Compagnie aérienne

La mort d'Air Bourbon

  • Publié le 8 décembre 2004 à 00:00

Le tribunal de commerce de Saint-Denis a prononcé ce mercredi 8 décembre 2004 la liquidation judiciaire d'Air Bourbon. "C'est un drame pour nos passagers, pour notre personnel et pour La Réunion" a commenté Érick Lazarus, P.D.-G. de la compagnie aérienne à sa sortie du tribunal. L'entreprise employait 165 personnes

La compagnie aérienne avait été placée en redressement judiciaire pour 8 mois le vendredi 3 décembre sous réserve du rapport des administrateurs judiciaires sur la situation réelle de l'entreprise. Présenté aux juges ce mercredi 8 décembre cet état des lieux a été accablant pour l'entreprise.
À huis clos pendant une heure et demie, en présence des dirigeants et des représentants du personnel de la compagnie, les administrateurs judicaires ont rendu compte de leur mission d'audit. À son retour dans la salle d'audience, Érick Lazarus avait le visage fermé. Il savait visiblement la partie perdue.

"La mort dans l'âme"

Effectivement après quelques minutes de délibéré, les juges revenaient dans la salle d'audience et rendaient leur décision. Le président du tribunal disait qu'après avoir "examiné toutes les possibilités", et constaté que "les financements venant d'éventuels investisseurs n'existaient pas", le tribunal a décidé"la mort dans l'âme de transformer le redressement judiciaire en liquidation judiciaire". À peine perceptible, un murmure de détresse montait alors du public, essentiellement des salariés de l'entreprise. "Croyez bien que toutes les pistes ont été explorées, que tout a été tenté pour trouver une autre issue, hélas cela n'a pas été possible" ajoute encore le président.
La salle d'audience se vide. Des salariées ne peuvent retenir leurs larmes. "Joyeux Noël à tous" lance un steward désabusé.


"Un drame pour La Réunion"

"Il nous fallait beaucoup de financements pour tenir jusqu'à fin janvier et nous ne les avions pas. Tout s'arrête aujourd'hui et c'est un drame" commente Érick Lazarus. Il n'a pas été en mesure d'obtenir des engagements fermes de la part d'investisseurs crédibles et c'est avec un compte bancaire créditeur de 90 000 euros - autant dire rien pour une compagnie aérienne -, qu'il s'est une nouvelle fois présenté devant le tribunal.
"Nous n'avons pas d'argent et nous n'en attendons pas prochainement. Nous n'avons pas l'intention de faire appel de la décision des juges. C'est donc malheureusement terminé pour le beau projet qu'était Air Bourbon" soulignait Maître Arnaud, avocat de l'entreprise.

Reclassement

Les 165 salaires, qui devraient recevoir leur salaire de novembre dans les prochains jours, vont maintenant intégrer la procédure des licenciements économiques. L'État a annoncé la mise en place d'une cellule de reclassement pour essayer de placer du personnel dans les autres compagnies aériennes. Mais il est à craindre que beaucoup d'entre eux ne retrouvent pas de travail dans l'immédiat.
Les passagers d'Air Bourbon munis d'un billet aller-retour, ils sont plusieurs milliers dans ce cas, leur seul recours s'ils veulent voyager et de se racheter un billet sur une autre compagnie. À condition bien sûr, d'en avoir les moyens et de trouver de la place. En cette période d'été austral, les vols sont en effet complets.

Place vide

Quant à l'unique appareil de la compagnie, un Airbus 340-200, il a été immobilisé le vendredi 26 novembre par son propriétaire, en l'occurrence Airbus qui le louait à Air Bourbon. Depuis l'emplacement de l'avion sur la piste de l'aéroport international Roland Garros est restée vide.
Air Bourbon avait pris son envol le samedi 7 juin 2003. La compagnie assurait 4 rotations par semaine entre La Réunion et la métropole.
En proie à de graves difficultés de trésorerie, la compagnie a cessé ses activités le vendredi 26 novembre et elle avait déposé son bilan le lundi 29 novembre.
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