Madagascar - l'armée bascule dans le camp TGV

Coup d'État en cours

  • Publié le 17 mars 2009 à 01:00

La crise politique qui secoue gravement Madagascar depuis fin janvier 2009 a pris un tournant décisif ce lundi 16 mars. L'armée s'est en effet rangée aux cotés d'Andry Rajoelina (TGV) maire destitué et principal opposant du président élu Marc Ravalomanana. Les militaires ont investi la banque centrale et le palais présidentiel d'Ambohitforohitra en plein centre d'Antananarivo, la capitale malgache. Deux chars sont entrés dans l'enceinte du bâtiment de la présidence qui était vide. Le président en place et sa garde présidentielle se trouvaient à Iavoloha, l'autre palais présidentiel situé dans la banlieue de la capitale. La prise d'Ambohitforohitra est symbolique. C'est en effet devant ce palais qu'a eu lieu la tuerie du 7 février. Les forces de police avaient tiré sur la foule des pro TGV tuant une quarantaine de personnes dont un journaliste - caméraman malgache.

Lundi lors de la prise d'Ambohitforohitra une violente explosion et une brève fusillade ont été entendues. Il n'y a pas eu de victime. L'armée s'est ralliée à Andry Rajoelina depuis quelques jours. Dans une conférence de presse, le colonel André Ndriarijaona de l'état-major de l'armée malgache a déclaré que les militaires soutenaient le maire destitué d'Antananarivo "à 99%". "Nous sommes ici pour aider le peuple malgache. Si Andry Rajoelina peut régler le problème, nous sommes derrière lui" a-t-il ajouté. La police et la gendarmerie assistaient à la conférence de presse.

TGV a affirmé ne pas avoir ordonné à l'armée d'investir Ambohitforohitra et la banque centrale. Un peu plus tôt il avait demandé à la police et à l'armée d'arrêter Marc Ravalomanana. "Andry Rajoelina est impatient de prendre ses fonctions" avait-il commenté avant d'accuser une nouvelle fois le président en place de "violations graves de la constitution malgache".

Lundi soir, Marc Ravalomanana était toujours retranché au palais de Iavoloha à 10 km d'Antananarivo. Il est protégé par la garde présidentielle qui pour l'instant n'a pas répondu à l'appel de ralliement au camp Rajoelina lancé par l'armée. TGV n'a pas indiqué s'il avait l'intention de demander aux militaires de marcher sur ce palais. "À l'heure actuelle, Ravalomanana n'a pas de pouvoir. Beaucoup de choses vont se passer dans les prochaines 48 heures" s'est-il limité à déclarer.

L'ex-maire d'Antananarivo a par ailleurs refusé la proposition de référendum formulée par le président en place pour sortir de la crise. "La population s'est déjà exprimée. Ce n'est pas la peine d'organiser un référendum. Il faut que Ravalomanana démissionne" a-t-il dit à la télévision malgache.

Rappelons que l'opposition a investi ce samedi de la Primature - les bureaux du Premier ministre -, affirmant qu'elle assumait le pouvoir et promettant des élections d'ici deux ans. Une mutinerie a éclaté, il y a une semaine, dans la plus grande caserne de la capitale. Les soldats ont réclamé le départ de l'actuel président en excluant la formation d'un gouvernement militaire.

L'Union africaine a condamné lundi toute "tentative de coup d'État". L'Union européenne a souligné "si un nouveau chef d'État prend le pouvoir par la force, la force militaire, ou en violant la Constitution, nous ne le reconnaîtrons pas". Elle a menacé de geler les aides au développement.

Depuis le début de la crise, fin janvier, au moins 135 personnes ont été tuées.
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