Karl Lagerfeld a transformé le podium du défilé Chanel en base de lancement d'une impressionnante fusée pour présenter une collection à l'inspiration galactique, mardi au dernier jour de la Fashion week parisienne.
Ces huit jours de défilés de prêt-à-porter automne-hiver se sont terminés dans la soirée avec le show Louis Vuitton au musée du Louvre, où Nicolas Ghesquière s'est livré à des variations autour de la robe nuisette.
Sous la verrière du Grand Palais, le directeur artistique de Chanel, spécialiste des mises en scène spectaculaires, avait installé un engin spatial immaculé en PVC de 37 mètres de haut. Frappée du double "C" de la marque, la fusée a même commencé à décoller à la fin du défilé dans un panache de fumée blanche.
Le couturier allemand a expliqué s'être inspiré du populaire astronaute français Thomas Pesquet, qui séjourne depuis novembre dans la Station spatiale internationale (ISS) et partage son quotidien sur les réseaux sociaux. "Je le trouve très sympathique", a commenté Karl Lagerfeld, interrogé par l'AFP après le défilé. "Voyager aussi longtemps dans un machin comme ça, moi je serais claustrophobe, mais lui a l'air de s'en sortir très bien, il fait des blagues, j'admire!"
Le couturier, inspiré comme beaucoup d'autres créateurs par le cosmos cette saison, a voulu transporter sa collection vers "un ailleurs qui a l'air, par le mystère qui l'entoure, plus optimiste que ce qu'il y a ici". Les filles ont une coiffure bouffante évoquant Barbarella, reine de la galaxie des années 1960. Elles portent des bottes argentées scintillantes à petits talons avec des collants qui brillent comme la Voie lactée. En tailleur, elles s'enveloppent dans une couverture rose chatoyante molletonnée, comme une cape de survie dans l'espace.
Des imprimés de cosmonautes et de la Lune ponctuent la collection, sur des robes noires légères, un tailleur, un t-shirt, un sweat à capuche ou un foulard, tandis que le pied de poule se taille aussi un beau succès. Sous leurs robes, elles portent des bermudas en crêpe de chine bordés de tweed. Un look idéal "pour la bicyclette", commente le couturier.
- Mannequin de 15 ans -
Le défilé s'est ouvert avec Cara Taylor, un jeune mannequin américain qui est aussi apparu dans les shows Dior, Versace, Fendi et Valentino, et figuré dans une campagne Saint Laurent. "Elle a un truc", a estimé Karl Lagerfeld. "Elle a 15 ans, c'est jeune", a-t-il ajouté. Est-ce un âge trop précoce? "Non, c'est ridicule! Kate Moss et Naomi (Campbell) etc., ont débuté à 12, 13, 14 ans."
Ces jeunes filles "viennent avec leur mère. Dans mes studios, il n'y a pas de drogue, personne ne leur saute dessus", a-t-il lancé. Le jeune âge des mannequins fait régulièrement débat, comme en 2015, quand une jeune Israélienne de 14 ans, Sofia Mechetner, avait ouvert un défilé Dior de haute couture.
Un mannequin était encore plus jeune sur le podium Chanel: le filleul du couturier, Hudson Kroenig, qui défilait à 8 ans. "Il défile depuis qu'il a deux ans! C'est une star", a commenté Karl Lagerfeld. Dans la soirée, la cour Marly et ses monumentales sculptures de marbre au coeur du musée du Louvre, ont servi de décor au défilé Louis Vuitton.
Le directeur artistique Nicolas Ghesquière a voulu "s'affranchir de toutes les frontières et emporter le vestiaire dans un esprit nomade" dans une collection misant sur les contrastes et les patchworks de matières.
Le créateur abolit la distinction entre vestiaire de jour et vestiaire de nuit, avec des robes nuisettes soyeuses et brillantes, portées avec une petite veste en tweed et des bottes ou une longue veste noire en cuir. Certaines jouent sur les contrastes de matières, d'autres sur les associations d'imprimés fleuris.
Les mosaïques de fourrure donnent une touche folklorique aux manteaux et vestes. Le pantalon se porte au-dessus de la cheville, la taille est soulignée par une ceinture, pour une allure conquérante.
AFP