Christine Salem, Maya Kamaty, Tine Poppy, Davy Sicard, Thierry Gauliris… tous se sont prêtés à l’exercice de revisiter leur répertoire en mode symphonique avec l’Orchestre de la Région Réunion. C’est à présent au tour de Bernard Joron à qui le CRR délivre sa célèbre carte blanche pour nous enchanter tout au long de ce week-end (Photo vw/www.imazpress.com).
C’est chaque année un défi musical qui tient toujours toutes ses promesses, tant pour l’artiste invité que pour l’Orchestre de la Région Réunion. Rendez-vous incontournable de la saison, la carte blanche du CRR accueille cette fois Bernard Joron après Thierry Gauliris en 2023 et avant eux Christine Salem, Maya Kamaty, Tine Poppy et Davy Sicard.
Ce week-end, le musicien, chanteur et membre fondateur d’Ousanousava revisitera en mode symphonique - soit trente-quatre instrumentistes - les plus grandes chansons, poétiques et authentiques, du groupe mythique qui fête cette année ses quarante ans.
Pour ce concert exceptionnel en tournée à Saint-Denis, au Tampon et à Saint-Benoît, Christophe Cagnolari qui signe les arrangements pour orchestre, et le chef et directeur artistique de l'ORR Thierry Boyer à la baguette.
Imaginez juste un "Pique-nique chemin volcan", un "Voleur canards", un "Oté gran mèr" ou le néanmoins célèbre "Na de milyon d’années"… Bernard Joron ne laissera pourtant rien filtrer - on sait juste qu’il y aura une dizaine de morceaux - mais une chose est sûre, le choix fut pour lui cornélien pour démarrer l’aventure qu’il qualifie d’inédite voire de déroutante et qu’il apparente à un véritable "jeu de funambule "avec les musiciens voire même un ping-pong permanent avec Christophe Cagnolari.
À deux jours de la première ce vendredi soir, les répétitions vont bon train pour varier les signatures rythmiques et les tonalités, mixer créole et français sans perdre de vue la dynamique générale du concert à savoir le juste équilibre entre morceaux « softs et plus enlevés » et leur ordre d’interprétation.
Un événement sur bien des aspects concède Bernard Joron pour qui l’expérience carte blanche est un privilège qui l’a touché au plus profond de son être au point même d’en avoir pleuré par moment.
Si certains puristes pourraient considérer qu’avec un orchestre symphonique, on s’éloigne des versions originales, il n’en a cure car pour lui "c’est justement le but de s’éloigner. Si on veut ouvrir notre culture à l’universalité, il faut accepter de la métisser", insiste le leader d’Ousanousava.
Et de rendre hommage au rôle primordial du chef d’orchestre sans oublier celui de l’arrangeur : "j’ai redécouvert certains morceaux aux notes surprenantes de tango argentin, voire même de valse. Mais quel que soit le titre, la base rythmique d’instruments réunionnais sera incluse pour éviter l’éloignement des versions originales. Ce qui me plaît, ce sont les mélodies et les mélodistes. Papa en était un, tonton Alfred Vienne l’est également, tout comme Frédéric dans sa manière de composer. De mon côté, j’essaie aussi de faire attention et là avec l’orchestre, ça rend tout encore plus mélodieux".
Les trois concerts se jouant à guichet fermé, le directeur artistique de l'ORR salue outre l’investissement des équipes techniques, la volonté collective au service de la musique à travers le partenariat noué avec les Téats départementaux, mais aussi Luc Donat et le CRR.
Un succès qui ne se dément donc pas au fil du temps au point que l’an dernier, "on nous a reproché de ne pas avoir fait un quatrième concert", avoue Thierry Boyer.
Alors pourquoi pas envisager l’option de passer à deux cartes blanches par an ? « L’orchestre a pris son envol depuis quelque temps et même la Région se pose la question d’aller hors les murs des salles pour toucher davantage de public », conclut le directeur artistique de l'ORR. L’avenir nous le dira, l’idée, elle, est lancée… En attendant, rendez-vous tout ce week-end pour un very good trip dans le temps des plus mélodieux.
- Ils ont dit… -
Thierry Boyer, chef et directeur artistique de l'ORR
"On a trois dates et seulement 4 répétitions, mais chaque concert sera différent. Bernard a certes perdu ses repères habituels pour s’accrocher à de nouveaux mais son talent fait le reste. L’orchestre symphonique est un outil artistique fabuleux qui permet de proposer de nouvelles choses sous des configurations différentes. La carte blanche est pour moi une bénéfice artistique qui permet même de faire évoluer l’artiste, de changer sa vision et pour La Réunion, c’est aussi important de valoriser l’authenticité et les outils de l’île car l’ORR n’est composé que de musiciens locaux. Ce projet fait sens avec le territoire et constitue pour moi un moment privilégié dans l’année"
(l'autre) Thierry Boyer, directeur des Téats départementaux
"Je suis très heureux d’accueillir à nouveau Bernard Joron et d’ailleurs, on a plusieurs rendez-vous avec l’ORR durant l’année. La carte blanche est une manière supplémentaire de promouvoir les artistes réunionnais et même si je ne connais pas Christophe Cagnolari, je suis impatient et curieux de découvrir le résultat."
Carte blanche à Bernard Joron avec l’ORR ce vendredi soir au téat Champ Fleuri (20h), demain soir au théâtre Luc Donat (20h) et dimanche à la salle Gramoun Lélé (17h)
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