Près de la moitié des maires des 24 communes de l'île ont été réélus dès le premier tour des municipales ce dimanche 9 mars 2008. Saint-Benoît est la seule ville à changer de majorité. UMP jusqu'à présent, elle tombe dans l'escarcelle du PS. Mais le fait le plus marquant de ce scrutin est le ballottage imposé à Saint-André par le communiste Éric Fruteau à Jean-Paul Virapoullé, chef de file historique de la droite locale. À Saint-Denis, un second tour sera nécessaire pour départager le maire UMP sortant René-Paul Victoria et le socialiste Gilbert Annette. Même configuration à Saint-Paul entre le maire sortant UMP Alain Bénard et la communiste Huguette Bello. Les deux duels seront très serrés.
Comme toutes les élections, le premier tour des municipales a été l'occasion de bouleversements. Cette fois c'est Jean-Paul Virapoullé, sénateur-maire de Saint-André et chef de file de l'UMP, qui en a fait les frais. Avec moins de 40,34% des voix, il est ballottage défavorable face au communiste Éric Fruteau qui totalise 48,33% des suffrages sur son nom. "C'est une surprise" a concédé Jean-Paul Virapoullé, dimanche soir. "Elle sera meilleure dimanche prochain" s'est-il empressé d'ajouter. Reste que ladite surprise est de taille.Élu pour maire de Saint-André pour la première fois en 1972, il a depuis toujours été réélu au premier tour. Seul le communiste Laurent Vergès l'avait mis sérieusement en difficulté en 1983. Jean-Paul Virapoullé l'avait devancé d'à peine 40. Le scrutin avait ensuite été invalidé pour fraude électorale et le maire sortant avait finalement été réélu.
Usure du pouvoir
L'usure du pouvoir et une stratégie mal comprise par ses partisans sont sans doute à l'origine de cette contre-performance. Jean-Paul Virapoullé a en effet placé son fils Jean-Marie en deuxième position sur sa liste au détriment de Serge Camatchy son premier adjoint sortant. Beaucoup n'ont pas apprécié et la sanction est visiblement sortie des urnes. Jean-Paul Virapoullé semble l'avoir compris. Dès dimanche soir, il se disait prêt à négocier avec Serge Camatchy... Mais le moins que l'on puisse dire est que le second tour ne sera pas facile pour le maire sortant. Le socialiste Emmanuel Sériacaroupin obtient 11,33%. Un accord de désistement républicain ayant été passé entre le PCR et le PS avant le premier tour, le candidat socialiste devrait donc appeler à voter pour Éric Fruteau et renforcer ainsi sa pool position.
Coup de semonce
Un même coup de semonce, moins violent, a été aussi donné à l'UMP Marco Boyer à la Plaine des Palmistes. En ballottage favorable, il devra repartir à la bataille pour un second tour imposé par le PS Jean-Luc Saint-Lambert. Cela ne lui était jamais arrivé depuis sa première élection en 1989.
À relever aussi le ballottage défavorable infligé à Saint-Louis par l'ancien maire communiste Claude Hoarau au maire sortant divers droite Cyril Hamilcaro. Dans cette commune, les jeux sont loin d'être fait et la semaine d'entre les deux tours risque d'être tendue.
Ballottage également à Saint-Leu. Le candidat Modem, Thierry Robert, soutenu par le parti communiste fini le scrutin en tête avec 47% des suffrages et impose un ballottage défavorable et inattendu au maire UMP sortant, Jean-Luc Poudroux.
75% des voix
Patrick Lebreton n'a pas eu à faire face à ces inquiétudes. C'est par un véritable plébiscite que le maire socialiste sortant de Saint-Joseph a été réélu. Avec 75% des suffrages, il est aussi le maire le "mieux" élu de ce dimanche. Il est ainsi en tête du peloton des réélus du premier tour. Parmi ces derniers se trouvent les trois maires communistes, Maurice Gironcel (Sainte-Suzanne), Jean-Yves Langenier (le Port) qui avec 69,15% des suffrages progressent en voix et en pourcentage par rapport à 2001, et Roland Robert (La Possession). Ce dernier entame ainsi son 7ème mandat - il a été élu pour la première fois en 1971 - mais avec 52,37% des voix, il est loin des plus des 60% réalisaient lors des précédents scrutin. Là également, l'usure du pouvoir semble avoir joué.
Duels serrés
M. Lacouture (UMP - Étang-Salé), Michel Dennemont (divers droite - les Avirons), Didier Robert (UMP - le Tampon), Paul Técher (divers droite - Cilaos), Stéphane Fouassin (UMP - Salazie), Jean-Louis Lagourgue (divers droite - Sainte-Marie) et Michel Fontaine (UMP - Saint-Pierre) viennent compléter le groupe des réélus.
Élie Hoarau, secrétaire général du parti communiste, n'est donc pas arrivé à reconquérir la mairie de Saint-Pierre qu'il a perdue en 2001. Le socialiste Jean-Claude Fruteau réussit par contre à reprendre la commune de Saint-Benoît gagnée par l'UMP Bertho Audifax en 2001.
À noter enfin les duels serrées qui se dérouleront dimanche prochain à Saint-Denis. À peine un point sépare le maire UMP sortant René-Paul Victoria et l'ancien maire socialiste Gilbert Annette. À Saint-Paul, le maire UMP sortant, Alain Bénard, termine en tête (43,30%), mais avec 42,11% des voix, la communiste Huguette Bello n'a jamais été aussi bien placée pour le second tour.
Côté cantonales, à noter la réélection dans le premier canton de Saint-Denis de Nassimah Dindar, présidente UMP sortant du conseil général.