L'assemblée générale des Nations Unies a proclamé le 17 octobre journée internationale pour l'élimination de la pauvreté en 1992. Les plus pauvres et ceux qui refusent la misère et l'exclusion témoignent de leur solidarité et de leur engagement pour que la dignité et la liberté de tous soient respectées. A l'occasion de cette journée, l'Institut national de la statistique et des études économiques a publié une série de données sur la pauvreté à La Réunion.
* Niveaux de vie 2001-2006 : les inégalités s'accentuentEn 2006, un réunionnais sur deux vit avec moins de 790 euros par mois. Si l'on se réfère au seuil de pauvreté national qui était en 2006 légèrement supérieur à 800 euros par mois, la part des personnes vivant à La Réunion avec un niveau de vie inférieur à ce seuil s'établit à 52 %. En moyenne, le niveau de vie réunionnais (1 030 euros/mois) est plus faible qu'en France (1 460 euros/mois), même s'il a progressé de 4 % en 5 ans.
Les inégalités de revenus sont elles plus prononcées à La Réunion. En 2006, les 10 % des individus les plus aisés de la population ont un niveau de vie cinq fois supérieur aux 10 % les plus modestes. Pour la France, ce rapport est de 3,6. Par rapport à 2001, les inégalités se sont accentuées, les hausses de niveaux de vie ayant essentiellement profité aux plus aisés.
* Amélioration de la pauvreté en conditions de vie
La pauvreté en conditions de vie permet de considérer, au-delà des faiblesses des ressources monétaires, l'absence ou la difficulté d'accès à certains équipements de base et certains biens. En 2006, 14 % de la population réunionnaise vit dans des conditions particulièrement difficiles. Depuis 2001, les conditions de logement et l'accès à la consommation se sont néanmoins améliorées.
* Des travailleurs pauvres plus nombreux
Avec la multiplication des contrats à temps partiel ou peu rémunérés, intérimaires, jeunes apprentis, salariés de l'aide à domicile, de plus en plus de personnes se trouvent dans une situation précaire bien qu'elles travaillent. Aucun dispositif n'est prévu pour l'accompagnement de ces personnes et le suivi de leur parcours.
A La Réunion, 55 000 salariés, sur les 200 000 employés par les entreprises privées, semi-publiques ou collectivités locales, ont perçu un revenu salarial annuel inférieur à 9 000 euros. Ce sont le plus souvent des ouvriers ou des employés, en emploi temporaire ou qui travaillent à temps partiel. La plupart d'entre eux sont des jeunes ou des femmes.
* 140 000 allocataires de minima sociaux
En 2009, 140 000 allocataires ont touché une prestation considérée comme minimum social à La Réunion. Plus de 70 % des prestations sont allouées par la CAF, qui dénombre 98 500 allocataires bénéficiant d'au moins un minimum social. Plus de 4 % des bénéficiaires de minima sociaux en France résident à La Réunion, qui ne représente pourtant que 1,3 % de la population française.
* Indice de développement humain : des progrès mais un retard persistant
Les progrès de La Réunion en terme de développement humain (au sens du PNUD) sont notables ces vingt dernières années. En 2005, l'indice de développement humain de La Réunion se situait, dans une perspective internationale, dans un groupe d'une dizaine de pays qui occupent la 29è à la 37è place du classement mondial. Il est constitué de certains pays de l'Union Européenne (Portugal, République Tchèque, Malte, Hongrie, Pologne), trois émirats pétroliers (Brunei, Koweït, Qatar) et une île-État des Antilles.
Le retard par rapport à la France (10è au classement mondial) apparaît encore important. Trois composantes servent au calcul de l'indice : la santé, l'éducation et la richesse monétaire.
L'indice de santé est calculé en fonction de l'espérance de vie à la naissance. Celle de La Réunion étant inférieure de 4 ans à celle de la France, l'indice de santé réunionnais montre un retard de 0,06 point.
L'indice d'éducation combine les taux de scolarisation et l'alphabétisme. La faiblesse du taux de scolarisation réunionnais, calculé sur les 6-22 ans, s'explique par une baisse plus rapide après 16 ans à La Réunion. Ainsi, le taux de scolarisation des 16-19 ans à La Réunion n'est que de 72 % (84 % en métropole), et celui des 20-24 ans de 18 % (contre 34 %). Concernant l'indice d'alphabétisme des adultes, on l'estime proche de 0,98 (0,99 en France). Globalement, l'indice d'éducation réunionnais est en retard de 0,05 point par rapport à la France.
Enfin l'indice de richesse monétaire, qui compare le produit intérieur brut par habitant, est celui qui accuse le retard le plus important (0,1 point). Finalement, l'indice de développement humain réunionnais s'élève en 2005 à 0,881, contre 0,952 en France.