Arabie Saoudite

A Ryad, des dessous en vitrine pour une Saint-Valentin qui ne dit pas son nom

  • PubliĂ© le 14 fĂ©vrier 2022 Ă  15:52
  • ActualisĂ© le 14 fĂ©vrier 2022 Ă  19:21
Des sous-vĂȘtements de couleur rouge en vente dans une boutique Ă  Ryad, le 9 fĂ©vrier 2022 en Arabie saoudite

En Arabie saoudite, oĂč la police religieuse sĂ©vissait naguĂšre contre les vendeurs de roses et autres symboles de la Saint-Valentin, les sous-vĂȘtements de couleur rouge s'affichent aujourd'hui dans les vitrines des boutiques, mais en toute discrĂ©tion, sans faire mention de la fĂȘte de l'amour.

"Les gens ne fĂȘtaient pas la Saint-Valentin, mais maintenant beaucoup le font", confie Ă  l'AFP Khouloud, une vendeuse saoudienne Ă  Ryad, qui n'a pas souhaitĂ© donner son nom complet.

"Les (sous-vĂȘtements) sont trĂšs demandĂ©s, et les clients veulent souvent du rouge", ajoute la femme de 36 ans, faisant Ă©tat de profits en hausse durant cette pĂ©riode. L'Arabie saoudite tente depuis quelques annĂ©es de se dĂ©faire de son image de royaume musulman austĂšre, autorisant les cinĂ©mas et les fĂȘtes tout en mettant Ă  l'Ă©cart la police des moeurs qui Ă©tait chargĂ©e, il y a encore peu, de faire respecter une stricte application de la loi islamique.

Mais dans la riche monarchie pĂ©troliĂšre, oĂč le conservatisme reste trĂšs prĂ©sent, la promotion de la Saint-Valentin, associĂ©e au culte chrĂ©tien romain du IIIe siĂšcle, est toujours prohibĂ©e.
"La direction nous a demandĂ© mettre en vitrine des sous-vĂȘtements rouges (...) mais sans faire aucune mention de la Saint-Valentin", raconte Ă  l'AFP une autre vendeuse dans la capitale saoudienne, prĂ©fĂ©rant rester anonyme.

- "On célÚbre sagement" -

Une autre commerçante, s'exprimant aussi sous couvert d'anonymat, se rĂ©jouit de pouvoir "dĂ©sormais aisĂ©ment mettre en Ă©vidence des sous-vĂȘtements rouges, mĂȘme en vitrine". "Nous avons des rĂ©ductions pendant cette pĂ©riode, mais nous ne les appelons pas des offres de la Saint-Valentin", confirme-t-elle Ă  l'AFP.

Plusieurs magasins, notamment des boutiques de cosmĂ©tiques, affichent en effet des rĂ©ductions allant jusqu'Ă  50%, mais aucun ne fait rĂ©fĂ©rence Ă  la fĂȘte de l'amour. Depuis la nomination de Mohammed ben Salmane comme prince hĂ©ritier en 2017, et son influence de plus en plus grande au sein du pouvoir, des rĂ©formes sociales ont Ă©tĂ© menĂ©es, notamment l'autorisation pour les femmes de conduire.

Mais l'image du royaume, premier exportateur de brut au monde et plus grande puissance Ă©conomique du monde arabe, reste ternie par une rĂ©pression fĂ©roce de la sociĂ©tĂ© civile, des opposants politiques aux militantes fĂ©ministes.MĂȘme discrĂšte, la folie rouge de la Saint-Valentin n'est pas du goĂ»t des plus conservateurs.

"Je ne veux pas voir ces choses-lĂ , elles me dĂ©rangent", confie Ă  l'AFP une Saoudienne vĂȘtue d'un voile intĂ©gral noir. "Mais il y a des gens qui aiment ça et c'est leur libertĂ©", reconnaĂźt toutefois cette femme qui a requis l'anonymat.

Pour Reem al-Qahtani, 22 ans, la fĂȘte de la Saint-Valentin se fait "progressivement" une place dans la sociĂ©tĂ© saoudienne. "Pour l'instant, on la cĂ©lĂšbre sagement dans les cafĂ©s et restaurants, mais on espĂšre que cela va prendre plus d'ampleur dans les annĂ©es Ă  venir", dit-elle Ă  l'AFP.

AFP

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