Le PV de stationnement passe de 11 à 17 euros à partir de ce lundi 1er août 2011. Objectif, inciter davantage les automobilistes à payer leur stationnement. Les comportements vont peut-être changer, les dents vont aussi grincer. Le montant du PV de stationnement n'avait pas bougé depuis 1986.
"L'amende de 11 euros n'incitait pas les automobilistes à se ruer vers les horodateurs", confie Nalini Véloupoulé, adjointe au maire de Saint-Denis responsable du centre-ville. Le chef-lieu compte 140 horodateurs et 3 000 places de stationnement payant. Un avis partagé par des représentants d'autres communes qui estiment que "cette mesure vise à responsabiliser les automobilistes".Noor Olivier Bassand, président de l'association Les consommateurs réunionnais/ Roul pa nou, voit plutôt "un racket de l'Etat". "Une fois de plus, l'Etat tente de remplir ses caisses sur le dos des usagers", fustige le responsable associatif. Il poursuit : "et une fois de plus, ce sont les ménages les plus modestes qui paieront". Noor Olivier Bassand dénonce la mise en place d'un "système répressif plutôt qu'un système préventif". "On met encore plus de radars. On augmente le montant des PV. On devrait plutôt penser à améliorer la sécurité des usagers de la route", ajoute-t-il.
Même si elle estime que la hausse de l'amende était "attendue", Nalini Véloupoulé concède que l'augmentation est "remarquable" : "il aurait fallu augmenter le PV de façon plus modérée. Avec une telle hausse, ce sont encore les ménages les plus modestes qui vont se retrouver en difficulté", affirme l'élue dionysienne. Elle prévient par ailleurs que cette hausse risque de provoquer "la désertion du centre-ville au profit des grands centres commerciaux excentrés où le parking est gratuit".
Noor Olivier Bassand se dit plutôt favorable à "d'autres moyens de sanctions privilégiant la pédagogie". "On pourrait maintenir l'amende à 11 euros et obliger le contrevenant à suivre un stage de deux jours dans une auto-école", propose-t-il à titre d'exemple. Nalini Véloupoulé avance une autre idée : "on devrait plutôt permettre la mise en place d'une amende à la carte. Les grandes villes comme Paris pourraient appliquer l'amende à 17 euros. On pourrait ensuite moduler selon la taille des villes", détaille-t-elle.
La hausse du montant de l'amende de stationnement constitue une manne financière non négligeable pour les communes qui perçoivent une partie des sommes payées au Trésor public. Les municipalités utilisent la somme perçue pour les travaux de voirie, la construction de parking ou encore le financement du transport en commun. Au niveau national, la commission des finances chiffre le montant des recettes supplémentaires entre 24 et 36 millions d'euros par an.
Impossible de savoir à combien s'élèvera cette manne financière pour les communes réunionnaises. Parmi les communes interrogées et qui sont équipées d'horodateurs (Saint-Paul, le Tampon, Saint-Pierre, Saint-Denis, Saint-Louis), seule la Ville de Saint-Denis a déjà une estimation des recettes supplémentaires que cette hausse devrait engendrer: "en moyenne, la commune perçoit environ 1 million d'euros en ce qui concerne l'amende de stationnement. Nous estimons que la mairie va percevoir 400 000 euros supplémentaires avec la revalorisation la contravention", signale Nalini Véloupoulé.
Du côté des polices municipales, on annonce que les agents de surveillance de la voie publique, en charge de dresser les contraventions, "vont privilégier la pédagogie" dans un premier temps. René Maurée, responsable de la police municipale de Saint-Pierre, rappelle qu'"il n'est pas facile d'être un ASVP". "Ils sont quotidiennement victimes d'agressions verbales et de harcèlements", souligne-t-il. A un point qu'aujourd'hui, les agents sont envoyés en formation pour gérer ce genre de conflit. Le fonctionnaire de police craint qu'avec des amendes plus élevées, "les gens seront encore plus agressifs".
Mounice Najafaly pour
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