Jugés pour un vaste trafic de cocaïne entre la métropole et La Réunion, cinq hommes comparaissaient ce vendredi 22 août 2025 devant le tribunal correctionnel de Saint-Denis. Au cœur du dossier : Stewart Chong Hue, considéré comme la tête du réseau et auteur de tirs sur un rival au Chaudron en février 2023. Il a été condamné à 8 ans de prison ferme, 100.000 euros d’amende et cinq ans d’interdiction de territoire. Ses co-prévenus écopent de peines conformes aux réquisitions du parquet (Photo RB/www.imazpress.com)
Le tribunal correctionnel de Saint-Denis a rendu sa décision ce vendredi 22 août 2025 dans l’affaire de trafic de stupéfiants et de violences armées qui impliquait cinq hommes. Originaire de Guyane, Stewart Chong Hue, considéré comme la tête de réseau d'un trafic structuré de cocaïne, a été condamné à 8 ans de prison ferme, 100.000 euros d’amende et une interdiction de territoire pendant cinq ans. Le trentenaire est également poursuivi pour violences avec arme sur Guillaume R. dans la nuit du 22 au 23 février 2023.
Dès les premières minutes, le président de la formation correctionnelle pose le décor : "Cette affaire aurait pu relever de la cour d’assises. Les tirs avaient d’abord été qualifiés de tentative de meurtre".
Quand il s’avance à la barre, Stewart Chong Hue attire l’attention. Les cheveux nattés, ramassés en deux petites couettes au sommet du crâne, un jean bien taillé et une chemise de marque : il soigne son image et paraît sûr de lui. D’une voix posée, il raconte être "tombé amoureux" de La Réunion en 2021, y voyant une île où refaire sa vie.
- Un train de vie grâce à des gains provenant de paris sportifs ? -
Le tribunal, lui, voit surtout un train de vie sans rapport avec ses revenus officiels. Hôtels et voitures de luxe, compagne couverte de cadeaux, billets d’avion achetés à la dernière minute : les enquêteurs n’y croient pas. Stewart se défend avec la même histoire depuis le début : il vivrait de paris sportifs, assurant des gains allant jusqu'à 30.000 euros par mois. Lors de son arrestation, il exhibe même un ticket gagnant.
Mais le dossier montre autre chose : déplacements nocturnes répétés, usage de messageries cryptées sous faux noms, transactions rapides. "Des histoires inventées, des mensonges", balaie Stewart Chong Hue face aux témoignages qui pourtant l’accablent.
À l’audience, les dépositions d’acheteurs de cocaïne et de mules interrogés dans le cadre de l'enquête sont lues en détail. Tous désignent Stewart Chong Hue comme organisateur du trafic. Son ex-compagne, jugée et condamnée en CRPC en juin dernier, a décrit un homme agressif, se présentant comme loueur de voitures. Lors de son passage devant le juge des libertés, il avait hurlé à son intention depuis le box des geôles : "Tais-toi ! Je t’aime !"
Le mis en cause, imperturbable, nie en bloc. Quand le président évoque le coffre contenant 70.000 euros en liquide, il répond simplement : "Je n’ai pas confiance dans les banques".
- Des profils et des personnalités différents -
La tension monte quand l’audience revient sur la nuit du 22 au 23 février 2023. Stewart Chong Hue et Guillaume R. se donnent rendez-vous dans une station-service du Chaudron. Chacun estime que l’autre "l’a carotté". Guillaume R. s’écroule, une balle dans la cuisse, réfugié entre deux voitures.
"Je me suis senti attaqué", affirme Stewart Chong Hue plaidant la légitime défense. "Il avait aussi une arme", ajoute-t-il. Aucune preuve ne vient confirmer cette version. Le président insiste : "Vous avez tiré. Lui est en vie par miracle".
Guillaume R., visage rond et attitude sincère, reconnaît avoir commencé comme simple consommateur avant de sombrer dans l’addiction. Progressivement, il devient acheteur, recruteur de mules et intermédiaire. Il accuse Stewart Chong Hue d’avoir fait incendier sa maison via sa compagne. Ce dernier évoque plutôt "un coup d'assurance". Une chose est sûre, entre ces deux-là, le torchon a brûlé sans que l'on comprenne vraiment pourquoi jusqu'au règlement de comptes de trop qui a fait tomber toute l'équipe. Des questions de dettes et d'un kilo de cocaïne arrivé par les airs dont chacun tente de s'approprier la paternité.
Depuis son placement sous contrôle judiciaire, Guillaume R. a entamé un suivi médical et tente de "se racheter une conduite", selon les experts. Stewart Chong Hue, lui, est décrit par le psychiatre comme "sociopathe", présentant une "dangerosité criminologique".
- Mule, nourrice, lieutenant et dealer -
Aux côtés de ces deux rivaux, trois autres hommes comparaissent : Soidikou M., originaire de Mayotte, au casier fourni depuis sa minorité. Il est décrit comme le bras droit de Stewart, "nourrice de drogue et d’argent. Le président lui demande pourquoi il s’est autant impliqué : ses réponses restent vagues, souvent évasives.
Vient ensuite Wilson F., tatouages apparents sur les bras, inconnu de la justice. Il reconnaît sans détour avoir transporté un kilo de cocaïne entre Paris et La Réunion. "Stewart m’a accompagné à Paris et m’a confié le paquet", admet-il.
Enfin, Patrick D., plus âgé et absent à l'audience, qui tente par la voix de son conseil de se positionner en simple consommateur. Mais les juges rappellent son rôle de mule et un léger passé judiciaire : pension impayée et conduite alcoolisée ayant causé des blessures.
- L'association de malfaiteurs visée par le parquet -
Le parquet souligne à quel point cette affaire illustre les principales constatations du récent rapport rendu par l'OFAST à savoir le déferlement de la cocaïne sur le territoire français et la violence qui est associée.
"On est au paroxysme de la rivalité entre deux trafiquants, Stewart Chong Hue et Guillaume R. mais avant les tirs il y a eu entente entre eux : l'un héberge l'autre, l'un présente les mules à l'autre, l'un et l'autre ont un local où ils se retrouvent : chacun donne à l'autre les conditions matérielles pour la mise en place et la tenue du trafic" détaille Antoine Tur.
Ce dernier propose au tribunal de prononcer les peines suivantes : pour Stewart Chong Hue, 9 ans ferme, 100.000 euros d’amende, interdiction de territoire et de port d’arme pendant 5 ans, Wilson F. 3 ans dont 2 avec sursis probatoire, Soidikou M. 36 mois dont 18 avec sursis probatoire, Guillaume R. 36 mois dont 21 avec sursis probatoire et Patrick D. 36 mois avec sursis probatoire.
Le tribunal a suivi ses réquisitions sauf pour Stewart Chong Hue qui écope de 8 ans de prison, 100.000 euros d'amende et une interdiction de territoire de 5 ans. Guillaume R. se voit infliger en plus de sa peine une amende de 10.000 euros dont 5.000 avec sursis.
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