Justice

Affaire des "écoutes": Nicolas Sarkozy devant le tribunal pour corruption

  • PubliĂ© le 23 novembre 2020 Ă  10:00
  • ActualisĂ© le 23 novembre 2020 Ă  14:18
Nicolas Sarkozy, le 29 août 2019 à Paris

Un ex-chef de l'Etat jugé pour corruption: Nicolas Sarkozy comparaßt à partir de lundi à Paris dans l'affaire des "écoutes" aux cÎtés de son avocat Thierry Herzog et de l'ex-haut magistrat Gilbert Azibert, dans un procÚs sans précédent sous la Ve République.

Avant lui, un seul ancien prĂ©sident, Jacques Chirac, a Ă©tĂ© jugĂ© --et condamnĂ© en 2011-- pour les emplois fictifs de la Ville de Paris mais il n'a jamais comparu devant ses juges en raison de son Ă©tat de santĂ©. DĂ©nonçant un "scandale qui restera dans les annales", Nicolas Sarkozy, 65 ans, promet d'ĂȘtre "combatif" devant le tribunal correctionnel de Paris et clame ne pas ĂȘtre "un pourri".
Le procĂšs, qui doit s'ouvrir Ă  13H30 et durer jusqu'au 10 dĂ©cembre, reste toutefois soumis aux alĂ©as de l'Ă©pidĂ©mie de Covid-19 et pourrait ĂȘtre renvoyĂ© Ă  la demande de Gilbert Azibert, 73 ans, pour raisons mĂ©dicales.

L'affaire des "écoutes", également appelée affaire "Bismuth", trouve son origine dans un autre dossier judiciaire qui menace Nicolas Sarkozy: les soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007 qui lui valent une quadruple mise en examen. Dans ce dossier, les juges avaient décidé en septembre 2013 de placer l'ancien président sur écoute et découvert, début 2014, qu'il utilisait une ligne secrÚte, sous l'alias "Paul Bismuth", pour communiquer avec Thierry Herzog.

Selon l'accusation, certaines de leurs conversations ont révélé l'existence d'un pacte de corruption: Nicolas Sarkozy a, par l'intermédiaire de son avocat, envisagé d'apporter un "coup de pouce" à M. Azibert pour un poste à Monaco qu'il convoitait -- et qu'il n'a jamais obtenu.

En contrepartie, ce haut magistrat a fourni des informations couvertes par le secret sur une procédure engagée par l'ex-chef d'Etat devant la Cour de cassation en marge de l'affaire Bettencourt.
Nicolas Sarkozy, qui avait bénéficié d'un non-lieu dans ce dossier fin 2013, avait ainsi saisi la haute juridiction pour faire annuler la saisie de ses agendas présidentiels, susceptibles d'intéresser la justice dans d'autres procédures.

- "Je l'aiderai" -

Dans les conversations fleuries avec son avocat, socle de l'accusation, l'ex-prĂ©sident s'engageait Ă  intervenir en faveur de Gilbert Azibert. "Moi, je le fais monter", "je l'aiderai", dit-il ainsi Ă  Me Herzog. Quelques jours plus tard, il dĂ©clare qu'il a renoncĂ© Ă  toute "dĂ©marche" auprĂšs des autoritĂ©s monĂ©gasques. Pour les enquĂȘteurs, ce revirement soudain pourrait venir de la dĂ©couverte par les deux hommes que leurs tĂ©lĂ©phones officieux Ă©taient sur Ă©coute.

Dans un réquisitoire sévÚre en octobre 2017, le Parquet national financier (PNF) avait comparé les méthodes de Nicolas Sarkozy à celles d'"un délinquant chevronné". Retiré de la politique depuis sa défaite à la primaire de la droite fin 2016 mais encore trÚs influent à LR, il encourt dix ans de prison et un million d'euros d'amende pour corruption et trafic d'influence, comme ses co-prévenus - jugés en sus pour violation du secret professionnel.

Les trois prévenus, dont les avocats n'ont pas souhaité s'exprimer avant le procÚs, contestent tout "pacte de corruption". "M. Azibert n'a rien obtenu, je n'ai pas fait de démarche et j'ai été débouté par la Cour de cassation" concernant les agendas, appuyait l'ancien président dÚs 2014. "Je m'expliquerai devant le tribunal parce que moi j'ai toujours fait face à mes obligations", a-t-il affirmé vendredi sur BFMTV.

Nicolas Sarkozy n'a eu cesse de dĂ©noncer une instrumentalisation politique de la justice et a, sans succĂšs, multipliĂ© les recours au motif que la retranscription d'Ă©changes entre un avocat et son client serait illĂ©gale. La Cour de cassation lui a donnĂ© tort en mars 2016 mais cette question sera Ă  nouveau Ăąprement discutĂ©e dĂšs le dĂ©but du procĂšs. Une enquĂȘte contestĂ©e du PNF risque aussi d'enflammer les dĂ©bats: classĂ©e sans suite en 2019 prĂšs de six ans aprĂšs son ouverture, elle visait Ă  identifier une Ă©ventuelle "taupe" qui aurait informĂ© MM. Sarkozy et Herzog que leur ligne "Bismuth" Ă©tait "branchĂ©e".

Dans ce cadre, les magistrats ont fait éplucher les relevés téléphoniques ("fadettes") de ténors du barreau, dont plusieurs assureront la défense des prévenus au procÚs. Un autre procÚs attend Nicolas Sarkozy au printemps: celui de l'affaire Bygmalion sur ses frais de campagne pour l'élection présidentielle de 2012.

AFP

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Jacques
Jacques
5 ans

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