En Inde, submergée par les victimes d'une vague épidémique d'une gravité sans précédent et où l'aide internationale a commencé à arriver mardi, les crématoriums manquent de bois et par endroits, comme à New Delhi, brûlent les corps sur des parkings. L'Inde, quatrième pays le plus endeuillé (derrière les Etats-Unis, le Brésil et le Mexique), frôle désormais les 200.000 morts. Elle a encore connu mardi un nouveau total impressionnant d'infections (350.000) pour une journée.
"Nous commençons au lever du soleil et les crémations se poursuivent au-delà de minuit", déclare à l'AFP Sanjay, un prêtre administrant les derniers sacrements dans un crématorium de New Delhi, le regard perdu dans les flammes des bûchers et de tas de cendres fumantes qui, il y a peu, étaient des êtres humains avant que le Covid-19 ne les terrasse.
Les crématoriums ne connaissent pas de trêve, leurs cheminées se fissurent et les armatures métalliques des fours fondent sous l'intensité de la chaleur. Le bois commence à manquer aussi dans certains établissements, des familles sont priées d'apporter leur propre combustible.
- A bout de souffle -
Les pénuries d'oxygène dans les hôpitaux saturés poussent des malades à bout de souffle à chercher secours auprès de Khalsa Help International, l'ONG créée par un gurdwara --un temple sikh--à Ghaziabad.
Une tente a été installée sur le parking du gurdwara où les malades affluent, en tuk-tuk et même en ambulance. "Nous avions besoin de soins mais nous n'avons pas trouvé de place dans les hôpitaux de Delhi", explique à l'AFP Himanshu Verma alors que sa mère, Poonam, âgée de 58 ans, est reliée à un concentrateur d'oxygène. "Nous resterons ici toute la nuit s'il le faut. Nous n'avons pas d'autres options", ajoute le jeune homme de 32 ans.
Autour de lui, d'autres malades, allongés sur des bancs ou à l'arrière de rickshaws, s'efforcent de trouver de l'air, sous la chaleur accablante, grimpant à 38°C. Leurs proches rongés d'angoisse les éventent avec des bouts de carton. "Nous accueillons de plus en plus de malades chaque jour", déclare Ishant Bindra, 28 ans, bénévole de Khalsa Help International.
Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) une personne environ sur cinq atteintes de Covid-19 souffre de détresse respiratoire et a besoin d'une oxygénothérapie.
- "Progrès extraordinaires" -
De nombreux crématoriums et cimetières affirment que le bilan officiel des décès dus au virus est loin de correspondre à la réalité, compte tenu de l'afflux de corps qu'ils voient défiler. Epicentre de la pandémie de coronavirus depuis plusieurs jours avec un variant "indien" encore mal identifié, le pays le plus peuplé de la planète après la Chine enregistre quotidiennement de nouveaux records.
Lundi, il a fait état d'un record mondial de 352.991 nouvelles contaminations et un record national de 2.812 décès, entraînant la première aide internationale d'ampleur depuis le début de la crise sanitaire.
La première cargaison d'aide médicale britannique, contenant notamment 100 ventilateurs et 95 concentrateurs d'oxygène, a atterri mardi à Delhi. D'autres suivront dans la semaine. D'ici la fin de semaine, la France aura envoyé huit unités de production d'oxygène et des conteneurs d'oxygène permettant d'alimenter jusqu'à 10.000 patients sur une journée, ainsi que du matériel médical spécialisé comme des respirateurs.
Le Canada a annoncé de son côté qu'il débloquait une aide de 10 millions de dollars canadiens (6,7 millions d'euros) qui sera versée directement à la Croix-Rouge indienne. Les Etats-Unis se sont eux engagés à envoyer des composants pour la production de vaccins, des équipements de protection, des tests à diagnostic rapide, ou encore des respirateurs.
- La mort aux portes des hôpitaux -
Priyanka Mandal, 30 ans, raconte n'avoir pu faire admettre sa mère Pushpa, âgée de 55 ans et atteinte en outre de diabète, dans un hôpital après que son état se soit détérioré.
Elle a fini par trouver quelqu'un prêt à lui vendre une bouteille et six kilogrammes d'oxygène pour 30.000 roupies (332 euros), un prix bien supérieur à celui du marché. "Elle a une fièvre constante et à présent elle ne peut plus respirer", tandis que ses réserves d'oxygène s'amenuisent explique à l'AFP la jeune femme.
Le gurdwara peine aussi à se réapprovisionner en oxygène, en raison de la grave pénurie qui accable Delhi même si l'aide internationale commence à arriver. Les bénévoles se rendent dans d'autres villes pour tenter d'en trouver, parfois à plusieurs heures de route.
Le site disposait de plusieurs bouteilles pleines lundi mais mardi, à la tombée de la nuit, essayait de les remplir à nouveau et fournissait, en attendant, de l'oxygène aux malades grâce un concentrateur qui l'extrait de l'air ambiant, dit à l'AFP Supreet Singh, un bénévole.
En attendant l'arrivée de bouteilles pleines du précieux gaz, des bénévoles en combinaison de protection désinfectent manomètres et tuyaux. "Peu importe le temps que cela prendra, je dois attendre ici", souffle Priyanka Mandal. "Je n'ai plus que ma mère (...) Alors je dois l'aider à survivre."
- Suspension des liaisons aériennes -
Dans le monde entier, le variant "indien" suscite encore des interrogations. Selon l'OMS, on ne sait pas encore si "les rapports faisant état d'une mortalité élevée sont dus à la gravité accrue du variant, à la mise à rude épreuve des capacités du système de santé en raison de l'augmentation rapide du nombre de cas, ou aux deux".
Ce variant a été détecté en Belgique, Suisse, Grèce et Italie, au moment où plusieurs pays en Europe commencent à desserrer prudemment l'étau des restrictions à sa population.
Lire aussi : Covid: le variant indien présent dans 17 pays, l'Inde toujours en souffrance
www.ipreunion.com avec l'AFP




Certains ont le culot, bien au confort, de critiquer la France face à cette épidémie. Je me demande bien dans quel pays ces sceptiques, anti-masques et anti-vaccins préféreraient vivre!
Terrible de devoir faire des statistiques avec des gens morts... Toutes morts les tristes. Ramener à la situation de la France, 67 millions demoun... 104000 mort. Inde 1 milliards 400 millions demoun 201000 morts... Sans doute sous estimés mais en ratio La France i paye un plus lourd tribut. Pas mal foutu avec tout ça...
Bravo Romuald vous avez tout dit.......aujourd'hui l'Inde paye très cher son arrogance....pitié pour le peuple...
quelle tristesse ! Même si l'Inde n'est pas un pays capitaliste, sa structure économique (qui ne date pas d.hier) conduit à l'accumulation des richesses entre les mains de 10 % des plus riches qui détiennent 75 % des richesses. Je ne pense pas que ce soit lié au nationalisme car au niveau planétaire 2200 milliardaires possèdent plus que les 4.7 milliards les plus pauvres. Ce n'est donc pas malheureusement une spécificité de l'Inde
Vraiment triste tous ça..'''
Ceux qui, en France, seraient tentés de voter pour l'extrême droite peuvent vérifier ce que peut donner leur gouvernance quand ils sont aux manettes, du temps de Trump aux USA, Bolsonaro au Brésil ou Modi en Inde !Le cocktail idées réactionnaires (nationalisme, racisme, extrêmisme religieux, etc.) avec le pouvoir sans limites des détenteurs de capitaux ne peut que projeter encore plus la société dans la barbarie et des souffrances sans nom pour les classes populaires.