Un Réunionnais parmi les victimes

Crash du vol Rio-Paris en 2009: Airbus et Air France relaxés par la justice

  • PubliĂ© le 17 avril 2023 Ă  15:55
  • ActualisĂ© le 17 avril 2023 Ă  15:56
Des plongeurs repêchent des débris issus d'un avion A330 d'Air France après son crash dans l'océan Atlantique le 1er juin 2009

Près de quatorze ans après le crash du vol Rio-Paris qui a causé la mort de 228 personnes en 2009, le tribunal de Paris a relaxé Airbus et Air France, poursuivis pour homicides involontaires. Parmi les victimes, le Réunionnais François Henry et sa compagne Céline Guittard. Le jeune homme était steward à Air Austral.

Le tribunal a estimé que l'avionneur européen et la compagnie française n'ont pas commis de fautes en lien certain avec l'accident. Les deux entreprises encouraient 225.000 euros d'amende.

Le 1er juin 2009, le vol AF447 reliant Rio de Janeiro à Paris s'est abîmé en pleine nuit dans l'Atlantique, quelques heures après son décollage, entraînant la mort de ses 216 passagers et 12 membres d'équipage.

A bord de l'A330 immatriculé F-GZCP se trouvaient des personnes de 33 nationalités, dont 72 Français et 58 Brésiliens. Cet accident est le plus meurtrier de l'histoire des compagnies aériennes françaises.

A l'issue d'une procédure-marathon marquée par des appréciations contradictoires de magistrats, ce jugement était très attendu des deux côtés de la barre. A la fin du procès, qui s'est déroulé du 10 octobre au 8 décembre, le parquet a requis la relaxe des deux entreprises, estimant que leur culpabilité était "impossible à démontrer".

Un réquisitoire "que les parties civiles n'ont pas accepté, exclusivement à charge contre les pilotes et en faveur de deux multinationales", a fustigé Danièle Lamy, présidente de l'association Entraide et Solidarité AF447 qui représente les proches des victimes.

"Ce que nous espérons, ce que nous attendons, c'est que le tribunal prononce enfin une décision impartiale et condamne Airbus et Air France, les coupables des négligences et manquements. C'est ce pourquoi nous nous sommes battus depuis pratiquement quatorze ans", a-t-elle déclaré.

Tout au long du procès, les représentants d'Airbus et d'Air France ont soutenu que les sociétés n'avaient pas commis de faute pénale. Leurs avocats ont plaidé la relaxe, une "décision humainement difficile, mais techniquement et juridiquement justifiée", selon le conseil d'Airbus.

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- "Désir de justice" -

Les premiers débris de l'AF447 et des corps, ont été retrouvés dans les jours suivants le crash. Mais l'épave n'a été localisée que deux ans plus tard, après de longues recherches, à 3.900 mètres de profondeur.

Les boîtes noires ont confirmé le point de départ de l'accident: le givrage des sondes de vitesse Pitot alors que l'avion volait à haute altitude dans la zone météo difficile du "Pot au noir", près de l'équateur.

Déstabilisé par les conséquences de cette panne, l'un des copilotes a adopté une trajectoire ascendante et, dans l'incompréhension, les trois pilotes n'ont pas réussi à reprendre le contrôle de l'avion qui a décroché et heurté l'océan 4 minutes et 23 secondes plus tard.

Les investigations ont montré que des incidents de sondes similaires s'étaient multipliés dans les mois précédant l'accident. Air France a-t-elle suffisamment formé et informé ses équipages? Airbus a-t-il sous-estimé la gravité du problème et trop peu alerté les compagnies?

Ces questions ont été minutieusement débattues pendant les deux mois du procès: le tribunal a entendu experts, gendarmes, pilotes, autorités de contrôle aérien, l'ancien patron d'Air Caraïbes et les proches des victimes.

Les juges ont tenté de comprendre les réactions de l'équipage dans le cockpit mais aussi la dangerosité, à l'époque, des différentes sondes Pitot.

Après la catastrophe, le modèle installé sur l'Airbus du vol AF447 a été remplacé dans le monde entier. Le drame a entraîné d'autres modifications techniques et une formation renforcée au décrochage ainsi qu'au stress des équipages.

Les proches des victimes sont dans une "attente confiante" et ont un "désir de justice", a estimé Me Sébastien Busy, l'un de leurs avocats. Ils "espèrent que le tribunal aura entendu nos arguments, qu'on aura une explication sur les causes et une détermination des responsabilités".

Après une décennie de bataille d'experts, le parquet avait requis le renvoi devant le tribunal de la seule compagnie Air France, mais les juges d'instruction avaient prononcé un non-lieu en 2019.

Ce non-lieu avait été frappé d'appel et le parquet général avait alors réclamé le renvoi des deux entreprises: en 2021, la chambre de l'instruction l'avait suivi, ordonnant le procès.

Lire aussi - François Henry repose en terre réunionnaise

AFP

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2 Commentaires
HULK
HULK
2 ans

C'est évident. Il était impensable que "LA " compagnie aérienne française et "l"avionneur" national français soient condamnés. Soyons un peu lucide. Ce monde est fait pour des catégories particulières,pas pour tout le monde et notamment les individus. Ces derniers sont bons à acheter un billet, c'est tout. C'est comme çà, il faut le savoir, l'admettre et vivre avec. Ou mourir en l'occurrence.

Philo974
Philo974
2 ans

Comme d'habitude, l'enquête "diligentée" conclura à un non-lieu et fera revêtir l'entière responsabilité du crash sur le dos des pauvres pilotes qui ne seront plus là pour raconter..Air France et Airbus se laveront les mains sans oublier de souiller la mémoire de ces malheureuses victimes innocentes, qui ne demandaient qu'à vivre....