Importation de carburant par des transporteurs

La coopérative sur la bonne voie

  • Publié le 25 mai 2011 à 06:00

Le projet des transporteurs d'importer eux-mêmes leur carburant se précise. Pour les services de l'État, s'ils la respecte, la règlementation ne devrait pas se mettre en travers de leur chemin. Reste la question de la rentabilité d'une telle entreprise. Du côté des transporteurs, elle ne fait aucun doute. De celui de la SRPP (société réunionnais des produits pétroliers), on indique déjà que la répercussion sur les prix à la pompe est inévitable.

Ce qui apparaissait comme un projet fou est en passe de devenir réalité. Après une rencontre avec les services de la préfecture ce lundi 23 mai 2011, les transporteurs réunis en coopérative devraient obtenir le feu vert pour esquiver le passage par la SRPP et, par ce biais, économiser plus de 20 centimes par litre de gazole. Selon Jean Ballandras, secrétaire général aux affaires régionales : " il n'y a pas d'obstacle. Tant qu'ils ne dépassent pas un certain volume, qu'ils l'utilisent pour leur propre usage et qu'ils respectent les contraintes réglementaires ", en termes de qualité notamment.

Comment? Où? Combien? Toutes ces questions ne sont pas encore tranchées mais " la seule limite est qu'ils ne revendent pas le carburant, ils devront donc importer de petites quantités ", poursuit Jean Ballandras. Et pour les transporteurs, même avec ce handicap, le projet reste rentable. " Avec le fournisseur japonnais Toyo, nous négocions actuellement un tarif à 0,25 centimes le litre. Avec les taxes, cela nous amènerait à environ 80 centimes ou en tous cas, moins d'un euro. Même à ce tarif, nous sommes gagnants ", indique Joël Mongin, le président du syndicat Lo Fer, un regroupement de professionnels de la route.

Actuellement, le prix à la pompe est de 1,25 euro le litre de gazole pour tout le monde, dont environ 50% de taxes auxquelles les transporteurs n'échapperont pas. Ensuite, le projet est d'importer du carburant en containers de 22 000 litres qui pourraient être stockés directement chez les transporteurs disposant de cuves adaptées.

" Nous ne pouvons pas dévoiler notre plan maintenant. Si la préfecture, la Région et la chambre de commerce nous reçoivent, c'est que notre projet est sérieux. Cela dit, des lobbies vont essayer de nous mettre des bâtons dans les roues, on est en train de donner un coup de pied dans la fourmilière ", indique Joël Mongin.

Déjà, face à cette menace sur son monopole, la SRPP, par la voix de Philippe Bodilis, a indiqué, dans le Journal de l'Ile du mardi 24 mai, qu'une augmentation du prix du carburant pour les particuliers serait inévitable. La SRPP, qui n'a pas souhaité donner suite à notre demande d'interview, indique donc : " il faut savoir que si la SRPP importe moins de carburant parce que les transporteurs disposent de leur propre gazole, les coûts de dépôt vont mécaniquement augmenter. Les prix à la pompe seront donc plus chers pour le grand public ".

Un argument difficilement recevable pour Jean Ballandras qui rappelle que le marché est en constante augmentation depuis plus de 30 ans. " Je ne pense pas que les sommes qui seront extraites du marché pour la SRPP soient suffisantes pour avoir un impact sur le prix à la pompe ", indique-t-il. Selon lui, " ce raisonnement est soit très compliqué, soit très simpliste ".

" La SRPP essaie de monter la population contre nous. Ces gens là se croyaient intouchables mais on est en train de les secouer et c'est déjà une victoire. Nous voulons ouvrir la voie ", estime Joël Mongin. Une nouvelle réunion " pour lever les ambiguïtés " devrait avoir lieu mi-juin. La coopérative devrait compter une centaine de membres d'ici la fin de l'année, date à laquelle les importations pourraient commencer. Et selon Jean Ballandras, " c'est possible ".

Marine Veith pour
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