Le maire de Saint-Étienne Gaël Perdriau a été condamné lundi à cinq ans de prison, dont quatre ferme, et à une peine d’inéligibilité de cinq ans avec application immédiate dans l’affaire dite du chantage à la sextape. L’édile de 53 ans, ex-LR, a été reconnu coupable de chantage, association de malfaiteurs et détournement de fonds publics par le tribunal correctionnel de Lyon.
"Le tribunal a bien entendu tout ce que vous avez opposé" aux accusations mais "n’a rien trouvé en terme d’excuse" pour minimiser "l’extrême gravité des faits", a déclaré la présidente du tribunal Brigitte Vernay. Soulignant "le devoir d’exemplarité", "de dignité" et "de représentation", elle a déclaré le maire "entièrement coupable".
Le maire a été condamné avec mandat de dépôt à effet différé, assorti de l’exécution provisoire, autrement dit il sera bientôt incarcéré.
À l’annonce du jugement, Gaël Perdriau est resté impassible, et quelques applaudissements ont retenti dans la salle. Pendant l’enquête et lors de son procès, il avait martelé n’avoir joué aucun rôle dans le complot ourdi contre son ancien premier adjoint et rival Gilles Artigues.
Ce centriste catholique, opposé au mariage homosexuel, avait été filmé à son insu dans une chambre d’hôtel avec un prostitué en janvier 2015, puis invité à mettre ses différences en sourdine sous peine de voir cette sextape diffusée.
Trois anciens membres de l’entourage du maire ont reconnu lors de l’enquête avoir fomenté ce piège. Pour eux, le tribunal a retenu des peines légèrement inférieures.
Pierre Gauttieri, qui fut pendant dix ans directeur de cabinet du maire et n’était pas présent à l’audience de délibéré, a été condamné à quatre ans ferme, dont deux avec sursis.
Lors de l’instruction, et à la barre, il a assuré que Gaël Perdriau lui avait demandé, dès son élection en 2014, "une solution pour tenir en respect Gilles Artigues", dont il doutait de la loyauté.
Pour l’ancien adjoint à l’éducation Samy Kéfi-Jérôme, qui avait servi d’appât et avait posé la caméra cachée, le tribunal a retenu une peine de quatre ans de prison dont un avec sursis.
Quant à l’ancien compagnon de ce dernier, Gilles Rossary-Lenglet, qui a reconnu avoir eu l’idée de piéger Gilles Artigues sur le plan des moeurs, avoir réservé l’escort-boy et monté les rushes de la vidéo intime, il a écopé de quatre ans dont un an ferme.
Ce personnage atypique, qui de son propre aveu "grenouillait" dans le milieu politique stéphanois, est l’homme par lequel le scandale est arrivé : c’est lui qui, séparé, au chômage, et malade, est allé voir Mediapart avec la "sextape" en 2022.
Lors du procès, fin septembre, deux couples à la tête d’associations stéphanoises avaient comparu à leurs côtés pour "abus de confiance", soupçonnés d’avoir joué un rôle dans le financement de ce kompromat.
Sans être au courant de l’existence de la vidéo, ils étaient accusés d’avoir perçu des subventions municipales, attribuées sur la réserve du maire, et de les avoir reversées à Gilles Rossary-Lenglet. Le tribunal les a relaxés, estimant ne pas avoir discerné d’"intentions frauduleuses" de leur part.
AFP
