Cantonales - Présidence du conseil général

N. Dindar et les démocrates sociaux attaquent le gouvernement

  • Publié le 29 mars 2011 à 00:10

Ainsi que l'annonçait Imaz Press Réunion dès 15 heures 30 ce lundi 28 mars 2011, les élus droite sociale - dont est issue la présidente sortante Nassimah Dindar -, et ceux du Modem se sont constitués un groupe au sein du nouveau conseil général. Ils se sont baptisés "mouvement des démocrates sociaux de La Réunion (modérés)". Dans leur déclaration constitutive rendue publique lundi en début de soirée, ces élus attaquent ouvertement le gouvernement et, de fait, la politique menée par Nicolas Sarkozy. Une manière pour Nassimah Dindar de répondre aux sollicitations pressantes des socialistes d'une part, de la communiste Huguette Bello, députée-maire de Saint-Paul d'autre, concernant une clarification de son positionnement sur l'échiquier politique. Une manière aussi de souligner que désormais aucun argument politique ne peut lui être opposé de la part de certains de ses partenaires au sein de la majorité sortante, quant à sa réélection à la tête du Département

"Comme en métropole, les Réunionnais ont sanctionné la politique sociale et économique du gouvernement, dans contexte de crise aggravée qui touche l'ensemble de la population" note le mouvement des démocrates sociaux dans sa déclaration. Les élus du nouveau groupe précisent encore leur prise en position en ajoutant : "la base économique de La Réunion est en décomposition sous le poids de l'ampleur sans précédent du chômage, de l'augmentation de la précarité, de l'émergence de phénomènes très larges de pauvretés, des perturbations de l'activité économique et des difficultés rencontrées par les entreprises, de la crise dans le secteur du BTP et du logement, de l'augmentation des prix et du coût de la vie". Un inventaire à la Prévert digne d'une déclaration du PCR ou du PS et donc difficilement qualifiable de complaisante vis-à-vis du gouvernement UMP.

Cela d'autant que la déclaration constitutive du mouvement des démocrates sociaux note aussi que dans à peine 14 mois auront lieu "les rendez-vous décisifs de l'élection présidentielle et des élections législatives". Ces rendez-vous disent Nassimah Dindar et les élus de son groupe représentent "un espoir pour les Réunionnais, comme pour tous les Français, d'une nouvelle politique tournant le dos à celle poursuivie par le gouvernement"... Difficile là également de faire plus clair.

Ce qui du coup vide de sens les réticences manifestées par certains conseillers généraux socialistes et par Huguette Bello. "Pourquoi une majorité de gauche devrait-elle avoir une présidence de droite?" se demandait la députée-maire communiste dimanche soir. Accuser Nassimah Dindar et son groupe d'être de droite - ce mot même disparaît de l'intitulé du mouvement -, après une telle prise de position, a peu de chance de paraître crédible.

Huguette Bello semble d'ailleurs l'avoir admis. Lors de la réunion du bureau politique du PCR ce lundi matin au Port, elle ne s'est finalement pas opposée à une réélection de Nassimah Dindar à la présidence, À condition que "la voix des Saint-Paulois soit prise en considération à sa juste mesure" disait-elle en substance (les candidats qu'elle soutenait ont remporté 3 des 4 cantons saint-paulois en lice). À condition aussi que Joseph Sinimalé, vainqueur surprise dans le 4ème canton de Saint-Paul, face à un candidat de la municipalité, ne fasse pas partie de la majorité. Demande acceptée par le PCR/Alliance et les démocrates sociaux. Si Joseph Sinimalé, ainsi maire de Saint-Paul et ancien président du Département, siégera sur les bancs du Modem (à supposer qu'il maintienne cette décision annoncée dimanche soir), il n'est pas signataire de la déclaration constitutive du nouveau mouvement.

Du côté du PS, Jean-Jacques Vlody, conseiller général du Tampon, a fait acte de candidature pour la présidence et si le député-maire PS saint-joséphois Patrick Lebreton, était réservé sur la reconduction de la présidente sortante. Mais la condamnation publique de la politique gouvernementale par les démocrates sociaux est en mesure de faire évoluer ce positionnement. Surtout à un an de la présidentielle et des législatives.

À ce propos, "la fédération socialiste a rejeté dès lundi matin la proposition de rencontre formulée par Didier Robert.", indique une source proche du PS. Le président UMP du conseil régional et chef de file de la droite locale, "avait été mandaté la veille par les 16 conseillers généraux de droite (ils étaient 19 avant les élections cantonales - ndlr) pour approcher le PS" souligne la même source. Dans la foulée de cette fin de non-recevoir opposée à Didier Robert, les élus PCR/Alliance et PS se sont rencontrés et ont échangé à plusieurs reprises depuis dimanche soir.

L'accord de bonne entente signée entre les deux partis avant le premier tour des cantonales semble donc toujours d'actualité. Ce qui n'est évident à première vue, compte tenu des relations parfois houleuses, souvent compliquées, de deux principales forces de gauche.

Avec l'arrivée de ce nouveau groupe, les trois composantes de la majorité sortante sont désormais à égalité : 11 élus PCR/Alliance, 11 pour le PS et 10 pour les démocrates sociaux. Les communistes et leurs partenaires de l'Alliance ont déjà annoncé leur intention de voter en faveur d'une candidature de la présidente sortante. Les votes des démocrates sociaux sont évidemment acquis à cette dernière. On voit mal les socialistes ne pas suivre le mouvement. Sur le papier rien ne s'oppose donc à une réélection de Nassimah Dindar à la tête du Département. Mais sur le papier seulement...

Mahdia Benhamla pour

* La déclaration constitutive du mouvement des démocrates sociaux de La Réunion (voir aussi article "Tourner le dos à la politique du gouvernement") a été signée par :
Nassimah Dindar (Saint-Denis 1 - droite sociale),
Gino Ponin-Ballom (Saint-Denis 3 - droite sociale),
Ibrahim Dindar (Saint-Denis 5 - droite sociale),
Bruno Mamindy-Pajany (Sainte-Rose - droite sociale),
Patrick Erudel (Plaine des Palmistes - droite sociale),
Bachil Valy (Entre-Deux - droite sociale),
André Thien Ah Koon (Le Tampon 2),
Michel Dennemont (Avirons - Modem),
Jacqueline Silotia (Saint-Leu 1 - Modem),
Thierry Robert (Saint-Leu 2 - Modem).
guest
0 Commentaires