Culture urbaine - graff

Gouzou : un être à part

  • Publié le 18 mai 2009 à 00:00

Carpe diem ("profite du jour présent") telle est la devise du gouzou. À La Réunion, la réputation du petit personnage sans visage n'est plus à faire. Du haut de ses 17 ans, il a déjà bien voyagé et ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Portrait sur un personnage emblématique de l'île dont le père, Jace, a bien voulu nous ouvrir les portes de sa maison.

Né en 1992 dans les rues de Saint-Denis, le gouzou a trouvé son espace d'expression au grand air. Il s'accroche sur les piles des ponts, sur les falaises, les conteneurs, les murs... en fait sur tout ce qui peut lui servir à s'exposer. "Mon nom est un clin d'?il aux années lycée de mon père. À l'époque ils s'appelaient entre eux "gouzou" ". En 1993 il a suivi son géniteur au Havre pour revenir en 1999 sur l'île.

Le petit être n'a pas de visage, ni de mains. "Je suis un personnage hybride et asexué". Selon lui son absence de faciès est le reflet du métissage réunionnais. "Il me permet aussi de parler à tout le monde. Chacun m'interprète à sa manière" explique-t-il. Il avoue qu'il aurait sans doute été plus agressif s'il était né ailleurs.

Le gouzou est un enfant du hip hop, il partage la philosophie du peace love and unity (paix, amour et unité). Cependant, d'autres influences ont forgé sa personnalité. Il se veut intègre et politiquement correct. C'est ce type de message qu'il véhicule sur les murs et autres falaises. "Il ne faut pas me prendre au sérieux ce qui ne veut pas dire que je n'ai pas de valeur". Il revendique n'être ni un donneur de leçon, ni un journaliste. "Je ne cherche pas à réagir sur tout. Je suis une personne sensible et profondément positive". L'humour est pour lui le meilleur moyen d'expression.

"Mes nombreux voyages à travers le monde m'ont permis d'élargir ma vision de la vie". Tous les pays ne l'ont pas reçu de la même manière. "On m'a conseillé de ne plus revenir à New York par exemple.Voyager m'a permis de constater que la tolérance n'était pas la même partout. C'est à chaque fois un nouveau challenge" raconte-t-il.

Malgré sa popularité, le gouzou reste vigilant dans ses rapports avec les médias. "Je suis conscient de leur impact, c'est pourquoi je fais attention à mon image. Mon but est de pouvoir m'exprimer. Je ne cours pas après la notoriété". Il appartient à tout le monde et à personne et entretient un rapport décomplexé avec l'argent. "Si j'avais voulu être riche, je le serais depuis longtemps, mais ma liberté d'expression passe avant tout".

"Je ne suis pas inaccessible, j'accepte de collaborer à condition que cela ne souille pas mes valeurs". Présent sur la web depuis 1999, le gouzou n'a pas échappé aux TIC (technologies de l'information et de la communication). Il en est d'ailleurs flatté, c'est une forme de reconnaissance selon lui. Il s'est aussi exposé à plusieurs reprises et des ouvrages sont sortis à son sujet.

Vivant le jour pour le jour, le gouzou n'a pas réellement de projet pour son avenir. Cependant il nous a confié qu'il souhaiterait un jour devenir acteur. "J'aimerais avoir mon propre dessin animé".
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