Une partie de la France, notamment la région parisienne, suffoque samedi au sixième jour d'une vague de chaleur exceptionnelle, marquée vendredi par des températures avoisinant les 46°C dans le Midi, du jamais vu.
"La vague de chaleur remonte sur le bassin parisien et la région centre. A Paris, ce sera la journée la plus chaude, avec 38°C" attendus, indique Marion Pirat, prévisionniste à Météo-France. Ce serait un record pour un mois de juin dans la capitale.
L'institut météorologique a levé samedi l'alerte rouge instaurée dans quatre départements (Bouches-du-Rhône, Gard, Hérault et Vaucluse). Ils font désormais partie des 79 départements en orange. Un chiffre qui pourrait être revu à la baisse dans l'après-midi.
Le mercure s'était envolé vendredi, avec un record absolu enregistré à Gallargues-le-Montueux (Gard): 45,9°C vers 16H00. Il pulvérise le précédent record de 44,1°C enregistré dans le même département, en août 2003 lorsque la canicule avait fait 15.000 morts.
La chaleur intense a favorisé le départ de feux : une soixantaine d'incendies ont brûlé 620 hectares et 11 maisons dans le Gard. Certains incendies ne sont pas encore éteints.
A Nice, où les températures dépassent déjà les 30°C samedi matin, Niçois et touristes rivalisent d?ingéniosité pour déjouer les rayons du soleil.
Marion, 37 ans, a amené ses deux enfants au miroir d'eau "pour les rafraîchir un peu" tandis qu?Hélène, prévoit de "rentrer à la maison, fermer les fenêtres, mettre les ventilateurs et organiser des jeux d?eau dans l?appartement", avec ses jumeaux de quatre ans.
- Surchauffe -
Mireille, guide d'un groupe d?Anglais, privilégie les ruelles du Vieux-Nice pour le plus grand bonheur de Louis Dubois, un jeune chef glacier installé dans la vieille ville. La nuit aussi a été suffocante, avec des records enregistrés à Nîmes (27,1°C, contre 26,2°C le 30 juillet 1983) ou à Orange (26,6°C contre 25,8°C le 7 juillet 1982), a indiqué Metéo-France.
Conséquence de cette situation : la région Provence-Alpes-Côte d'Azur était encore extrêmement polluée samedi, avec, à l'exception des Hautes-Alpes, des concentrations d'ozone très élevées et des particules à des niveaux proches des seuils réglementaires.
Les Français devraient encore fortement transpirer, avant l'arrivée dimanche d'un air "un peu moins chaud". "Ca va s'amorcer petit à petit, par l'ouest", souligne Marion Pirat. On devrait encore enregistrer 39°C à Strasbourg dimanche et 35°C lundi à Marseille.
Pour ce week-end, qui coïncide avec de premiers départs en vacances, la ministre des Transports Elisabeth Borne a incité ceux qui le peuvent à "décaler leurs déplacements" en voiture comme en train.
A Lyon, Grenoble, Chambéry, comme à Marseille et à Paris la circulation différenciée, qui interdit le trafic aux véhicules les plus polluants, a été instaurée pour tenter de lutter contre le pic d'ozone.
- Quart en plein soleil -
Les fortes chaleurs ont aussi des incidences sur la vie sportive. L'épreuve d?endurance des 24 Heures Rollers au Mans a été interdite. Avec "des pics de chaleur à 40°C, soit plus de 50°C sur le bitume (...) le danger demeure trop important et difficilement gérable pour des services de secours déjà extrêmement sollicités", écrivent les organisateurs.
A Valenciennes, c'est le maintien, à 15H00, du quart de finale de la Coupe du monde féminine de football Italie - Pays-Bas, qui fait polémique. "Ça risque de pénaliser le spectacle. Il aurait pu y avoir un peu plus de rythme et d'intensité en jouant le match à un autre horaire", a déploré la sélectionneuse italienne Milena Bertolini. Sans succès.
Les autorités ont multiplié les messages de prudence, la ministre de la Santé Agnès Buzyn appelant à éviter "tout effort inutile". "Nous ne gérons pas une crise exceptionnelle, nous gérons un phénomène qui va se reproduire", a déclaré le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner. Les scientifiques anticipent des vagues de chaleur deux à trois fois plus nombreuses d'ici au milieu du siècle.
Greenpeace a saisi l'occasion pour dénoncer l'absence d'engagement à ses yeux du gouvernement sur les causes du réchauffement : l'organisation bloque depuis vendredi un cargo de soja à Sète (Hérault) et a peint sur la coque le message "45 degrés, zéro engagement".
AFP



