Présenté par le parti communiste réunionnais, Maurice Gironcel a été élu maire de Sainte-Suzanne avec 52,34% des suffrages ce dimanche 5 février 2012. Daniel Alamélou, ex premier adjoint PCR de la maire PCR Yolande Pausé, totalise 47,65% des voix. Les partisans de Maurice Gironcel se sont regroupés en mairie pour célébrer leur victoire.
Déjà en tête du premier tour avec une avance de 13 points face à Daniel Alamélou, Maurice Gironcel a remporté la partie ce dimanche soir. Sa victoire a commencé à se dessiner dès le dépouillement des premières centaines des bulletins de vote. Le candidat présenté par le PCR s'est installé en tête et n'a plus jamais lâché les commandes jusqu'au résultat final.Dans les deux camps ont a d'ailleurs compris très vite que les jeux étaient faits. Vers 19 heures, tandis que les partisans de Maurice Gironcel laissaient éclater leur joie et se dirigeaient vers la mairie, ceux de Daniel Alamélou, Yolande Pausé et Antonio Grondin (ex Nouveau centre) quittaient discrètement leur permanence et rentraient chez eux.
Maurice Gironcel et le PCR avec lui ont donc gagné leur pari. Le premier retrouve le fauteuil de maire qu'il avait dû céder à Yolande Pausé en 2009 pour cause d'inéligibilité à la suite d'une condamnation judiciaire pour des faits, notamment, de détournement de fonds qu'il a toujours contesté. Le second est conforté dans sa décision d'avoir soutenu la candidature de Maurice Gironcel. Contre vents et marées, contre grogne et incompréhension dans ses propres rangs y compris dans ceux du comité central, l'organe décisionnaire du parti communiste réunionnais. ([url=http:///reportage.php?id_reportage=14338&id_rubrique=02] Voir article "Les plaies du parti communiste" [url])
Daniel Alamélou et Yolande Pausé ont donc perdu leur pari. Et finalement ce n'est pas une grande surprise. La mésentente - le mot est sans doute trop faible - qui présidait à leurs relations depuis plusieurs mois n'était un secret pour personne. Surtout pas pour les électeurs de Sainte-Suzanne. Daniel Alamélou avait accédé au poste de premier adjoint en 2009 lors du départ de Maurice Gironcel. Très vite, il avait manifesté le désir de s'émanciper de la tutelle de la nouvelle maire. Les proches de cette dernière le soupçonnaient même d'avoir organisé au moins l'un des deux mouvements de grève des employés communaux contre la politique développée par Yolande Pausé. Malgré cela, en 2010, le PCR l'avait investi pour les cantonales et c'est avec l'étiquette PCR - dont il était membre du comité central -, qu'il avait été élu conseiller général.
Lors de la campagne pour le premier tour, les partisans de l'un et de l'autre ne s'étaient pas privés de dire tout le mal qu'ils pensaient de Maurice Gironcel, certes, mais aussi de Daniel Alamélou ou de Yolande Pausé. L'un et l'autre ont pourtant décidé de fusionner leur liste à l'issue du premier tour. Ils ont même fait alliance avec Antonio Grondin, un conseiller municipal sortant de droite soutenu par le Nouveau centre. Lequel, au premier tour voulait absolument "barrer la route aux communistes, qu'ils s'appellent Girconcel, Alamélou ou Pausé".
Le calcul des trois alliés était simple, simpliste diront leurs détracteurs. Ils ont additionné leurs voix : les 29,59% de Daniel Alamélou, les 13,06% de Yolande Pausé et les 9,14% d'Antonio Grondin, soit un total de 51,79%. Maurice Gironcel ayant totalisait 43,50% des voix, cette addition plaçait les trois alliés en tête. Sur le papier. Uniquement sur le papier.
Car dans les faits et sur le terrain politique, l'arithmétique n'a que rarement le dernier mot. Surtout lorsqu'il faut expliquer aux électeurs que les adversaires d'hier sont les amis d'aujourd'hui, que les "dangereux communistes" de la veille sont les alliés du jour, que "le représentant de la droite sarkozyste" est finalement une "personne de bonne volonté". Daniel Alamélou, Yolande Pausé et Antonio Grondin l'ont constaté à leurs dépens ce dimanche soir.
Daniel Alamélou se consolait en pensant déjà aux prochaines municipales générales qui auront lieu en 2014. Dès la fin du dépouillement il soulignait "qu'à peine quelques centaines de voix" le séparaient de son adversaire et que "près de la moitié des électeurs" s'était prononcé en sa faveur et que cela "était intéressant pour l'avenir". Il reste aussi conseiller général. Dans son communiqué félicitant Maurice Gironcel pour son élection, Nassimah Dindar a d'ailleurs tenu à le féliciter lui également "pour le travail réalisé" ([url=http:///reportage.php?id_reportage=14337&id_rubrique=02] Voir article "C'est une grande victoire électorale et politique" [url]).
Yolande Pausé pour sa part doit ressentir sa défaite de manière plus cinglante. D'abord parce qu'elle était une militante - et un membre du comité central -, beaucoup plus impliquée que Daniel Alamélou dans les affaires de son parti. Ensuite parce qu'elle perd son seul mandat important.
"Nous avions tendu la main à Yolande Pausé, nous ne l'avons jamais attaquée pendant la campagne, elle a refusé de saisir cette main tendue", remarquait-on dimanche soir dans les rangs des proches du nouveau maire. "Elle aurait dû maintenir sa candidature au deuxième tour. Elle favorisait la victoire de Maurice Gironcel et après l'élection nous aurions pu nous retrouver. Elle ne l'a pas compris, dommage pour elle", dit-on encore.
Le PCR conserve donc la mairie de Sainte-Suzanne. Une ville massivement communiste. Au point qu'il n'y a quasiment que des élus communistes ou issus des rangs communistes dans le nouveau conseil municipal. Les deux représentants de la droite ne sont élus que parce qu'ils ont fait alliance avec des communistes (Eddy Adékalom, divers droite, a fait alliance avec Maurice Gironcel sans que cela n'ait de réelle influence sur le résultat final).
Le scrutin est fini, il reste maintenant à gérer les plaies parfois béantes que cette campagne souvent âpre aura laissées au sein même du PCR.
0 Commentaires