Paiement des taxes

Les salariés travaillent 7 mois par an pour l'État

  • Publié le 28 juillet 2011 à 06:00

Le salarié moyen français a dû travailler jusqu'au 26 juillet 2011 pour financer les dépenses publiques et ainsi être libéré de ses obligations fiscales. Ce sont les conclusions d'une étude de l'Institut économique Molinari. La France fait partie des trois pays européens taxant le plus les salariés, derrière la Belgique et la Hongrie. Un classement à nuancer selon Cécile Philippe, directrice générale de l'Institut Molinari.

Les salariés Chypriotes sont libérés de leurs obligations fiscales depuis le 13 mars 2011. Les salariés Britanniques depuis le 17 mai 2011. Les Allemands depuis le 11 juillet 2011. Les salariés Français ont dû attendre le 26 juillet 2011 pour être libérés de leurs obligations fiscales. Depuis cette date toute la richesse produite par le fruit de leur travail leur appartient.

"Les salariés Français travaillent plus de 7 mois dans l'année pour payer les dépenses publiques", constate Cécile Philippe. Il faut encore ajouter à ce chiffre quelques semaines si on prend en compte les différents impôts locaux payés aux collectivités locales. Près de 8 mois de travail sont donc nécessaires chaque année afin d'être libéré de toutes ses obligations sociales et fiscales, ce qui classe la France à la troisième position des pays européens taxant le plus les salariés, derrière la Belgique et la Hongrie.

Pour calculer le jour de libération fiscale, l'étude prend tout d'abord en compte le taux de charges sociales (charges patronales et salariales incluses). Ce taux est le plus fort en France (66%) par rapport au reste de l'Europe. "Il faut qu'un employeur français distribue 2,3 euros de salaire pour qu'un euro net de charges et d'impôts arrive dans la poche du salarié moyen", peut-on lire dans l'étude. Par comparaison, en Allemagne où le taux de charges sociales est de 41%, il suffit qu'un employeur allemand distribue 2,1 euros pour arriver au même résultat.

Autre élément pris en compte dans cette étude, l'impôt sur le revenu. Avec un taux d'imposition de 14% du revenu, la France se situe dans la moyenne européenne (elle occupe la 14ème place dans la liste de 27 États de l'Union). Chypre est le pays dont le taux d'impôt sur le revenu est le plus faible (2%). Le dernier élément recensé par l'étude est le taux de TVA. Avec une TVA avoisinant les 20% (8,5% dans les DOM), la France se situe là aussi dans la moyenne. Chypre et le Luxembourg sont les pays ayant le taux de TVA le plus faible (15%) tandis que la Suède et le Danemark ont le taux le plus fort (25%).

La combinaison de l'ensemble de ces chiffres a ainsi permis à l'Institut Molinari d'établir un "taux de socialisation et d'imposition réel". En France, ce taux est de 56,36%, ce qui induit que la libération sociale et fiscale des Français est estimée au 26 juillet 2011. Ainsi, un travailleur percevant un salaire annuel de 48 492 euros brut percevra 21 164 euros une fois les charges sociales, la TVA et l'impôt sur le revenu retirés.

De prime abord, ce chiffre peut paraître inquiétant à comparer avec les autres pays européens. Néanmoins, comme le souligne Cécile Philippe, "ces chiffres sont plutôt optimistes au regard des aides étatiques apportées à la population". Aides sociales, couverture maladie, gratuité de l'école ou encore retraites financées par la solidarité nationale, "la France n'a rien à envier à certains pays de l'Union Européenne dans ces domaines", fait remarquer la responsable de l'étude. Là où les Britanniques font payer les études des enfants scolarisés, les Français bénéficient du principe de la gratuité. Le principe est le même concernant la santé même si l'Etat a tendance à se désengager ces dernières années.

Mais avec 1 095 milliards d'euros de dépenses (pour 958 milliards d'euros de recettes), la directrice de l'institut d'étude économique estime qu'il faut "réduire les dépenses". "Le déficit ne cesse de se creuser. Il faut faire des économies là où il est possible", juge-t-elle, citant par exemple "la réduction du train de vie de l'Etat" ou encore "des coupes dans le budget de la culture". La spécialiste s'oppose néanmoins à toute hausse des impôts. "La perspective d'une nouvelle hausse des impôts est très effrayante. Ce n'est pas ce qui résoudrait le problème du déficit de l'Etat", souligne-t-elle.

C'est surtout ce qui allongerait encore davantage la date de libération fiscale. A titre indicatif, selon l'Institut Molinari, pour gagner un jour de libération fiscale (passer du 26 au 25 juillet), il faudrait baisser les impôts de 2,6 milliards d'euros (au titre des recettes) et diminuer les dépenses de 3 milliards d'euros (au titre de la dette).

Mounice Najafaly pour
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