Investigations

Marlène Schiappa au centre d'une enquête sur le fonds Marianne et en Une de Play Boy

  • Publié le 3 avril 2023 à 02:59
  • Actualisé le 3 avril 2023 à 08:08
La secrétaire d'Etat à l'égalité femmes-hommes Marlène Schiappa le 27 mars 2019 à l'Assemblée nationale à Paris

Marlène Schiappa en Une du magazine de charme Play Boy. Il n’en a pas fallu plus pour que la secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire s’attire les foudres des internautes, des oppositions et d'une partie du gouvernement à commencer par Elisabeth Borne. Cet épisode arrive alors que la ministre est déjà au cœur d’une enquête de deux médias nationaux sur l’attribution de l’argent du fonds Marianne. Cette avait été créé pour défendre les valeurs républicaines après l’assassinat de Samuel Paty. Une enquête administrative a été ouverte par le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (Photo : AFP).

Le magazine Marianne et "L'Oeil du 20 heures" de France 2 ont enquêté sur l'attribution qu'ils jugent opaque de l'argent du fonds Marianne, créé pour défendre les valeurs républicaines en ligne après l'assassinat de Samuel Paty. Certaines associations lauréates ne semblent en effet pas correspondre à la mission du fonds.

La création du fonds avait été annoncée en 2021, quelques mois après la mort de Samuel Paty par Marlène Schiappa, alors ministre déléguée chargée de la Citoyenneté. Nommé le Fonds Marianne, sa mission était de soutenir les associations luttant en ligne pour les valeurs républicaines - et, en creux, contre le cyber-djihadisme.

Seulement, les révélations du journal Marianne et de L'Oeil du 20 heures de France 2 sèment le trouble sur l'usage de ce fonds de plus de 2 millions d'euros par les pouvoirs publics.

- Où sont les deux millions ? -

Sur les 17 lauréats du fonds, les deux médias relèvent une association sportive, une société de production audiovisuelle, ou encore un éditeur de bandes dessinées. Loin donc de la lutte pour les valeurs républicaines en ligne.

L'enquête des deux médias s'est axée sur une société en particulier, la principale lauréate. L'Union des sociétés d'éducation physique et de préparation au service militaire aurait récolté 355.000, soit 15% des fonds alloués à l'initiative.

Selon l'enquête, l'argent public semble avoir servi à hauteur de 120.000 euros à rémunérer les deux administrateurs de l'association : Mohamed Sifaoui et Cyril Karunagaran.

Le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation a annoncé lancé des investigations sur l'attribution de ces fonds, reconnaissant de fait une légitimité à certaines interrogations.

Le secrétariat d'Etat chargé de la Citoyenneté a également saisi l'inspection générale de l'administration, et le ministère de l'Intérieur pourrait effectuer un signalement au Procureur, suite aux révélations de l'enquête de France 2 et Marianne.

Marlène Schiappa, de son côté, n'a pas réagi aux accusations des deux médias. Le cabinet de la ministre déléguée estime en effet que le fonds Marianne ne relève plus du domaine de compétence de celle qui est désormais chargée de l'Économie sociale et solidaire... et de la Vie associative.

- L’exécutif en colère -

Par ailleurs, l’actuelle secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire est apparue en Une du magazine de charme Play Boy. Elle y accorde une longue interview sur les droits des femmes, postant habillée d’une longue robe blanche, telle Marianne.

Un entretien et une couverture qui n’ont pas laissé l’exécutif sans réagir. Ce samedi 1er avril, la Première ministre s’est entretenue avec Marlène Schiappa. Elisabeth Borne aurait recadré la ministre, déclarant que son interview "n’était pas appropriée, a fortiori dans la période" de crise sociale que traverse la France avec la réforme des retraites.

Selon Le Parisien, plusieurs membres de la majorité se sont offusqués. "C'est navrant", "on a cru que c'était un poisson d'avril en avance", ont commenté certains poids lourds de l'exécutif auprès de BFMTV.

"Cette Une Playboy est ridicule pour le féminisme", a commenté sur Twitter l'eurodéputée LFI Manon Aubry, parlant d'un "média qui véhicule les clichés sexistes".

La secrétaire d’État chargée de l'Économie sociale et solidaire Marlène Schiappa a réagi. "Défendre le droit des femmes à disposer de leurs corps, c’est partout et tout le temps. En France, les femmes sont libres. N’en déplaise aux rétrogrades et aux hypocrites", écrit-elle sur Twitter.

Le même jour, la porte-parole du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale, Prisca Thévenot, a également défendu l'initiative de la secrétaire d'Etat.

"Il ne s'agit pas de poser nue mais d'aborder des sujets importants", a-t-elle estimé au micro de franceinfo, jugeant "important d'aborder ces sujets" dans un magazine qui n'est "pas connu pour promouvoir le sujet du droit des femmes et leur rapport au corps".

eDans un pays où le Président s’exprime dans Pif et sa ministre Schiappa dans Playboy, le problème ce serait l’opposition. La France déraille", a twitté le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.

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3 Commentaires
Ne pas laisser passer
Ne pas laisser passer
2 ans

Si elle s'est servie de l'assassinat barbare de Samuel Paty c'est tout simplement ODIEUX

HULK
HULK
2 ans

Elle vient donner des leçons de morale sur les plateaux télé et dans les journaux. Mais MACRON l'aime bien, elle va s'en sortir.

CHABAN
CHABAN
2 ans

De Simone Veil à Marlene
De Badinter à moretti
De De Villepin à le drian
De Zay à blanquer