Bons auspices

Bayrou relaxé, Attal non censuré, la majorité s'offre de l'air en attendant le remaniement

  • Publié le 5 février 2024 à 16:44
  • Actualisé le 5 février 2024 à 21:02

Avec le rejet attendu d'une motion de censure contre Gabriel Attal, mais surtout la relaxe en justice du pilier du MoDem et de la majorité François Bayrou, la semaine commence sous de bons auspices pour la macronie, en attendant un remaniement qui sera scruté par les opposants comme les alliés, avides de rééquilibrage.

"C'est un cauchemar de sept années qui vient de s'achever", a déclaré le patron du MoDem, 72 ans, relaxé par le tribunal correctionnel de Paris dans l'affaire des assistants parlementaires européens.

C'est "un réel soulagement", a salué depuis l'Assemblée la porte-parole du groupe MoDem Aude Luquet, soulignant que les centristes, libérés de la menace d'une "épée de Damoclès", allaient "s'engager, soutenir, accompagner et faire en sorte que l'on puisse avoir aussi notre rôle à jouer dans cette majorité-là".

Car si le MoDem a tout de même écopé d'une sanction financière (350.000 euros dont 300.000 ferme), la relaxe de son chef de file lui redonne de l'allant, et du poids dans le gouvernement Attal, dont la deuxième partie doit être annoncée cette semaine.

Des responsables du MoDem ont publiquement appelé ces dernières semaines à un "rééquilibrage", après une première vague qui a fait la part belle aux personnalités issues de la droite, une demande que font aussi circuler des membres de l'aile gauche de Renaissance.

Les nominations, qui feront entrer au maximum 15 ministres délégués et secrétaires d'État complètant les 14 ministres en exercice pourraient être annoncées "lundi ou mardi", selon un conseiller de l'exécutif, qui qualifie de "rumeurs" l'hypothèse d'intégrer de nouvelles recrues à droite ou François Bayrou lui-même.

Quelques minutes après l'annonce de la relaxe, c'est Gabriel Attal qui échappait sans surprise à une motion de censure à l'Assemblée.

La motion déposée par Insoumis, socialistes, écologistes et communistes, n'a recueilli que 124 voix sur les 289 nécessaires, en l'absence de celles des LR, qui n'ont pas pris la parole lundi, et de l'extrême droite.

- "Censure préventive" -

Manuel Bompard, coordinateur de LFI, a défendu dans un hémicycle largement vidé de ses députés une motion pour "protéger le peuple des souffrances", de la hausse des prix de l'énergie, des franchises médicales ou encore de la "réduction des allocations chômages".

Gabriel Attal était flanqué d'une dizaine de membres du gouvernement, dont la fragilisée ministre de l’Éducation et des Sports Amélie Oudéa-Castéra, dans la tourmente depuis ses propos sur ses enfants scolarisés dans le privé, à Stanislas dans le VIe arrondissement de Paris, polémique à laquelle M. Bompard a volontiers fait référence.

Dénonçant une "motion de censure préventive", déposée avant même sa déclaration de politique générale, le Premier ministre, a également critiqué le "mythe collectiviste", de ses adversaires de gauche. "Votre monde, c'est un monde où il n’y a pas besoin d'Union européenne, où il faut tout taxer tout le temps et tout collectiviser", a-t-il martelé.

"Il ne vous aura pas fallu longtemps pour avoir un mauvais bilan", a tancé le chef du groupe socialiste Boris Vallaud, critiquant notamment la mise sur pause du plan Ecophyto en réponse à la colère des agriculteurs.

- "Frère jumeau de (Jordan) Bardella" -

Benjamin Lucas (groupe écologiste) a lui estimé que Gabriel Attal était "parfois", "le frère jumeau de (Jordan) Bardella", président du Rassemblement national, critiquant la bascule annoncée des chômeurs en fin de droit sur le RSA, ou l'adoption de la loi immigration.

"Certains au pouvoir il n'y a pas si longtemps auraient rêvé d'avoir notre bilan", a dénoncé au contraire Caroline Abadie (Renaissance), dans une allusion aux socialistes.

"Avec vous à Matignon, nos victoires idéologiques s'accélèrent", a lancé au Premier ministre le député RN Jean-Philippe Tanguy.

S'il a échappé à la censure, le gouvernement voit la droite hausser le ton après l'annonce de Gabriel Attal d'une réforme de l'aide médicale d'État (AME) pour les étrangers par la voie règlementaire, plutôt qu'en passant devant le Parlement.

Gabriel Attal survit ainsi à un premier exercice qui était devenu une routine pour Élisabeth Borne et ses 31 motions de censure au compteur, dont une passée à neuf voix près d'être adoptée, après l'adoption au 49.3 de la réforme des retraites.

AFP

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1 Commentaires
HULK
HULK
5 mois

Il s'en sort bien. Si jamais Marine LE PEN est condamnée, tout le monde criera à l'injustice et au musellement de la démocratie. Çà la fera encore monter dans les sondages.