Sakifo J-15

Le Sakifo en mode gommance

  • Publié le 18 mai 2023 à 02:58

La cuvée 2023 du Sakifo a concocté un surprise de taille le 2 juin à l’occasion de la première soirée du festival : une performance croisée entre la chorégraphe Malaïka et DJ Sebb & Friends sur la grande scène Salahin pour un show novateur placé sous le signe de la gommance, alliant musique et danse (photo V.W).

La jeunesse réunionnaise a du talent ! Et une fois n’est pas coutume, le Sakifo lui donne la part belle, sur la plus grande scène. Le Salahin basculera en mode gommance dès 23h30 avec une performance croisée alliant DJ Sebb à la chorégraphe Malaïka, tous deux accompagnés d’une dizaine de danseurs et de quatre musiciens. Un show novateur avec la promesse d’un voyage dans l’univers musical de DJ Sebb et dans celui de la jeune chorégraphe Malaïka qu’on ne présente plus.

Le Kabardock accueillait ce mercredi matin le tandem qui balance entre excitation et appréhension à l’approche du jour J, d’autant qu’ils se produiront juste après l’artiste sud-africaine Sho Madjozi qui a fait toute la première partie de Stromaé aux États-Unis et au Canada entre autres (19h) et la chanteuse belge Angèle, sacrée artiste féminine aux Victoires de la musique 2023 (21h).

« J’appréhende surtout de passer après Angèle. Ce n’est pas mon premier Sakifo mais ce sera ma première scène Salahin et je sens un peu la pression monter. On a travaillé tous les deux avec les musiciens sur ce nouveau concept de show DJ et ce sera donc une première à La Réunion », avoue en toute humilité DJ Sebb qui a su relever le challenge dans des délais très courts.

« Je suis très souvent en déplacement et il a fallu caler un planning de répétitions en fonction des disponibilités des uns et des autres. Ça n’a pas été évident mais j’ai pu m’appuyer sur une super équipe ».

Même son de cloche du côté de Malaïka pour qui accompagner DJ Sebb était l’évidence même : « C’est l’artiste local qui représente aujourd’hui le plus la culture urbaine. On a mené tout un travail de préparation, surtout au niveau de la danse, et de discipline pour se synchroniser avec les musiciens. Je sens que ça va être pas mal ».

Pour Lékip Sakifo, recréer un lien plus fort entre la musique et la danse par le biais de cette collaboration et de la prestation de Sho Madjozi, sera également une première, qui plus est sur la scène principale.

« Le point commun de ces trois artistes c’est le rapport à la danse et on souhaitait proposer un plateau comme celui-là depuis longtemps. Et au-delà, ça démontre qu’on a des talents de dimension internationale à La Réunion qui certes se sont déjà produits sur Salahin mais on est passé progressivement d’artistes « papas » tels Firmin Viry, Danyel Waro etc… à la nouvelle génération avec Lindigo, Maya Kamaty, DJ Sebb ou encore Kaf Malbar pour ne citer qu’eux. Les gars sont là et ça c’est important ! », avance Jérôme Galabert.

« Ici aussi nou gagn’. Nou lé pa plus nou lé pa moin mé nou lé la », rebondit DJ Sebb qui se projette déjà dans l’après-festival en Australie, Madagascar, métropole, Maurice et en Colombie au mois de novembre.

Une année 2023 bien chargée pour le jeune DJ qui, lors de ses voyages, a compris que les gens appréciaient la différence, à savoir notre langue et notre musicalité. « Voir qu’en Amérique du Sud, on écoute notre musique c’est incroyable. Mais le secret pour s’exporter c’est de garder son identité, savoir rester soi-même et surtout ne jamais oublier d’où l’on vient ».

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Trois questions à Jérôme Galabert

Aujourd’hui, que peut apporter le Sakifo à des artistes comme DJ Sebb et Malaïka ?

Quand on construit la programmation, on donne la part belle aux artistes réunionnais et c’est un point d’honneur depuis toujours. En France métropolitaine, il n’y a pas de festivals qui programment autant d’artistes locaux, alors que nous on en avons entre 10 et 15 tous les ans depuis 19 ans. On menait cette réflexion de combiner danse et musique depuis un certain temps et ça y est, on y est !

DJ Sebb est l’un des artistes réunionnais qui s’exporte le plus par lui-même depuis des années. Il n’a eu jamais besoin de personne pour aller jouer dans le monde notamment en Colombie, et on en est très admiratifs. Et là, on lui donne l’occasion de prendre la grande scène et de la retourner. S’il le fait c’est génial, dans le cas contraire, on en tirera les enseignements pour progresser.

On prend des risques mesurés et pensés pour aller vers quelque chose de fort. Le fait d’avoir une captation pour France Télévisions, Culture Box, ça donne aussi davantage de visibilité. Notre but n’est pas d’être une date supplémentaire dans la tournée des festivals mais d’inventer quelque chose de novateur.

Est-ce important cette idée de représentativité de la jeune génération ?

Tout à fait. On n’est pas dans un monde Bisounours. DJ Sebb et Malaïka ont quelque chose de commun à savoir l’ambition affirmée, assumée et simple et ça fait du bien ! C’est aussi important de voir plus de femmes sur les scènes. On vit sur un territoire assez préservé en comparaison de l’Afrique du sud. Il faut rester humble et modeste par rapport au poids de l’histoire mais ça ne dédouane personne de ce besoin de représentativité.

Et si demain, DJ Sebb & Friends peut faire des plateaux ce sera job done. Les jeunes d’aujourd’hui sont les papas de demain et le festival se doit de faire attention au passage des jeunes générations.  

Quel regard portes-tu justement sur l’évolution du Sakifo depuis 19 ans ?

Au fil du temps, il a grandi et s’est amélioré. Mais de mon point de vue, il y a encore une énorme marge de progression puisqu’il est à 40% de ses capacités. Ce n’est pas évident de monter un festival de cette ampleur à La Réunion et ça l’était encore plus durant la période Covid notamment. Mais Sakifo a toujours eu cette ligne directrice artistique de donner la part belle aux générations montantes locales.

Depuis octobre dernier, on travaille différemment. Ne voulant plus d’un rapport vertical unique de programmateur, j’ai donc mis en place un comité de programmation composé de trois femmes et de trois hommes d’ici et d’ailleurs. On se réunit toutes les semaines et trois d’entre eux ont le droit d’intéragir avec les productions, chacun a droit à des coups de cœur en nombre limité et a un rôle bien précis. Je dis souvent que six bonnes idées réunies valent mieux qu’une. Tout est basé sur l’échange, et la programmation de cette année est justement le fruit de cette collaboration.

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La phrase de DJ Sebb : « Ce festival c’était le ciment qui manquait »

« Je n’en suis pas à ma première participation. Plus qu’un tremplin, Sakifo m’a fait connaître un nouveau public et grâce au film « Les maîtres de la Gommance » qui a été diffusé un peu partout, j’ai pu voir un développement au niveau du booking et de ma carrière musicale. Ce festival c’était le ciment qui manquait et il a consolidé les choses ».

Le phrase de Malaïka : « Sakifo a participé à mon éducation musicale »

« L’ambition de Sakifo c’est de montrer que La Réunion a du potentiel. C’est un festival qui représente l’île à travers le monde, inspire les générations et offre des possibilités d’ouverture, et c’est important quand on est jeunes. Il a participé à mon éducation musicale en me donnant l’opportunité de découvrir des artistes d’ici et d’ailleurs, et ça c’est tout simplement formidable ».

Malaïka et DJ SEBB & Friends sur la grande scène Salahin, vendredi 2 juin, 23h30
Info billetterie : https://www.sakifo.com/billetterie/

vw/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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