Affaire d'abus de pouvoir, blanchiment, recel et préjudice supposés de trois millions d'euros : Jacques Virin condamné à un an de prison avec sursis

  • Publié le 28 novembre 2025 à 08:27
  • Actualisé le 28 novembre 2025 à 09:57
tribunal judiciare  saint-denis

(Actualisé) Le tribunal correctionnel de Saint-Denis a rendu son jugement ce vendredi 28 novembre 2025, dans le dossier la Coopérative ouvrière réunionnaise (COR). Jacques Virin, 80 ans, ancien dirigeant emblématique, est reconnu coupable de certains faits d'abus de biens sociaux et relaxé pour d'autres dont notamment ceux qui concernaient TLR et la société des pêcheurs ainsi que ses salaires. Il est condamné à 1 an de prison avec sursis et 30.000 euros d'amende pour les autres faits. Il est relaxé pour les faits d'abus de pouvoir et de blanchiment. Sa fille Christine, 47 ans, est condamnée à 4 mois de prison avec sursis et 10.000 euros d'amende. Philippe Bénard est relaxé (Photo rb/www.imazpress.com)

Christine Virin est relaxée pour les faits d'abus de confiance pour lesquels son père est relaxé. Concernant ses salaires, le tribunal a estimé qu'elle était coupable d'avoir reçu 69.817 euros de salaires indus et l'a relaxé sur la période de 2009. Elle est condamnée à 4 mois de prison avec sursis et 10.000 euros d'amende.

La COR a été reconnue partie civile. Son préjudice matériel est estimé à 48.000 euros. Les 62 dockers qui s'étaient porté partie civile ne seront pas indemnisés, leurs demandes ont été jugées irrecevables. Christine Virin devra rembourser les 69.817 euros indument perçus ainsi que 2000 euros de préjudice moral.

- Une plainte déposé par la Coopérative il y a 14 ans - 

Plus de quatorze ans après la plainte déposée par la COR, l’affaire est enfin arrivée devant la justice. Une lenteur pointée par le parquet et vécue comme une injustice par de nombreux dockers. Ils étaient une cinquantaine à assister à l’audience le 26 septembre dernier, déterminés à rappeler que derrière les montages financiers, ce sont des salariés et coopérateurs qui estiment avoir été lésés.

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Créée en 1994, la COR est née de la volonté des dockers du Port de gérer eux-mêmes la manutention et le transit. Jacques Virin, docker charismatique, en devient le PDG. Sous son impulsion, la coopérative se développe rapidement et dépasse son champ initial.

Transport (TLR), logistique à Mayotte (RSM, issue de la SMART), métallurgie (Métal Réunion), boulangerie industrielle (Domaine du Pain), distribution alimentaire et matériel pour boulangeries (CODIPB) : une quinzaine de sociétés gravitent autour de la COR. À la tête de certaines d’entre elles, on retrouve Christine Virin, son gendre ou encore Philippe Bénard, proche de longue date.

Selon l’accusation, tout convergeait vers un seul homme : Jacques Virin. Témoins et coopérateurs le décrivent comme un patron autoritaire, difficile à contredire. "On ne pouvait pas s’opposer à lui. Si on contestait, la COR se retournait contre nous", a rappelé un témoin cité à l’audience.

C’est en 2011, après la révocation de Jacques Virin et son départ à la retraite, qu’un audit révèle de lourdes irrégularités : rémunérations indues, prêts personnels sans autorisation (dont 48.000 euros accordés à des pêcheurs du Port), investissements engagés en dehors de tout contrôle du conseil d’administration.

Au total, le préjudice est estimé à environ trois millions d’euros. Toutes ces opérations ont été effectuées sans aval du conseil d’administration ni vote en assemblée générale.

- "C'était de l'argent qui ne vous appartenait pas" -

"Vous investissez l’argent de la COR, qui ne vous appartient pas", a lancé la présidente de l'audience correctionnelle à Jacques Virin. "C’était dans la précipitation", a-t-il répondu. Réplique immédiate : "Cela interroge profondément votre manière de gérer."

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À chaque évocation de chiffres ou de montages, des murmures se sont élevés parmi les dockers présents. "Ils nous ont volés", lâche l’un d’eux. D’autres secouent la tête lorsque Jacques Virin nie toute responsabilité personnelle.

L’octogénaire reste pourtant combatif. Il dit n’avoir jamais cherché à s’enrichir et défend une stratégie de diversification "pour développer la coopérative". Sa fille et Philippe Bénard affirment, eux aussi, avoir perçu uniquement ce que leurs contrats prévoyaient et avoir agi de bonne foi.

Le parquet insiste sur un "mélange des genres poussé à l’extrême". "Votre ADN, c’était de décharger des containers. Aucune de ces sociétés n’avait de lien avec l’objet social de la COR", rappelle le ministère public, citant notamment le Domaine du Pain : "une boulangerie dirigée par vos proches".

- "Vous étiez le Président de la République du Port" -

L’accusation décrit un homme "parti de rien", gestionnaire "brillant au départ", mais devenu "ivre de sa réussite" au point de "franchir la ligne jaune".

"Vous étiez le Président de la République du Port, vous aviez tout le monde dans la main", lance le parquet. L’opération immobilière évoquée autour d’une villa à Saint-Gilles, financée en partie grâce à des rémunérations jugées indues, est présentée comme un exemple de potentiels faits de blanchiment.

Malgré la gravité des faits, le parquet reconnaît une inertie judiciaire "exceptionnelle", avec plusieurs années sans aucun acte d’instruction. "Nous en avons tenu compte dans le quantum", explique-t-il lors des réquisitions qui secsont donc limitées à des amendes : 50.000 euros contre Jacques Virin, 20.000 euros contre Christine Virin ete 20.000 euros contre Philippe Bénard.

is/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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Et SPL estival ?
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4 heures

Toujours pas de nouvelles de SPL ESTIVAL et de Selly ?