettre tous les Allemands au charbon jusqu’à 65 ans ! Un Allemand peut vivre en bonne santé en moyenne 58,7 ans seulement, le plus mauvais score de toute l’Europe de l’Ouest ! Le constat est encore plus critique si nous ne regardons que l’espérance d’un ouvrier. Cet argument ne tient donc pas deux secondes, il sert uniquement d’épouvantail pour faire croire encore à la grande catastrophe !

En outre, en sachant que 60% des personnes sont déjà hors emploi lorsqu’elles partent à la retraite et que l’entrée sur le marché du travail se fait de plus en plus tardivement, les préconisations de Yannick Moreau multiplieront de fait les retraites incomplètes. Elles aggraveront à la fois la paupérisation du 3e âge et les inégalités entre ceux qui n’auront rien d’autres pour vivre et ceux qui auront pu cotiser pour une retraite complémentaire et épargner sur des assurances-vie. Les magnas de la finance privée se frottent les mains en imaginant les montagnes de fric qu’ils verront affluer : le frère aîné de l’ancien président Sarkozy, président du groupe Médéric Malakoff, a déjà le sourire…

Toutes ces propositions que le gouvernement s’apprête à appliquer ne sont que des " mesurettes ". Cessons le catastrophisme, il n’y a pas de problème de financement. Notre pays n’a jamais été aussi riche mais jamais non plus cette richesse n’a été aussi peu partagée. La première solution doit porter sur le capital. Les revenus financiers des entreprises doivent permettre de régler une partie des retraites. De nombreux profits sont non réinvestis (via les stock-options, les bonus, les dividendes et les plus-values des actions). Depuis trente ans, la même politique ultra-libérale des gouvernements de droite et du PS a entrainé un transfert massif des revenus du travail vers les revenus du capital. Il est donc logique de chercher là où les ressources se sont enfuies depuis ces décennies et de faire payer tous ceux qui s’enrichissent sur les travailleurs. La deuxième solution porte à la source. La vraie catastrophe (sociale) est de regarder en aval comme entend le faire le gouvernement Ayrault. Le déficit des caisses de retraites est intimement lié au problème du chômage en France.

Baisse du chômage = plus de travailleurs = plus de cotisations = retour à l’équilibre des caisses de retraites !

Inutile d’être sorti de l’ENA pour comprendre ce mécanisme. Au lieu de rouvrir pour la quinzième fois le dossier des retraites, notre gouvernement ferait mieux d’ouvrir pour une fois le dossier du travail ! Les politiques d’austérité compriment toutes les initiatives des entreprises et le moral des ménages. Près de 155 000 chômeurs dans notre île ! Voilà le seul dossier prioritaire pour lequel nos politiques devraient se mobiliser massivement !

François Fasquel

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