Il hisse un drapeau à la mosquée du Port : poursuivi pour apologie du terrorisme, Ibrahim A. veut sortir de prison

  • Publié le 2 décembre 2025 à 15:21
  • Actualisé le 2 décembre 2025 à 16:36
prison du Port

Avant d’être jugé le 19 décembre 2025 en comparution immédiate à délai différé, Ibrahim A., 22 ans, était présenté ce mardi matin devant la chambre de l’instruction. Le jeune homme, défendu par Me Morgan Pouly, demande à quitter la détention provisoire dans laquelle il a été placé après sa mise en cause pour apologie du terrorisme. Il avait hissé un drapeau noir à la mosquée du Port. Il est poursuivi devant le tribunal correctionnel, et non dans le cadre d’une instruction criminelle (photo Sly/www.imazpress.com)

L’affaire débute lorsque les responsables de la mosquée du Port portent plainte après la découverte d’un drapeau noir, assimilé à un symbole de l’islam radical, accroché sur leur lieu de culte.

Interpellé, Ibrahim A. est entendu par les policiers. Sur ses réseaux sociaux, les enquêteurs découvrent de nombreux messages et images : drapeaux occidentaux en flammes, accusations de domination coloniale envers les pays musulmans, publications régulières laissant entrevoir une adhésion claire à des références radicales.

C'est le 13 novembre, date anniversaire des attentats du Bataclan, que le drapeau noir aurait été affiché, un geste lourd de sens pour les magistrats.

 - Une altération du discernement retenue, mais un danger souligné par la cour -

Un psychiatre l’a examiné : il conclut à une altération du discernement au moment des faits. L’homme minimise son geste, affirme ne pas comprendre ce qu’on lui reproche. Mais pour l’avocate générale, cette altération renforce au contraire le risque : "Ses publications sont cohérentes, régulières, dépourvues d’ambiguïté sur sa manière de penser. Un déséquilibré cohérent dans sa radicalité peut passer à l’acte."

Elle insiste : Ibrahim A. n’offre "aucune garantie de représentation". Il vit chez sa mère, n’a pas de suivi structuré et présente des propos instables en audience. Les investigations sont encore en cours, dans l’attente du procès du 19 décembre.

 - La défense plaide l’insertion, pas la dangerosité -

Pour Me Morgan Pouly, rien ne justifie une incarcération aussi lourde : "Il n’est pas dangereux sur le plan psychiatrique. Il n’a aucun casier, est totalement inconnu des services. On le place en cellule avec deux hommes qui n’ont rien à voir avec son profil."

L’avocat rappelle qu’Ibrahim A. bénéficie d’un contrat d’accompagnement jeune et travaille à l’obtention d’un CAP : "La détention le désorganise totalement. Une interdiction de paraître au Port et une obligation de soins peuvent protéger la société. La détention provisoire doit rester exceptionnelle."

Comme le veut la procédure, Ibrahim A. a eu la parole en dernier. Son intervention, longue et confuse, a laissé paraître la fragilité évoquée par l’expert psychiatre :

"Le drapeau noir c’était pour la paix. Je ne savais même pas que le 13 novembre y’avait eu des attentats. Je voulais que les musulmans soient unis sous un même drapeau parce qu’ils sont divisés. Rien à voir avec des terroristes ou je sais pas quoi."

La chambre de l’instruction a mis sa décision en délibéré à mercredi.

is/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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