BLOCAGES ET BARRAGES FILTRANTS 287 procès-verbaux établis par les forces de l'ordre contre le conducteurs de taxis

SÉBASTIEN LECORNU "Ceux qui n'ont été ministres que quelques heures n'auront pas d’indemnités"

voir plus

Elections à la chambre de commerce et d'industrie

D. Moreau : "Notre ambition, représenter toutes les entreprises"

  • Publié le 29 novembre 2010 à 12:00
Daniel Moreau

Daniel Moreau, gérant de la société Royal Bourbon Industries, est l'un des candidats de la liste "Ensemble, agissons" présentée par le Medef (syndicat patronal) aux élections à la chambre de commerce et d'industrie qui se déroulent jusqu'au 8 décembre prochain. C'est cette liste qui a dénoncé, le 21 novembre dernier, des "tentatives de corruption" de postiers par "des membres de listes opposées". Particularité de la liste "soutenue par le Medef", il n'y a pas de leader désigné. "Les chefs d'entreprise éliront leurs représentants en fonction de leurs compétences et non en fonction d'une tête de liste" justifie en substance Daniel Moreau. Tourisme, relance de la commande publique, information aux entreprises sur les aides existantes ou encore restructuration de la CCIR, sont les grandes lignes du programme du Medef. Le tout dans un contexte de "réduction drastique du budget" de la chambre consulaire. "Notre ambition est de représenter toutes les entreprises", explique l'entrepreneur. Entretien.

* Le 21 novembre dernier, le Medef a parlé de "tentatives de corruption" qui seraient perpétrées par des candidats de listes opposées auprès des agents de La Poste. Avez-vous obtenu de nouveaux éléments depuis cette date ?

- Nous avions effectivement dénoncé des tentatives de corruption. Ce qui s'est passé par la suite montre que nous avions raison puisque la Poste a confirmé cela et a décidé de porter plainte contre X. Nous n'étions pas dans l'affabulation. C'est du concret. Nous souhaitons simplement que les entreprises puissent voter dans la sérénité et qu'elles choisissent leurs représentants dans la confiance.

* Certains de vos opposants ont dénoncé votre façon de faire. Ils estiment que vous "discréditez" cette élection et que vous "stigmatisez" une profession, celle des postiers. Que répondez-vous à cela ?

- Nous avons dénoncé cette pratique dans un souci de crédibilité. Il n'y aurait pas eu de soupçons de cette nature s'il n'y avait pas eu de dysfonctionnement frauduleux lors de précédents scrutins. Le Medef souhaite que les choses se passent bien. Après, chacun interprète notre acte comme il le souhaite. Notre position est claire, un travail doit être fait pour moraliser ce scrutin. Nous sommes favorables à toutes les évolutions susceptibles de permettre d'éviter ce genre de man?uvres et notamment le vote électronique.

* La particularité de la liste du Medef est de ne pas avoir de tête de liste désignée. N'est ce pas une erreur stratégique ?

- Se présenter sans tête de liste aux élections à la chambre de commerce n'est pas une chose nouvelle. C'est une position que nous considérons de bon sens et que nous assumons. Lors de la première étape, les chefs d'entreprise élisent en fonction de la compétence du représentant de leur collège et non pas en fonction d'une tête de liste. D'où la nécessité d'avoir un candidat de qualité, reconnu et représentatif de son domaine d'activité. Nous avons aussi voulu montrer qu'il s'agit d'une démarche collective des 36 candidats et non pas une démarche pour servir une ambition personnelle. Lors de la deuxième étape, il faudra désigner un présidentiable et nous le ferons. Nous avons dans notre liste des candidats aptes à être président et prêts à le faire.

* Guyto Narayanin, l'un de vos adversaires lors de ces élections, estime que votre liste ne représente pas les chefs d'entreprise réunionnais. Il parle de liste de "directeurs de société pouvant quitter la structure n'importe quand". Est-ce le cas ?

- C'est une déclaration qui n'engage que lui et c'est une contre-vérité totale. Pour l'essentiel, notre liste est composée de chefs d'entreprise, de petite et de grande taille. Ce sont de très bons professionnels reconnus dans leur secteur. Un tel jugement de valeur sur des candidats est inacceptable.

* Le Medef est parfois vu comme le syndicat qui défend les grandes entreprises. Qu'en pensez-vous ?

- Je tiens à préciser que 80% de nos adhérents sont des entreprises de moins de 10 salariés. Il est donc faux de dire que le Medef ne regroupe que des grosses entreprises. Notre ambition est de représenter toutes les entreprises de La Réunion et cela se retrouve dans notre liste. Elle est conforme au tissu économique réunionnais, que ce soit en termes de taille ou de typologie de l'entreprise. Notre programme traduit également notre volonté de représenter toutes les entreprises. Nous proposons à la fois des mesures transversales concernant toutes les entreprises et des mesures plus spécifiques à certains secteurs.

* Quelles sont ces mesures ?

- D'abord nous souhaitons une relance de la commande publique. La chambre de commerce doit travailler en collaboration avec les collectivités et le gouvernement pour permettre cette relance. La situation dans le BTP est catastrophique. Le secteur a perdu près de 8 000 emplois jusqu'à aujourd'hui et nous avons encore des craintes pour 2011. Il faut redémarrer vite et la chambre consulaire doit mettre tout en ?uvre pour que des chantiers démarrent. Il faut aussi travailler pour une relance de l'investissement privé. L'autre priorité d'action est l'accompagnement des entreprises et notamment celles de petite taille. Nous voulons mettre l'accent sur ce point. Il existe de nombreux dispositifs pour aider les entreprises en difficulté et faciliter la gestion. Mais les entrepreneurs ne sont pas forcément au courant de leur existence. La chambre de commerce doit davantage communiquer sur ces aides. Elle doit aussi jouer un rôle d'intermédiaire entre l'entreprise et les partenaires financiers. La CCIR doit accompagner les entreprises à la conquête de nouveaux marchés à l'international.

* Comment le secteur touristique doit-il aborder l'inscription de La Réunion au patrimoine mondial de l'Unesco ?

- Le secteur touristique doit surfer sur cette vague. La CCIR a toute sa place dans la fixation d'une stratégie touristique, aux côtés notamment de la Région et de l'IRT. Pour attirer les touristes, il faut d'abord renforcer la capacité d'accueil dans les hôtels et structurer le produit touristique. Il faut que nous soyons en mesure de proposer aux visiteurs des choses à voir et des choses à faire. Il faut aussi mettre l'accent sur la formation. Le tourisme est un formidable levier pour créer des emplois.

* A partir de 2011, la gestion de l'aéroport sera transférée à la société aéroportuaire. Le port devrait suivre le même chemin dans les prochaines années en intégrant une concession portuaire. Ces deux transferts sont-ils une bonne chose pour la chambre de commerce ?

- D'un côté, c'est une bonne chose puisque cela va permettre à la chambre de commerce de se recentrer sur sa mission principale, l'accompagnement des entreprises et la formation. Mais cette évolution se fera sentir en termes de finances. En effet, les recettes de la chambre de commerce, hors port et aéroport, ont baissé de 5% en 2010 en vertu d'une disposition législative. Cette loi fixe comme objectif une baisse totale de 15% du budget d'ici fin 2011. Nous devrons donc effectuer un travail de restructuration interne pour mieux optimiser les compétences.

* Le Medef a été le dernier à présenter sa liste à ces élections. Est ce que cela pourrait être un handicap ?

- Le Medef n'a pas attendu la campagne électorale à la chambre de commerce pour travailler en faveur des entreprises. Le travail de fond se fait toute l'année. Notre ambition est de faire avancer les dossiers économiques de La Réunion et de répondre aux attentes des entreprises.

* Avez-vous songé à des alliances si vous n'obtenez pas la majorité ?

- La question d'une alliance se posera si nos éventuels alliés respectent et partagent notre projet et nos valeurs : transparence, engagement, action et responsabilité.

Mounice Najafaly pour
guest
0 Commentaires