Audiovisuel

"En boucle", la série 100% péi quasiment en boîte

  • Publié le 14 mars 2024 à 02:59
  • Actualisé le 14 mars 2024 à 09:04
Tournage En Boucle

Clap de fin de tournage cette semaine pour "En boucle", une comédie fantastique 100% locale écrite à six mains par Sébastien Folin, Frédéric Journet, et Carole Lépinay et commandée par le pôle Outre-mer de France Télévisions. Les huit épisodes de 20 minutes chacun aborderont les thèmes du vivre-ensemble et de l’inclusion de manière quelque peu décalée (Photos DR).

Comme disait si bien Coluche, c’est l’histoire d’un mec… En l’occurrence ici, celle de François Françoise (interprété par David Érudel), mâle alpha quinquagénaire mal dégrossi, un brin en décalage par rapport à son époque, qui découvre un jour l’émancipation de sa femme, l’homosexualité de sa fille et pour couronner le tout, qu’il ne sera pas chef-adjoint à moins de mettre en place un programme inclusif, difficile quand on ne sait pas de quoi il retourne en réalité…

Ce jour-là, il s’électrocute et se réveille le lendemain dans un monde fantasmé dont il ne comprend pas les codes. Il va ainsi constamment passer de Saint-Denis de La Réunion à Saint-Denis dans le 93 et vice-versa pour réparer le pire de sa vie dans le 974 avec le meilleur de sa vie dans le 93.

Cette boucle temporelle fera de lui un homme meilleur, conscient qu’il faut s’ouvrir et s’intéresser aux autres et pas seulement à sa petite personne. Saura-t-il cependant sortir de la boucle ?

Pour le savoir, il faudra visionner les 8 épisodes de 20 minutes - en tournage dans l’île depuis le 19 février jusqu’au 16 mars -, produits par le pôle Outre-mer de France Télévisions, Tiktak Production de Laurent Médéa et La belle Production de Sébastien Folin.

"Aujourd’hui, on a de plus en plus de préoccupations sociétales et à juste titre les questions relatives à l’homophobie, le féminisme, ou encore le racisme. Et certains qui trouvent que c’était mieux avant ont tendance à juger que ces revendications représentent des dangers pour le vivre-ensemble. Avec mes deux co-auteurs, on a donc trouvé intéressant de créer ce personnage de François Françoise et d’en faire un enfant qu’il fallait éduquer", indique le réalisateur.

À série péi, casting péi avec pas moins d’une quarantaine d’artistes locaux au nombre desquels David Erudel, Marie Alice Sinaman, Christine Salem, mais aussi Jade Lambert, Titi le comik, Eric Lauret, Laure Le Zouric, Antoine Stip, Aloïs Fructus, Audrey Laroche, Baya Massamba Wa, Julien Dijoux, Beryl Coutat, Brandon Gercara... Bref, du beau monde, sans compter des décors réunionnais.

Même les scènes censées se dérouler dans le 93 sont tournées localement, agrémentées bien sûr de prises de vue extérieures parisiennes.

Au-delà, si France Télévisions souhaitait une série traitant du vivre-ensemble à La Réunion, Sébastien Folin a décentré volontairement la thématique, "En boucle" révélant dans un genre fantastique et ironique pour gratter là où ça fait mal, une image à l’opposé de celle tant magnifiée et vantée.

"On résume trop souvent notre vivre-ensemble aux questions ethniques et religieuses ce qui est pour moi caricatural. J’estime qu’il y a quelque chose de plus complexe que ce concept un peu trop marketing à mon sens, au risque d’occulter notre créolité issue du sang et des larmes de notre histoire", regrette Sébastien Folin.

Le tournage de « En boucle » s’achève ce vendredi 16 mars, place ensuite au montage jusqu’au début de l’été métropolitain. Et si pour l’heure, aucune date de diffusion sur les antennes de France Télévisions n’est avancée, de son côté, Sébastien Folin assure vouloir organiser une projection locale en avant-première. Affaire à suivre donc…

- Trois questions à Sébastien Folin -

La Réunion terre de tournage ces dernières années, tant de films (le Petit Piaf, Hawaï…) que de séries à l’image d’OPJ… Les pouvoirs publics comme la Région avec Nexa encouragent ces initiatives, signe que notre île est un studio à ciel ouvert qui intéresse les réalisateurs et qu’il existe aussi un savoir-faire local ?

En effet, et je suis admiratif du travail mené par les institutions depuis une dizaine d’années. Étant par ailleurs vice-président de l’Agence du Film de La Réunion depuis maintenant un an et demi, je participe avec les équipes de l’AFR et de la Région à faire ce qu’il faut pour faire rayonner notre île au national et à l’international.

J’ai la conviction qu’on a bien progressé et avec la série « En boucle », on marque une étape supplémentaire avec une équipe locale (comédiens, techniciens, chefs de poste) à l’exception du chef opérateur et de la scripte, et c’est pour moi un signe fort et évident à la hauteur de l’aide apportée par la Région à France Télévisions. La Réunion est une terre de tournages mais aussi une terre d’histoires. Plus on est spécifiques dans la façon de les raconter, plus on est universels.

Par son histoire, sa société et son évolution, l’île résume bien ce qu’il se passe au niveau mondial et on pourrait tourner énormément de longs-métrages ou de séries, et avec « En boucle » ce qu’il y a de bien c’est que c’est nous qui parlons de nous et pas les autres… Ce qui prouve qu’on est donc en capacité de le faire !

Un documentaire sur Ziskakan l’an dernier, à présent "En boucle"… Quels sont tes autres projets ?

Je travaille actuellement avec des auteurs et des réalisateurs réunionnais pour monter des projets de dimension internationale produits à La Réunion avec des ressources locales. En parallèle, je prépare pour Canal+ Réunion et Canal+ national une série documentaire avec Manu Payet - on viendra d’ailleurs tourner à La Réunion en juin prochain - et je travaille sur la production d’un documentaire sur les violences intra-familiales. J’ai  d’autres projets dans les tuyaux mais ils sont encore au stade embryonnaire.

Signe d’un retour plus durable à La Réunion ?

Même si j’ai quitté l’île il y a 25 ans, je ne suis jamais vraiment parti puisque je rentre tous les 3 ou 4 mois soit pour bosser, soit pour quelques jours de vacances. Mais j’éprouve désormais l’envie de mettre à profit l’expérience que j’ai acquise depuis ces dernières années et le réseau que j’ai réussi à me constituer pour venir travailler ici et surtout transmettre en m’appuyant sur des compétences locales. D’ailleurs, avec ma casquette de vice-président de l’Agence du Film de La Réunion, je vais à Canneseries, le festival internationale des séries, pour représenter La Réunion devant un panel de 50 producteurs et acheteurs du monde entier.

vw/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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