Grogne contre le prix des carburants

J. Mongin : "La mobilisation n'est pas dans les moeurs des Réunionnais"

  • Publié le 10 février 2012 à 10:00
Joel Mongin

La grogne chez les professionnels de la route, artisans et associations de consommateurs ne cesse de s'accroître depuis la hausse des prix des carburants au 1er février 2012. Alors que certains menacent de bloquer les routes et que la population est appelée à se mobiliser, d'autres appellent au calme en attendant la réunion de mardi prochain avec tous les acteurs concernés, créant des dissensions au sein des transporteurs. Discret depuis le mouvement de contestation, Joël Mongin, président du syndicat Lo Fer, et à la tête des barrages contre la hausse des prix des carburants en 2008, se dit "solidaire". S'il estime que c'est "aux autres de prendre la relève", il ne manque pas de souligner que "l'histoire du carburant est un éternel combat". Concernant les appels à la mobilisation de la part des associations de consommateurs, Joël Mongin estime qu'il n'est "pas dans les moeurs des Réunionnais de se mobiliser".

* En 2008, vous étiez à la tête du mouvement de grogne des transporteurs, et vous aviez notamment organisé des blocages de route. Pourquoi ne participez-vous pas aujourd'hui au mouvement de contestation lancé par l'intersyndicale des professionnels de la route contre la hausse des prix des carburants ?

- Les autres doivent également faire leurs preuves. Jean-Bernard Caroupaye est venu me voir mais c'est à lui de prendre maintenant les décisions en tant que porte-parole de l'intersyndicale des professionnels de la route. Je ne veux en aucun cas récupérer l'affaire. Je préfère rester dans mon coin. Honnêtement, je n'ai plus rien à prouver. J'ai réussi à faire descendre les gens dans la rue en mettant en jeu ma famille et mon travail.

* Êtes-vous d'accord avec leurs revendications ?

- Je suis solidaire avec eux. L'histoire du carburant est un éternel combat. Mais je me trouve actuellement dans un autre combat, celui d'importer mon propre carburant.

* Les transporteurs sont souvent accusés de "batailler" pour eux...

- Il ne faut pas être hypocrite. En 2008, quand les transporteurs ont manifesté, ils sont partis au départ pour eux. La population a pu, par la suite, obtenir 10 centimes de moins sur le carburant. On peut nous critiquer mais nous avons fait quelque chose à l'époque. Mais à trop vouloir mettre les associations de consommateurs dans ce combat, la population finira par oublier que les transporteurs sont à l'initiative de cette contestation. Vous savez, Jean-Hugues Ratenon (dirigeant de l'alliance des Réunionnais contre la pauvreté - ndlr) c'est beaucoup de vent pour rien. Ici, les gens sont surtout solidaires de la langue.

* Vous estimez que la population est passive?

- Les manifestations ne sont pas entrées dans les m?urs des Réunionnais. Même si il y a une prise de conscience de la population, il n'est pas dans les moeurs des Réunionnais de se mobiliser. Peut-être qu'ils ne se reconnaissent pas dans leurs leaders syndicaux. Il faut qu'ils se prennent en main. Mais je pense que ça viendra petit à petit.

* Des blocages de routes sont annoncés par certains transporteurs. D'autres professionnels de la route ne sont pas d'accord. Pourquoi ces dissensions entre transporteurs?

- Vous savez, il faut être fort dans sa tête et avoir l'âme d'un guerrier pour bloquer quelque chose. Il faut aussi savoir en sortir. Et concernant, les dissensions, je pense que c'est un problème d'hommes. Chacun a voulu être chef.

* Vous avez pour projet d'importer votre propre carburant ? Qu'en est-il ?

- Nous sommes toujours en combat et nous constatons qu'on nous met beaucoup de bâtons dans les roues. Il a nous a fallu de l'audace pour oser dire que nous voulions importer notre propre carburant. Aujourd'hui, beaucoup de personnes nous en veulent car le pétrole est quelque chose de très rentable. C'est une pression tous les jours.

* Vous affirmez subir des pressions. De qui exactement ? La SRPP ?

- C'est plus gros que la SRPP. Quelqu'un de plus puissant encore

* Qui?

- Quelqu'un de plus puissant

* La date de livraison de ce carburant dit libre a été maintes fois repoussée. Avez-vous enfin une date aujourd'hui ?

- Non. L'affaire suit son cours. Au moment, où je vous parle, il y a encore quelques difficultés. On ne peut pas faire disparaître en un coup de baguette 40 ans de monopole pétrolier.

* Pourtant, certains attendent beaucoup de ce carburant ?

- Nous avons peut-être trop communiqué sur le sujet.

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