ArrĂȘt des compĂ©titions

Coronavirus: faute de visibilité, les sponsors du foot en plein dilemme

  • PubliĂ© le 11 avril 2020 Ă  09:59
  • ActualisĂ© le 11 avril 2020 Ă  10:40
Le logo Accor Live Limitless et du Paris Saint-Germain le 22 février 2019 au Parc des Princes lors de la présentation du contrat publicitaire entre le club et la chaßne hÎteliÚre

Rester solidaire en temps de crise ou survivre en nĂ©gociant Ă  la baisse? A cause de l'arrĂȘt des compĂ©titions dĂ» au coronavirus, les sponsors du football ont perdu toute visibilitĂ©, au point d'envisager la suspension de leurs partenariats avec plusieurs clubs europĂ©ens... en attendant la reprise.

"On essaie de faire des activations avec nos joueurs pour nos sponsors, encore plus demandeurs depuis le confinement. Mais c'est trÚs compliqué de les avoir sous la main à cause de la crise sanitaire..." A l'image de ce responsable marketing, les clubs européens peinent à rentabiliser les investissements, parfois à prix d'or, de leur partenaires.

ConfinĂ©s aux quatre coins de la planĂšte, les footballeurs-stars, actifs les plus attractifs pour les entreprises en quĂȘte d'audience, sont en incapacitĂ© de mouiller le maillot pour les sponsors de leur club ou Ă©quipe nationale. Pis, sans matches diffusĂ©s Ă  la TV, les marques adossĂ©es aux maillots des Ă©quipes ou aux Ă©crans publicitaires des stades n'ont plus de tribunes pour faire briller leurs logos respectifs auprĂšs de millions de tĂ©lĂ©spectateurs.

Au point de remettre en cause leurs contrats dans un contexte de crise économique majeure? A West Ham, la question est déjà réglée: l'un des sponsors du club anglais, la société de services financiers Basset & Gold, vient de faire faillite... Pour les compagnies encore debout du secteur aérien ou de l'hÎtellerie-restauration, annonceurs majeurs frappés de plein fouet par la crise, l'heure est à l'interrogation.

- Suspension provisoire -

"Il est bien évident que n'ayant plus de prestation, tout le monde est obligé de suspendre, ça me parait tellement logique. C'est un cas de force majeure", explique à l'AFP Marc Vanhove, le patron de la chaßne de restauration Bistro Régent.

Sponsor maillot de Bordeaux, l'entreprise française a dû suspendre provisoirement son contrat, qui court jusqu'en 2023, avant le versement de la mensualité d'avril, "jusqu'à ce que l'on ait les dates de reprise".

MĂȘme le groupe hĂŽtelier Accor, sponsor principal du PSG, a laissĂ© planer le doute concernant le versement de l'intĂ©gralitĂ© de la somme prĂ©vue dans son contrat (environ 50 M EUR annuels) en raison de la conjoncture difficile... avant d'affirmer avoir honorĂ© ses engagements deux jours plus tard!

InquiĂ©tant? "Certains de ces grands groupes peuvent dire du jour au lendemain +on arrĂȘte tout+ car on est dans une situation d'urgence oĂč on l'on doit Ă©liminer toutes les dĂ©penses superflues. explique Ă  l'AFP Jean-Pascal Gayant, Ă©conomiste du sport. "Et en cas de crise, le premier budget qu'on diminue, c'est souvent la com'", ajoute-t-il.

AprÚs le manque à gagner des droits TV, un tel phénomÚne serait un deuxiÚme coup dur pour les finances des clubs, déjà exsangues. Car si le principal poste de recettes des principaux clubs européens vient des diffuseurs (44%), les revenus commerciaux, tirés principalement par les sponsors, représentent toutefois 40% de leur chiffre d'affaires, selon une étude du cabinet Deloitte.

- Soutien "plus que jamais" nécessaire -

"Quand on est sponsor, on veut de la visibilitĂ©, a dĂ©clarĂ© SĂ©bastien Bazin, PDG d'Accor, dimanche sur Europe 1. Mais en mĂȘme temps, c'est dans les mauvais moments que l'on reconnaĂźt ses amis et ceux qui sont lĂ  pour vous."

Malgré les risques financiers, les risques d'image en cas de désertion peuvent pousser les annonceurs à maintenir leurs efforts, en particulier pour les entreprises "qui tirent leur épingle du jeu" dans des secteurs peu touchés comme la technologie ou l'agro-alimentaire, estime un expert du marché sous couvert d'anonymat.

"On peut aller les chercher en leur disant: +Vous pouvez jouer les chevaliers blancs en investissant dans le sport, dans cette pĂ©riode difficile+", poursuit cette source. Ne pas investir, "cela peut mĂȘme ĂȘtre mal vu".

"C'est au contraire maintenant, dans cette situation dramatique, que le soutien des sponsors est nécessaire, plus que jamais. On ne se retirera pas dans des moments comme ça", a renchéri un porte-parole du groupe Iberdrola, principal sponsor de la premiÚre division féminine espagnole, auprÚs de l'AFP.

Si certains ne veulent pas quitter le bateau "en pleine tempĂȘte", en sera-t-il autant Ă  long terme dans un marchĂ© qui s'annonce sinistrĂ©? "Il y a bien sĂ»r un risque que des entreprises qui voulaient investir ne le fassent plus, le fassent plus tard", pronostique Bruno Bianzina, directeur de l'agence Sport Market, alors que les acteurs du secteur estiment une baisse des investissements de 60 Ă  70%. L'annonce de plusieurs annĂ©es de vaches maigres...

AFP

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