La Réunion ne devrait pas échapper à la hausse annoncée en métropole des prix des produits alimentaires en 2011. Entre 5 et 20% d'augmentation selon les articles : du café aux pâtes en passant par la farine... Une solution ? Consommer local.
Quand les cours flambent, les consommateurs trinquent. Et c'est exactement ce qui est en train de se passer actuellement avec des hausses de prix des produits alimentaires de 5 à 20% annoncés en métropole pour cette année. Et il n'y a aucune raison pour que cette hausse n'impacte pas la Réunion.La hausse moyenne des prix devrait avoisiner les 2% d'après Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), cité par l'AFP. Dans le détail, certains produits comme la farine ou le café pourront connaître des hausses de 20% et 10% pour les pâtes. Le beurre lui, pourrait augmenter de 4 à 8%.
Ces hausses interviennent dans le cadre de la flambée des cours mondiaux de la plupart des matières premières, et la Réunion n'y échappera vraisemblablement pas. " Les facteurs qui provoquent la hausse des prix dans le monde concernent aussi la Réunion ", indique Maurice Cerisola, président de l'ADIR (association pour le développement industriel de la Réunion). Au premier semestre 2009, il a participé aux négociations entre le COSPAR (collectif contre la vie chère) et la grande distribution à la Réunion.
Car la Réunion " dépend à 100% des matières premières extérieures ", poursuit-il. Par exemple, pour produire un kilo de poulet, il faut 2 kilos d'aliments de bétail. Et ces aliments sont importés.
" Un élément essentiel à comprendre, c'est que les pays vendeurs de matières premières, comme les Brésiliens par exemple, sont des gens qui accèdent à la consommation. Donc avec une production égale, on a plus de bouches à nourrir ", indique Maurice Cerisola. Pour lui, " si la vie augmente, c'est que les brésiliens mangent à leur faim ".
Cette analyse vaut aussi pour le riz. " Les grands pays exportateurs de riz vont être de moins en moins exportateurs ", au fur et à mesure que les pays asiatiques se développent. Cette flambée des cours mondiaux des matières premières impacte donc le panier de la ménagère réunionnaise, mais quid des engagements pris en 2009 dans le cadre des négociations entre le COSPAR et la grande distribution ?
" Le monde a changé depuis le COSPAR. De l'eau a coulé sous les ponts ", poursuit Maurice Cerisola. Il précise, " la quasi totalité des 250 articles désignés par le COSPAR sont concernés par ces hausses ". En avril 2009, l'accord COSPAR avait permis la baisse des prix de 250 produits de consommation courante.
Le consommateur réunionnais devra donc faire face. Une solution possible ? Consommer local selon Noor Olivier Bassand, président de la LCR (les consommateurs réunionnais - Roul pa nou). Selon lui, seules deux centrales d'achat existent à la Réunion et " forcément, nous serons impactés. Il faut donc faire marcher la production locale ".
B?uf, ?ufs, légumes, fruits, lait, yaourts.... Beaucoup de produits de première nécessité sont disponibles en version locale. Mais jusqu'à présent, ils souffrent d'une image de produits chers. Faux, dit Noor Olivier Bassan. Avec ses 527 " sentinelles citoyennes " qui relèvent les prix dans les supermarchés de l'île, il vérifie les hausses et baisses dans les différents points de vente.
D'après lui, " en ce moment, certains produits locaux sont moins chers que les produits importés ". Il préconise donc d'acheter local autant que possible pour " favoriser la proximité, créer de l'emploi localement et effectuer des achats solidaires ".
Malgré tout, le panier réunionnais augmentera sans aucun doute. Les nouvelles stratégies de consommation devraient alors se renforcer : recentrage des achats sur des produits d'entrée de gamme et abandon des produits superflus type produits apéritif ou plats préparés. Mais à l'inverse des produits de première nécessité, le prix de certaines de ces références devrait rester stables: plats cuisinés, certaines eaux minérales, riz, glaces.
Ces hausses devraient être mises en place progressivement, selon les stratégies de chaque enseigne.
Marine Veith pour
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