CHR de Bellepierre

Un chirurgien suspendu pour s'être trompé de rein

  • Publié le 7 mars 2011 à 15:00
Centre hospitalier Felix Guyon

Suite à la la révélation par le Journal de l'Ile d'une erreur médicale grave qui a coûté un rein sain à un patient de 71 ans atteint de cancer, la direction du centre hospitalier Felix Guyon, s'expliquait ce lundi 7 mars 2011 sur les conditions de l'erreur et les mesures prises. Le praticien d'une cinquantaine d'années a été suspendu par l'hôpital et une proposition d'indemnisation a été faite à la famille.

Un praticien du Centre Hospitalier régional de Bellepierre a été suspendu suite à une erreur médicale grave au cours de laquelle il a ôté un rein sain à un patient de 71 ans atteint d'une tumeur à l'autre rein, a indiqué la direction du CHR lundi 7 mars, confirmant une information révélée par le Journal de l'Ile de samedi.

Le 14 février dernier, le septuagénaire est entré au bloc opératoire pour une néphrectomie, soit une ablation du rein gauche porteur d'une tumeur. Suite à une mauvaise interprétation d'un cliché, le processus de vérification en vigueur n'a pas permis d'éviter l'erreur humaine du départ qui a abouti à l'ablation du mauvais rein. Lorsque l'équipe médicale s'est rendue compte de l'erreur, il était trop tard.

Dès la découverte de l'erreur, une revue de morbi-mortalité (RMM) permettant de rechercher et d'analyser les causes ayant conduit à l'erreur médicale a été mise en place par l'hôpital. Cette analyse des causes révèle " essentiellement une erreur médicale individuelle ". Le médecin concerné avait été suspendu dans l'attente de ces résultats.

Le patient victime de cette erreur s'est donc vu proposer une nouvelle intervention sur le rein malade, pouvant, si elle réussi, lui éviter la dialyse à vie. L'hôpital a également proposé une indemnisation à la famille, réglées par les assurances de l'établissement au motif de l'erreur médicale. La famille peut malgré tout engager des poursuites si elle le souhaite.

La " check list " de vérification du dossier médial que doivent suivre tous les praticiens avant une opération a été aussi complétée par le CHR : dorénavant, un contrôle des radiographies en cours de procédure doit être effectué pour éviter ce type d'erreur.

Le praticien auteur de l'erreur a été recruté en 2007 au centre hospitalier Félix Guyon et titularisé en 2009, malgré un avis négatif du CHR, qui avait déjà constaté des problèmes d'attention et de concentration chez ce chirurgien. Mais sans faute médicale caractérisée, le centre national de gestion des personnels hospitaliers a décidé de le titulariser. Ce à quoi le CHR ne pouvait pas s'opposer.

Pourtant, son avis négatif se fondait sur l'observation de problèmes d'attention, comme " des dossiers médicaux remplis de manière incomplète ", indique Michel Calmon, directeur général du CHR de la Réunion. Et à la question de savoir s'il aurait pu pratiquer cette opération si l'avis négatif du CHR avait été suivie : la réponse tombe comme un couperet. Et elle est négative.

La direction a cependant souhaité préciser que ce praticien ne pouvait être tenu pour responsable des décès qui ont eu lieu au centre de greffes de rein l'année dernière. Il aurait participé au début d'une des interventions qui s'était soldée par le décès du patient, laissant ensuite la place à son collègue plus expérimenté. Et en la matière, les médecins avaient été blanchis.

Ce praticien a également été mis en cause dans le cadre de son activité en Corse. Mais la plainte dont il avait fait l'objet s'est soldée par une relaxe en première instance.

Aujourd'hui, " l'analyse des causes souligne essentiellement une erreur médicale
individuelle, la décision de suspension du chirurgien a été établie à titre définitif et le Centre
National de Gestion a été saisi, avec l'accord du praticien, pour solliciter une position de
recherche d'affectation ", indique encore le CHR. Ce chirurgien pourrait être affecté à des tâches administratives ou moins exposées. Mais pas au CHR Felix Guyon.


Quid de la réouverture du centre de greffe?

Suite à plusieurs décès constatés au centre de greffe de l'hôpital Felix Guyon en 2010, celui-ci avait été fermé. Aujourd'hui, " 95% du chemin a été fait ", indique M. Santos, de la direction de la qualité et de la communication. Les protocoles écris par le centre hospitalier attendent une validation du centre de biomédecine qui permettra à l'agence régionale de santé de donner son feu vert à la réouverture du centre. Mais avec un chirurgien urologue en moins et sachant que ces praticiens sont " difficiles à recruter ", d'après le Dr Henni, président de la commission médicale d'établissement Félix Guyon, un coup d'arrêt est-il porté au processus? Pas forcément. " Nous sommes en cours de recrutement de deux urologues et nous mettons en place un deal avec ceux de la clinique Sainte-Clotilde ", poursuit M. Santos. Donc le processus suit son cours.

Marine Veith pour
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