Un millier de gendarmes et de policiers sont mobilisés pour la gigantesque chasse à l'homme lancée pour retrouver Juliano Verbard dit "Petit lys d'amour", son amant Fabrice Michel et Alexin Michel, le père de ce dernier. Les trois hommes se sont évadés de la prison de Domenjod (Saint-Denis) à bord d'un hélicoptère ce lundi matin 27 avril 2009. Les forces de l'ordre ont mis en place des barrages sur l'ensemble du réseau routier. Mais ce sont plus "les informations recueillies par les enquêteurs et les déclarations des témoins qui aideront à l'arrestation des trois hommes" a commenté Pierre Henry Maccioni, préfet de La Réunion, dans la conférence de presse qu'il a tenue lundi après-midi. "Pour le moment nous avons très peu d'éléments pour mener l'enquête" a noté pour sa part le procureur François Muguet.
"Tu fais ce qu'on te dit de faire, sinon on met le feu à la bouteille d'essence et on saute tous. Nous, on n'a plus rien à perdre". En même temps qu'il prononce cette phrase menaçante, l'un des trois passagers de l'hélicoptère menace le pilote et le mécanicien d'une arme.Appartenant à la compagnie Mafate hélicoptère, l'appareil avait décollé de Mafate peu de temps avant cela. À son bord se trouvaient trois hommes. "Dans un premier temps à Mafate, un homme seul a demandé à la compagnie d'hélicoptère de le rapatrier vers Gillot. Deux hommes sont ensuite venus rejoindre le premier. C'est peu après le décollage qu'ils se sont faits menaçants" relate le procureur François Muguet.
"Le pilote nous a dit qu'ils portaient des treillis et qu'ils avaient l'air de touristes. Ils ont demandé à faire un tour au-dessus de La Réunion" raconte Marie Vitale l'une des premières personnes à avoir parlé au pilote après la fuite des évadés et de leurs complices. "Le pilote et le mécanicien ont essayé de résister, mais les trois hommes ont menacé de mettre le feu à l'hélicoptère et ils ont exigé d'être conduits à la prison de Domenjod" poursuit Marie Vitale.
Arrivés au-dessus de la maison d'arrêt, les preneurs d'otage ont intimé au pilote l'ordre de descendre très bas au-dessus de la cour de promenade où se trouvaient Juliano Verbard, Fabrice Michel et Alexin Michel. Les trois hommes montent à bord en prenant appui sur les pantins de l'hélico. La machine reprend ensuite rapidement de l'altitude.
Les preneurs d'otages et les évadés ordonnent au pilote de se poser dans un terrain vague derrière la Technopole. Ils s'enfuient à bord d'un fourgon blanc encore non identifié. Le pilote et le mécanicien sont sains et saufs mais très choqués à bord de l'hélicoptère.
Les forces de l'ordre sont alertées. Le plan Papangue, synonyme de chasse à l'homme, est lancé. Des barrages sont mis en place sur tous le réseau routier. Sur le terrain vague, les hommes de la police scientifique puis les gendarmes de l'identité criminelle relèvent les empreintes et les indices. Le pilote, le mécanicien et deux témoins qui ont vu la machine se poser et Juliano et ses complices s'enfuir sont rapidement auditionnés sur place puis conduits au commissariat de la rue Malartic. Le procureur de la République a annoncé que des mesures ont été prises pour informer les victimes de Juliano Verbard de son évasion, "à La Réunion et en métropole".
À noter que flambante neuve, elle a ouvert ses portes le 12 décembre 2008, la prison de Domenjod n'est pas équipée de filets anti hélicoptère. "Le choix de ne pas mettre de filet a été effectué du fait que La Réunion étant une île, il n'est pas possible de quitter le territoire à bord d'un hélicoptère" a expliqué le préfet dans sa conférence de presse. "J'ai demandé que ces filets soient maintenant posés" a indiqué Pierre Henry Maccioni.
Rappelons que Juliano Verbard, dit le "Petit Lys d'amour" est le fondateur de la secte "Coeur douloureux et immaculé de Marie". Le vendredi 3 août 2007 il avait orchestré l'enlèvement au domicile de ses parents du jeune Alexandre, 12 ans au moment des faits, qu'il avait désigné comme son successeur. L'enfant avait été retrouvé et libéré le dimanche 5 août 2007 par les forces de l'ordre au Tampon. Juliano Verbard et ses disciples avaient quant à eux été arrêtés.
Cet enlèvement a été commis alors que Juliano Verbard était en cavale et recherché pour des faits de viols et agressions sexuelles perpétrés sur mineur en 2005. En 2008 il avait été condamné dans ce dossier à 15 ans de réclusion criminelle. L'affaire de l'enlèvement d'Alexandre n'a pas encore été jugée. Juliano Verbard, les Michel père et fils et quelques uns de leurs complices sont toujours en détention prévention pour ces faits. Selon François Muguet, les évadés et leurs complices risquent jusqu'à 10 ans de prison pour cette "évasion en bande organisée".