Baisse du prix des carburants financée par l'octroi de mer

Les communes ne pourront pas payer

  • Publié le 2 mars 2012 à 07:00
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La baisse de 8 centimes sur le prix des carburants est effective depuis ce jeudi 1er mars 2012. La Région a mobilisé 6,5 millions de sa part sur l'octroi de mer pour financer cette baisse durant deux mois et rendre possible cette mesure d'urgence. Mais que se passera-t-il après cette période ? De nombreuses communes soulignent la difficulté d'engager leurs recettes de l'octroi de mer dans cette baisse des carburants sans une compensation financière. Certains maires réclament un effort conséquent de la part de l'Etat ou une participation importante des pétroliers quand d'autres estiment qu'il reste deux mois pour explorer des pistes afin de compenser la perte des recettes l'octroi de mer.

La commission permanente du conseil régional a approuvé ce mardi 28 février 2012 la mobilisation de l'intégralité de sa part de recettes sur l'octroi de mer, soit 6,5 millions d'euros, pour permettre la réduction de 8 centimes sur le carburant à la pompe pour l'ensemble des Réunionnais. Pour autant, la Région ne pourra tenir ses engagements que durant deux mois et sollicite l'aide de l'Etat, puisque les communes refusent d'engager leur part de l'octroi de mer sans l'assurance d'une compensation intégrale de ces recettes.

Nous avons sollicité plusieurs maires de l'île sur ces mesures qui ont été prises pour financer la baisse des prix du carburant. Quatre d'entre eux nous ont répondu. Bruno Mamindy-Pajany, maire de Sainte-Rose, dit "comprendre les positions de chacun", mais souligne que "supprimer les recettes de l'octroi de mer revient à mettre en grande difficulté le financement des projets des communes, et des petites communes en particulier".

Il précise par ailleurs que l'octroi de mer représente 300 000 euros du budget de Sainte-Rose. Pour Bruno Mamindy-Pajany, "l'effort ne doit pas être fourni par le pauvre envers le plus pauvre". "Il faut établir un débat de fond, autant sur la question des carburants que sur les prix des marchandises. Nous devons poser les bases pour pouvoir éclaircir la situation, et définir qui de l'Etat, des collectivités, ou des entreprises, doit fournir l'effort conséquent", estime-t-il.

De son côté, Stéphane Fouassin, maire de Salazie, précise lui qu'il a assisté à la réunion du vendredi 24 février 2012, où la Région avait émis sa volonté de prélever sur l'octroi de mer des communes pour financer la baisse des carburants. "En tant que représentant de l'association des maires, j'ai pris acte de cette volonté. Il appartient maintenant à chaque commune de réfléchir à la façon dont elle pourrait compenser cela", explique-t-il.

"Pour ma part, j'ai demandé une réunion spécifique avec la Région, le Département et l'Etat. L'objectif est d'explorer des pistes pour compenser la perte de l'octroi de mer, parce que les communes ont la volonté d'être aux côtés des Réunionnais", ajoute Stéphane Fouassin. Il a également "demandé à ce que la chambre régionale des comptes soit informée de ce que cette perte pourrait représenter afin de réfléchir à la façon dont chacune des communes pourrait faire des économies". "Nous avons deux mois devant nous pour mettre en ?uvre ces réflexions", conclut-il.

La députée-maire de Saint-Paul déplore, elle, que "la sortie de crise est endogène à La Réunion". Elle estime que "si une telle crise s'était déroulée dans l'Hexagone, l'Etat serait intervenu sur le champ". "Or, quand ça se passe à La Réunion, ce sont les collectivités qui doivent trouver des solutions et des financements", s'insurge-t-elle. La décision de la Région de prélever l'octroi de mer des communes est "malheureuse", commente-t-elle. "Didier Robert est téléguidé par Paris. C'est à l'Etat de mettre du sien, de fournir des efforts pour qu'on sorte de cette crise. Comment les communes, qui ont déjà des retards structurels et des difficultés, pourraient financer à la fois la baisse des carburants et leurs projets respectifs ?", s'interroge Huguette Bello.

Elle précise que pour la commune de Saint-Paul, les recettes de l'octroi de mer représentent 800 000 euros du budget. "C'est ce qui nous permet de réhabiliter des logements, de soutenir la petite enfance, de rénover les cantines", indique entre autres Huguette Bello. Pour la députée-maire, "le gouvernement ne prend pas la mesure de ce qu'il se passe à La Réunion, du malaise social qui existe". Selon elle, "le gouvernement doit faire preuve d'un engagement fort". Elle pense aussi qu'il est "nécessaire d'enclencher enfin le processus qui remette en cause les monopoles".

Jean-Yves Langenier, maire du Port, estime lui que "le financement des carburants et de la bouteille de gaz doit être fait par les pétroliers, et subsidiairement par l'Etat". A noter que ces mêmes pétroliers, qui ont participé à hauteur de 2 centimes à la baisse des carburants, se sont également engagés pour 2 mois. Ils n'ont pas donné suite à nos sollicitations lorsque nous avons voulu leur demander ce qu'il adviendrait de cette baisse après cette période.

"L'octroi de mer représente une part importante de notre budget pour des services rendus à la population. A travers l'effort des collectivités, ce sont les contribuables qui fournissent l'effort principal, ça ne devrait pas se passer à leurs dépens", poursuit Jean-Yves Langenier. Il considère que "les mesures prises ne règlent en rien le problème de fond". Par ailleurs, plus généralement, il indique que "quand on parle de prix sans parler des revenus, on est à côté de la plaque" et note que "la politique salariale devrait faire partie des débats qui sont à mettre en oeuvre".

Les communes étant dans l'incapacité d'engager leur part d'octroi de mer sans compensation, la Région souhaite une contribution de l'Etat à l'effort de baisse des carburants. Joint à son tour, le conseil régional n'a pas non plus répondu à nos sollicitations. Impossible donc de savoir comment la Pyramide inversée va faire pour continuer à appliquer la baisse après la consommation totale des crédits affectés. Il ne reste que deux mois pour trouver des solutions à long terme.

Samia Omarjee pour
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3 Commentaires
generation
generation
13 ans

Il faut lui réserver un telle accueil qui s'en souviendra pendant toute sa campagne la réunion en l'air

didou
didou
13 ans

Bravo camarade tu as raison faut lui réserver le même accueil que les basques

Noel974
Noel974
13 ans

Dans un mois Sarkosy viendra nous sauver, pas de soucis à se faire. Tout ce qu'il a promis lors de ses précédentes visites n'a jamais été tenu. Endogène ça veut dire "démerd a zot". L'actualité l'a encore démontré hier avec Arcelor Mital…