Alors que le budget Lecornu a été rejeté par l’Assemblée nationale, et que les discussions sont sur le point de commencer au Sénat, j’exprime mon inquiétude sur les conséquences de ce PLF 2026 pour la France, et en particulier pour nos territoires d’Outre-Mer. (Photo photo Sly/www.imazpress.com)
Alors que le budget Lecornu a été rejeté par l’Assemblée nationale, et que les discussions sont sur le point de commencer au Sénat, j’exprime mon inquiétude sur les conséquences de ce PLF 2026 pour la France, et en particulier pour nos territoires d’Outre-Mer. Ce budget sous-dimensionné n’est pas assez tourné vers les besoins sociaux réels. Il affiche un manque d’ambition criant. La baisse des crédits pour les Outre-mer marque une totale déconnexion entre les arbitrages du Gouvernement et les besoins du terrain, au vu de la situation sociale et des difficultés structurelles que connaissent nos territoires.
Les différents textes que nous avons votés cette année pour nos Outre-mer n’auront que peu d’effets si les moyens ne sont pas à la hauteur. Je pense notamment aux deux projets de loi pour Mayotte, à la proposition de loi pour expérimenter l’encadrement des loyers et améliorer l’habitat dans les Outre-mer, et au récent projet de loi pour lutter contre la vie chère dans nos territoires. Sans moyen suffisant, ces avancées ne produiront pas les effets attendus.
Derrière les lignes budgétaires, il faut rappeler les réalités du quotidien de nos concitoyens, qui ont des difficultés concrètes à vivre, à se loger et se nourrir. Comme l’année dernière, la mission outre-mer est une des plus impactées par les mesures d’austérité. Je refuse de me résigner à ce que les Outre-mer soient les premiers à pâtir de la baisse des dépenses publiques.
Le budget de la Ligne Budgétaire Unique (LBU) pour l’amélioration de l’habitat diminue. Cet arbitrage est irresponsable quand on sait qu’en Outre-mer l’habitat indigne reste très répandu, que le logement social y est insuffisamment financé, et que les prix du foncier ont explosé.
Dans un contexte de fort chômage, le budget du gouvernement est aussi néfaste pour l’emploi, et en particulier pour nos jeunes. En effet, les crédits dévolus au Service civique, aux Missions locales et au dispositif Cadres d’avenir connaissent une chute catastrophique. Je déposerai des amendements pour défendre ces dispositifs essentiels. À La Réunion, 50 % des jeunes vivent sous le seuil de pauvreté. Le taux de chômage des 16-25 ans dépasse les 40 %. Dans ce contexte, les baisses de crédits sont irresponsables.
Je lutterai aussi pour que des moyens à la hauteur soient dédiés à la reconduite de l’expérimentation du Territoire Zéro Chômeur Longue Durée, dispositif qui a fait ses preuves à La Réunion.
Comme l’année dernière, je militerai aussi pour renforcer les moyens de la lutte contre les violences faites aux femmes et intrafamiliales : augmenter le nombre de places d’hébergement d’urgence, mieux former les magistrats et les policiers, augmenter les moyens dédiés aux enquêtes afin que les plaintes ne soient plus classées sans suite et que les auteurs de violences soient condamnés.
Dans le cadre de mon engagement pour l’enseignement scolaire, et alors que les épisodes climatiques extrêmes nécessitent des infrastructures résilientes, je défendrai l’augmentation des crédits pour la rénovation énergétique des établissements scolaires. Je dénoncerai l’injustice de Parcoursup, et déposerai un amendement pour assurer la gratuité de tous les vœux sur cette plateforme, au nom de l’égalité d’accès à l’enseignement supérieur entre tous les élèves. Pour la reconnaissance de notre langue et de notre culture régionale, et pour la réussite scolaire de nos élèves, je déposerai aussi un amendement pour recruter davantage d’intervenants en langue maternelle.
La vie chère reste par ailleurs un fléau pour nos territoires, avec des écarts de prix particulièrement élevés pour les produits alimentaires : 36,7 % de différence avec l’Hexagone à La Réunion et jusqu’à 40,2 % à la Martinique et 41,8 % en Guadeloupe. Je défendrai donc plusieurs mesures, comme l’exonération de la TVA sur les produits de première nécessité, et les produits du Bouclier Qualité Prix (BQP).
Je militerai pour étendre aux territoires d’Outre-mer le Versement mobilité régional (VRM), dispositif qui participe au financement des projets de transport et des mobilités durables, et qui constitue un levier important du développement des réseaux de transports collectifs. Cette mesure, porteuse d’égalité réelle, symboliserait la cohérence territoriale que nous appelons tous de nos vœux.
Notre groupe ne lâchera rien pour contrer ce budget d’austérité, qui traduit en creux une absence de vision de l’État pour nos Outre-mer, réduits à une logique de gestion au jour le jour, une crise après l’autre. Nous nous battrons pour un budget plus ambitieux, et pour que la promesse républicaine d’égalité soit enfin une réalité.
