Agriculture : quelques actions pour dĂ©noncer des importations "aberrantes"

  • PubliĂ© le 25 septembre 2025 Ă  21:11
  • ActualisĂ© le 26 septembre 2025 Ă  05:08
La premiÚre alliance syndicale agricole FNSEA-Jeunes Agriculteurs appelle ses troupes à se mobiliser jeudi et vendredi, contre les importations "aberrantes" qui minent selon elle l'agriculture française

Blocage d'un Buffalo Grill, tracteurs et bennes devant la Maison de l'Europe... Quelques rassemblements symboliques se sont tenus jeudi à l'appel de la premiÚre alliance syndicale agricole FNSEA-Jeunes Agriculteurs, contre les importations "aberrantes" qui minent selon elle l'agriculture française.

D'autres actions sont annoncées pour vendredi, loin malgré tout des grandes journées de blocage des deux hivers derniers alors que vendanges et récoltes occupent encore le monde paysan.

Dans le viseur des agriculteurs, le projet d'accord de libre-échange entre l'Union européenne et des pays latino-américains du Mercosur dont Bruxelles a lancé début septembre le processus de ratification. La France, hier trÚs opposée, semble depuis se montrer moins défavorable.

Plus globalement, il s'agit de se mobiliser contre "le Mercosur, les taxes imposées par Donald Trump et le flot des importations internationales qui ne respectent pas les normes qui sont les nÎtres", a indiqué Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, qui dans un premier temps avait prévu des mobilisations plus tard dans l'automne.

"N’importons pas ce qu’on ne veut pas qu’on produise. C’est ça, l’hypocrisie de l’Europe. Sous couvert d’écologie, on importe ce qu’on ne produit pas ici, avec aucune norme environnementale et sociale", dĂ©plorait ainsi jeudi Dominique Noury, Ă©leveur de vaches charolaises et de volailles, lors d'une action Ă  Dijon.

L'accord avec le Mercosur doit permettre Ă  l'UE d'exporter davantage de voitures, machines, vins... Mais l'accord facilitera aussi l'entrĂ©e de bƓuf, volaille, sucre, miel, riz, exemptĂ©s de droits de douane.

Bruxelles insiste sur la faiblesse des volumes attendus, mais les filiÚres européennes concernées crient au risque de déstabilisation et de baisse des prix, et surtout à la concurrence déloyale du fait de normes de production moins-disantes sur le plan sanitaire et environnemental et de contrÎles défaillants.

- Ordre syndical dispersé -

Jeudi, une cinquantaine d'agriculteurs, selon des reprĂ©sentants syndicaux, ont bloquĂ© l'entrĂ©e d’un Buffalo Grill Ă  Pusey, prĂšs de Vesoul (Haute-SaĂŽne), pour la dĂ©fense de la viande française. Avec une charolaise devant la porte d'entrĂ©e, ils ont taguĂ© sur la devanture "Je suis français, je mange français".

A PlĂ©rin (CĂŽtes d’Armor), une cinquantaine de manifestants Ă©taient rĂ©unis au marchĂ© au porc, selon un photographe de l'AFP.

Dans le centre de Dijon, 150 agriculteurs sont venus, avec 41 tracteurs et bennes, dĂ©verser fumier, terre et paille devant la Maison de l'Europe. "On importe de la viande qu’on n’a pas le droit de produire chez nous, alors qu’on a l’agriculture la plus durable au monde", a expliquĂ© Ă  l'AFP Antoine Fauchet, prĂ©sident des JA d’Is-sur-Tille (CĂŽte d’Or).

La mobilisation se poursuivra vendredi sous diverses formes: mobilisations en supermarchés, défilés devant des préfectures, présentation de produits jugés "aberrants" (pommes du Chili, noix des Etats-Unis, etc), ou manifestation régionale avec tracteurs place d'Armes, devant le chùteau de Versailles.

Mais pour les agriculteurs interrogĂ©s par l'AFP en Occitanie, cette date du 26 septembre ne convient pas, en pĂ©riode de vendange et de rĂ©colte cĂ©rĂ©aliĂšre, "maĂŻs, tournesol, soja, sorgho", Ă©numĂšre JĂ©rĂŽme BarthĂšs, prĂ©sident de la FDSEA de l’Aude: "c’est trop tĂŽt dans la saison. Il peut y avoir un manque d’agriculteurs impliquĂ©s" dans la mobilisation.

Son syndicat prévoit une action vendredi aux abords de Carcassonne. Ce sera "surtout de la communication, des distributions de tracts", dit-il.

"Les gens sont épuisés, [cette mobilisation] c'est vraiment pour soutenir", confirme Enzo Rodriguez, président des JA des Pyrénées-Orientales.

En Haute-Garonne, la FDSEA souligne que la "base, elle suit. MĂȘme s’il n’y a pas de gouvernement, on veut que la copie soit dĂ©jĂ  sur le bureau du, ou de la, prochaine ministre”, explique Luc Mesbah, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral.

Le texte sur le Mercosur doit encore ĂȘtre approuvĂ© par les États membres puis par le Parlement europĂ©en, la Commission espĂ©rant leur aval d'ici fin dĂ©cembre.

Les syndicats agricoles expriment leur opposition au traité dans un rare mouvement d'unanimité. Mais ils se mobilisent en ordre dispersé.

La Coordination rurale (CR), dans une volontĂ© de se dĂ©marquer, veut ĂȘtre reçue par le Premier ministre SĂ©bastien Lecornu pour lui prĂ©senter ses propositions, avant une mobilisation "avant la fin de l'annĂ©e".

Le 3e syndicat, la ConfĂ©dĂ©ration paysanne, pour sa part a annoncĂ© une manifestation Ă  Paris, "tracteurs en tĂȘte", le 14 octobre.

AFP

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