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Justice

Au procès libyen, Sarkozy et les petits carnets du ministre du pétrole

  • Publié le 11 février 2025 à 08:50
  • Actualisé le 11 février 2025 à 11:07
L'ancien président Nicolas Sarkozy (c) arrive au palais de justice de Paris, le 10 février 2025, pour le procès sur le financement illégal de sa campagne par la Libye en 2007 ( AFP / STEPHANE DE SAKUTIN )

Nicolas Sarkozy l'assure depuis le début du procès: "personne" n'avait jamais parlé d'un "pseudo" financement de sa campagne par la Libye avant qu'il n'envoie des "avions français" soutenir les rebelles en 2011. Personne, sauf un ancien ministre du pétrole, qui l'a écrit dans des petits carnets découverts de façon rocambolesque.

Régulièrement et notamment quand les questions l'exaspèrent, l'ex-chef de l'Etat annonce un décompte - un peu aléatoire - du temps qu'il a déjà passé à la barre du tribunal correctionnel de Paris depuis le début du procès le 6 janvier.

"22 heures !", lance Nicolas Sarkozy ce lundi dans la salle d'audience particulièrement pleine de curieux venus tenter d'apercevoir le bracelet électronique qu'il porte désormais sous sa chaussette bleue marine.

Ni le poids à la cheville droite, ni le temps passé à la barre n'entravent pourtant son énergie à répéter sa "profonde indignation", face aux témoignages incriminants que la présidente lui lit ce jour à l'audience.

"Accablant de bêtise !", "que des +gossips+, que des ragots", enrage l'ex-président qui jure et rejure n'avoir pas touché "un centime" libyen. "Je dois rester bien sûr posé, calme, respectueux, mais quand même, y a un moment c'est fort quoi ! Les innocents ont le droit de s'indigner !"

La présidente Nathalie Gavarino, toujours impassible, continue, en arrive aux fameux carnets de Choukri Ghanem. Ex-Premier ministre libyen, ex-ministre du pétrole, il avait rompu avec Mouammar Kadhafi quelques mois avant la chute du régime en 2011 et s'était exilé à Vienne.

En avril 2012 et dans des circonstances troubles, son corps est retrouvé dans le Danube. L'enquête conclura à un infarctus suivi d'une noyade. "Il semble qu'il soit mort de manière naturelle fort heureusement", commente Nicolas Sarkozy à la barre.

Un an après sa mort et "de manière totalement incidente", dans le cadre d'une enquête n'ayant rien à voir avec celle qui occupe le tribunal, insiste le procureur financier, ses agendas sont découverts en perquisition chez son gendre, avant d'être réclamés quelques années plus tard par la justice française dans ce dossier.

- "Escroquerie" -

Dans ces agendas écrits en arabe où l'on parle de tout sauf de politique française, le nom de Nicolas Sarkozy apparaît pourtant une fois, à la date du 29 avril 2007 - en plein entre-deux-tours de la présidentielle qu'il remportera.

Choukri Ghanem y résume "un déjeuner" avec deux autres hauts dignitaires libyens, au cours duquel il a appris que trois virements d'"un million et demi", de "trois millions", puis de "deux millions" ont été envoyés "à Sarkozy".

Un total de 6,5 millions d'euros, et surtout la trace d'une mention de financement bien antérieure aux accusations "scandaleuses" lancées par le clan Kadhafi en mars 2011 - des représailles selon Nicolas Sarkozy après l'engagement militaire de la France dans la coalition occidentale.

"Je suis celui qui abat la dictature kadhafienne", justifie, enflammé, l'ex-président à la barre.

Le procureur financier ne peut lui s'"empêcher de relever la correspondance assez troublante" entre les montants indiqués dans les carnets, et les virements libyens effectivement retrouvés sur le compte "Rossfield" de l'intermédiaire libanais Ziad Takieddine - jugé mais en fuite.

"N'est-ce pas de nature à accréditer de manière extrêmement forte la réalité de ce pacte de corruption ?", demande Philippe Jaeglé.

"Donc pour vous Rossfield, c'est pour moi ?", rétorque agressif l'ex-chef de l'Etat.

"M. Sarkozy, est-ce que vous pouvez répondre sans poser de question", le prie la présidente.

"Les versements libyens sur Rossfield ne me concernent pas", martèle Nicolas Sarkozy plus calmement.

Dans les carnets, note-t-il, Choukri Ghanem écrit aussi au sujet des dignitaires libyens qui auraient envoyé des fonds: "On leur a dit que l'argent n'était pas arrivé, il semblerait que les mecs en chemin l'ont détourné".

Ziad Takieddine a été "capable de faire croire" aux Libyens qu'il "pouvait beaucoup de choses, qu'il était très implanté en France, elle est là l'escroquerie", assure Nicolas Sarkozy. "Ils se sont fait avoir".

AFP

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2 Commentaires
T j m
T j m
7 mois

Qu'on le fou en taule il aura le temp de réfléchir

Gérard LEVENEUR
Gérard LEVENEUR
7 mois

Aujourd'hui il nie tout en bloc, cela est tout à fait normal car il a fait supprimer Mouammar KHADAFI par un agent de la DGSE pour qu'il n'y a plus de preuve tant que ce personnage serait vivant, et aujourd'hui il est seul maître à bord face aux magistrats, mais j'espère que des preuves tomberont bientôt pour qu'il s'efface définitivement de la scène politique française, il n'a jamais eu HONTE de tout ce qu'il faisait, c'est pas aujourd'hui qu'il aurait HONTE, il est toujours payé par l'état français, il faudrait qu'il perd tous ces avantages et ne plus dépendre des fonds de l'état français car ce sont des fonds citoyens, il n'a plus droit à tout cela, à cause de sa stature de condamné, il devrait définitivement perdre tous ces avantages liés à son ancien poste de président de la république, on voit que des escrocs peuvent aussi être des personnages de notre pays.
Il faudrait pour cela un plus grand discernement, il a toujours été comme ça depuis qu'il était ministre, donc on avait le temps pour cela.
Mais il faut se dire qu'il a bien reçu ces fonds de la LIBYE et beaucoup plus que ce que les juges pensent, plus de 50 millions d'euros qu'il a obtenu de ce président libyen.